Dossier réalisé par A.A.-MAHÉ

Grâce à la vision exceptionnelle du Président de la République, Son Excellence Monsieur Ismaïl Omar Guelleh, qui a mis en place une politique de développement destinée à augmenter  les capacités de service du pays, de gros investissements ont été réalisés dans les domaines portuaires, maritimes, ferroviaires et routiers. Mais également de l’énergie, de l’eau et du transport. Provoquant une croissance économique sans précédent. Un tel élan généra tout naturellement beaucoup d’emplois, favorisa un fort  développement des activités humaines et accéléra considérablement l’évolution démographique, gonflée par l’afflux d’une masse importante de population venue des pays voisins. Un tel contexte obligea chaque service public de l’Etat à revoir sa planification et à réajuster ses activités de service pour faire face à la nouvelle donne et courir derrière l’imprévisible. Loin d’être épargné, l’Onead fait parti des établissements les plus pénalisés par le phénomène. Et, après le défi de l’eau, qui est sur le point d’être gagné, un autre gros pari attend encore l’Office. Il s’agit de l’assainissement. Au-delà des importantes réalisations mises en place pour remplir au mieux cette mission, et que nous allons vous présenter dans  ce dossier, nous évoquerons également les innombrables difficultés d’ordre atmosphériques et culturelles qui entravent gravement au bon fonctionnement des infrastructures en service.  Il s’agit d’un ensemble de situations ou d’attitudes qui forment un solide frein à toute résolution positive du problème de l’assainissement dans la capitale. Jugez-en !

Pour mieux comprendre le secteur de l’assainissement en général, il faut savoir que cette activité est une des étapes de l’eau que les professionnels appellent le “petit cycle de l’eau” ou le “cycle domestique de l’eau”. Lorsque l’eau est tirée de sa nappe souterraine, elle arrive à la station de pompage d’Ambouli où, elle subit différents traitements pour la rendre potable.  Elle est ensuite injectée dans le réseau de distribution pour alimenter la clientèle.

Une fois l’eau utilisée, elle est rejetée dans un réseau d’évacuation destiné aux eaux usées. Il faut savoir que ce réseau n’a absolument rien à voir avec celui destiné à l’évacuation des eaux de pluie qui sont directement jetées à la mer. Tandis que les eaux usées sont collectées via un réseau puis arrivent dans des stations de relevage. Ces dernières transfèrent  ces effluents vers d’autres postes de refoulement pour finir dans des centres de traitement.

Avant 2013,  le système d’évacuation des eaux usées (station + réseau) débouchait dans les dalots des eaux pluviales ou directement vers la mer. La conduite la plus connue et la plus importante ayant été celle de  “Khor Bourhan” au Quartier 2. La grande partie des eaux usées du Centre ville, pour le versant Est, rejoignait ce canal qui drainait son contenu vers la mer à proximité de l’ancienne pêcherie, à Boulaos. L’autre partie se déversait dans la forêt de mangrove près de Roufa’i et derrière les immeubles de la société immobilière. D’autres écoulements avaient lieu à la Siesta, derrière l’hôpital Peltier, à la plage du Héron etc… Certaines de ces canalisations existent toujours et restent opérationnelles. Einguela 1 et 2, Cité du Stade, Arhiba et le lotissement FNP possèdent leurs réseaux d’évacuation qui rejetaient les eaux usées vers la mangrove des Salines Nord pour les premiers ; vers la mer, derrière les anciens abattoirs pour la seconde ; tandis que la station «Arhiba » collectait les eaux usées d’Arhiba et du lotissement FNP et refoulait les eaux vers le littoral des salines Ouest.

Les quartiers dotés d’un réseau séparatif eau usée étaient : Einguela  1et2, Arhiba, Maka, Wadajir, cité du stade, Hodan 1et 2, Cheikh Osman, cité Luxembourg et Quartier 4. Ceux desservis par un réseau unitaire sont: Q 1,2,3  et le Centre-ville. Les grands collecteurs Eau Pluviale  se trouvent sur l’avenue 26, Nasser, avenue 13 et la route If-iyo Akhiro.

Dans les autres quartiers populaires, mis à part les concessions provisoires qui n’avaient pas de structures sanitaires dans les normes, la règlementation obligeait toutes les constructions en dur d’avoir chacune sa propre fosse septique. Il est possible de trouver des fosses septiques également dans certains immeubles des anciens quartiers résidentiels de la ville : Plateau du Serpent, Marabout, Héron, les Lotissements riverains de l’aéroport etc….

Dans ce cas, les propriétaires sont chargés de vidanger les eaux usées de leur fosse septique et faire exécuter l’opération par une entreprise agréée. La périodicité de la vidange de la fosse septique ou du dispositif à vidanger doit être adaptée en fonction du cumul des boues et de leur hauteur qui, en général, ne doit pas dépasser 50 % du volume utile.

Parallèlement, beaucoup de problèmes d’assainissement se posent dans la capitale. Des fuites souterraines provoquent des écoulements sur les chaussées et les stagnations d’eaux insalubres restent permanentes à des endroits de la ville. Justement ou injustement, l’ONED était souvent montré du doigt. Pour palier à tout dysfonctionnement et recadrer les responsabilités, le gouvernement va décider de regrouper l’eau et l’assainissement sous une seule entité en créant le 1er Juin 2006, par Décret Présidentiel, l’Office Nationale des Eaux et de l’Assainissement (ONEAD). Cette association donnera à l’office une nouvelle grandeur tout en élargissant ses champs d’actions. Bien sûr, avec pour missions prioritaires  de contribuer à l’amélioration des conditions socioéconomiques et sanitaires des populations de la ville de Djibouti, en vue d’atteindre les Objectifs de Développement du Millénaire fixés par l’Etat en matière d’accès à l’assainissement et à une meilleure santé pour tous. On cherche donc à  augmenter le taux des populations raccordées aux services d’assainissement afin de contribuer à la réduction des maladies qui ont pour origine l’eau ; sans oublier la préservation de l’environnement et des ressources halieutiques.

Un effort permanent en faveur de l’assainissement

Pour remplir ses missions, l’Office National de l’Eau et de l’Assainissement de Djibouti (ONEAD) va lancer un projet d’assainissement destiné à généraliser l’accès à l’assainissement au niveau de la ville et de trouver une solution adaptée aux nombreux problèmes de pollution provoquée par le rejet des eaux usées. Ainsi, tout le système de canalisation va être renouvelé. Et le 24 mars 2014, une station de  traitement, construite à Douda, sera inaugurée. Plus d’une douzaine de stations de collecte supplémentaires sera créée et la totalité de ces stations, raccordée à une conduite principale qui est chargé de diriger toutes ces eaux usées vers une grosse station de refoulement de l’Avenue 13 (derrière le kiosque du 19 Mars). Ces eaux collectées sont redirigées ensuite vers la station d’Haramous qui à son tour, va refouler son contenu vers la station de traitement de Douda.

Depuis la mise en place de la station de Douda, un carré agricole, orienté dans la culture maraichère, a vu le jour. Ces carrés où poussent toutes sortes de légumes sont irrigués par les eaux traitées de la station. Les particuliers qui ont bénéficié de cette assistance, récoltent beaucoup de variétés telles que des tomates, de la salade, des oignons, des courgettes, des poireaux, des radis etc…Les légumes fraîchement récoltés sont ensuite écoulés sur le marché de la capitale. Grâce à cette station, le traitement des eaux usées est aujourd’hui obligatoire. Bien sûr, dans le souci de préserver l’environnement et le bien-être de la population et éviter tout risque de pollution. Or, le plus gros problème de la  capitale, c’est le non respect de ces règles primaires. Beaucoup de foyers rejettent la totalité de leurs eaux de lavage ou de cuisine sur la voie publique, goudronnée ou non, et se comporte comme si la route était un dépotoir.

Une autre unité de traitement, d’une capacité de 2,5 m3 par heure, est installée également à la Zone Industrielle, en face de l’ancien abattoir. Cette unité réceptionne et traite les eaux usées issues des structures non collectives. Les entreprises de vidange qui exploitent ce secteur viennent vider leur chargement dans une fosse prévue à cet effet. Les contenus ainsi collectés sont ensuite traités avant d’être injectés dans le circuit de refoulement. Cette infrastructure a empêché les déversements sauvages que les camions-vidange effectuaient régulièrement sur des sites non autorisés et contribue à la préservation d’un environnement que le Président de la République, Son Excellence Monsieur Ismaïl Omar Guelleh, ne cesse de plaider en sa faveur.

Un problème de comportement

Qu’il s’agisse d’assainissement dit « collectif » ou « non collectif », le plus important est de ne pas évacuer les  eaux usées dans la nature. Quelles proviennent des douches, des toilettes, des lavabos, des cuisines, des lavages de linges etc… Et la règlementation en vigueur en République de Djibouti est claire : en aucun cas, ces eaux ne peuvent être rejetées sur les voies publiques, ni ailleurs. Cette culture de tout balancer dehors est un comportement  qui n’est pas exclusif aux quartiers populaires. Il n’est pas rare de voir les habitants de certains quartiers résidentiels déverser un volume important d’eau de lavage devant leurs demeures, à l’exemple du Marabout et du Héron, et de dégrader considérablement le recouvrement de l’enrobé bitumeux des chaussées. On peut voir ainsi, à quel point un comportement devenu anodin peut provoquer des dégâts considérables et fort coûteux sur des infrastructures qui relèvent du domaine des biens publics.

Et Dieu seul sait combien ces eaux dégradent les chaussées de la ville. D’autres, ne se gênent pas et raccordent leurs toilettes, à l’image de l’Avenue 13, aux canaux de refoulement destinés aux eaux pluviales. Et ce, en toute impunité. Il faut savoir que ces types de raccordements sont illégaux. Mais, puisque les contrevenants ne sont jamais verbalisés, ce type de comportement est devenu coutumier dans la capitale. Il suffit de passer à côté des bouches d’évacuation pour sentir l’odeur nauséabonde qui se dégage des grilles d’eau pluviale pour comprendre la nature des eaux usées qui y sont déversées. C’est devenu une véritable fosse septique et un dépotoir à poubelle. On y trouve toutes sortes de déchets. Du plastic en passant par des lambeaux de tissu jusqu’aux restes de repas. Sans parler des excréments humains. C’est incroyable ! Et l’on s’étonne que nos principales artères soient inondées au moindre crachin. Il est déjà très difficile de combattre les dépôts de sable que la nature génère régulièrement et qui obstruent les bouches d’évacuation. Que dire alors, des matières grasses et  des féculents régulièrement déversés par les riverains…y compris les restaurants. 

Sensibiliser encore, encore et encore

Le peuple a donc besoin d’être sensibilisé constamment pour que chacun puisse comprendre l’intérêt de préserver un bien public, quel qu’il soit ; car, il est  commun à tous. Chacun d’entre nous en est l’usager et le consommateur. Tout ce que réalise l’Etat , nous en sommes les propriétaires. C’est important de le savoir.

Nous voulons rouler sur des routes confortables, sans nids de poule et nous ne faisons rien pour éviter de les esquinter ! Nous voulons vivre et élever nos enfants dans une atmosphère propre et saine et nous faisons tout pour la pourrir ! Imaginez le nombre de fois où les canalisations, par exemple, de l’Avenue 13 ont été rénovées et rendues hors service par un mauvais usage ; rénovées encore et détériorées à nouveau. C’est affolant ! N’ayons pas peur des mots, c’est vraiment un manque d’éducation civique et ce manque ne peut être comblé que par le rabattage de slogans très forts, placardés régulièrement partout où le besoin se fait sentir. En français et dans toutes les langues nationales. Mais également, par la diffusion ininterrompue de spots de sensibilisation d’une durée maximale de 10 secondes sur toutes nos chaînes radiophoniques et télévisuelles. Ca ne vaut rien car, le vouloir est plus fort que le coût et, ça en vaut la peine ! Il ne faut pas avoir honte de crier partout « nettoyer c’est bien, ne pas salir c’est mieux !!! ».Ce slogan a bien marché ailleurs, pourquoi pas chez nous !!!

A.A-MAHÉ