Le ministère des affaires sociales et des solidarités (MASS) en collaboration avec le ministère de l’intérieur a organisé le jeudi 5 novembre dernier au palais du peuple, un atelier où il était question de valider les résultats d’une enquête concernant le profilage des réfugiés et des demandeurs d’asiles à Djibouti. Il s’agit ici pour le MASS initiateur de cette étude, d’établir des profils socio-économique des ménages réfugiés et de déterminer leurs besoins en vue de faciliter leurs intégrations dans les programmes des filets sociaux nationaux.
Partie prenante du Cadre d’Action Global pour les Réfugiés (CRRF), la république de Djibouti qui depuis son accession à l’indépendance, accueil sur son sol, des milliers de réfugiés et demandeurs d’asiles qui ont fuit les conflits et l’instabilité dans les pays voisins, a élaboré un plan d’action et des législations, permettant de favoriser l’intégration socio-économique de cette population hôte.
Avoir des données fiables, pour offrir une meilleure aide sociale, s’avère donc nécessaire au ministère des affaires sociales et des solidarités (MASS) qui pour y parvenir, a réalisé avec le concours de l’Union Européenne, de l’institut national des statistiques de Djibouti (INSD), du PAM, de l’ONARS, du NRC, du DRC, et du HCR, une enquête visant à établir un profil socio-économique des réfugiés et des demandeurs d’asile et à déterminer ainsi leurs besoins alimentaires et non alimentaires, en vue de les intégrer au système d’aide sociale et de santé de notre pays.
L’atelier organisé le jeudi 5 novembre dernier au palais du peuple par le MASS en collaboration avec le ministère de l’intérieur consistait justement à valider les résultats de ladite étude.
Présidé par la ministre des affaires sociales et des solidarités, Mouna Osman Aden, l’événement a réuni sur place, le chef de la coopération de la délégation de l’Union Européenne à Djibouti, François Barnard, le secrétaire exécutif de l’ONARS, Houssein Hassan Darar, la représentante résidante du système des Nations Unies, Barbara Manzi, le directeur général de l’Institut National des Statistiques de Djibouti (INSD), Idriss Ali Soultan, le chef du bureau local du HCR, Yohondamkoul Sakor, la coordinatrice des programmes du PAM à Djibouti, Olivia Hentz, des hauts cadres des ministères sectoriels et des représentants d’organisations humanitaires.
Lors de la cérémonie inaugurale de cet atelier, le secrétaire exécutif de l’ONARS, s’est exprimé le premier. Houssein Hassan Darar a indiqué que les résultats de l’étude permettront d’inclure progressivement quelques 12 500 réfugiés vulnérables dans le programme national de solidarité famille et le programme d’assistance sociale et de santé.
Le chef de la coopération de la délégation de l’Union Européenne à Djibouti, François Bernard qui l’a suivi a mis en exergue la complexité du processus de cette étude qui selon lui a nécessité l’adaptation de l’évaluation du taux de vulnérabilité.
«Il faut bien reconnaître que malgré l’engagement politique et le cadre légal qui donne des droits aux réfugiés, on ne peut pas tout simplement ajouter les réfugiés sur la liste des bénéficiaires des programmes d’aide sociale. Comme le contexte et la situation des réfugiés n’est pas comparable avec la situation pour la population djiboutienne, un copié-collé de la méthodologie nationale n’était pas possible» a-t-il dit à ses interlocuteurs.
Pour la coordinatrice des programmes du bureau du PAM à Djibouti, Olivia Hentz, le prix Nobel de la Paix dont son organisation a été lauréat cette année la motive à intensifier les efforts, «afin de préserver ou de restaurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations les plus vulnérables mais aussi de continuer à promouvoir les valeurs fondamentales que sont, l’intégrité, l’humanité et l’inclusion» a-t-elle dit.
Quant au représentant du HCR à Djibouti, Yohondamkoul Sakor, il a déclaré que «les engagements pris par le président de la république, Son Excellence, M. Ismail Omar Guelleh, dans le cadre d’actions globales pour les réfugiés sont honorés une fois de plus envers les réfugiés et les communautés internationales».
Pour clôturer cette série de discours, la ministre des affaires sociales et des solidarités, Mouna Osman Aden a fait part à ses partenaires financiers et techniques que l’accueil des réfugiés est considéré, à Djibouti, comme une partie intégrante des traditions du pays. L’occasion a été pour la ministre Mouna Aden d’exprimer sa volonté d’offrir à ces hôtes les conditions d’une inclusion socio-économiques digne et durable.
Sur ce, le directeur général de l’INSD Idriss Ali Soultan et ses cadres ainsi que ceux du PAM ont tour à tour présenté les résultats de l’étude qui selon ses instigateurs permettraient d’améliorer les conditions de vie de la population hôte de notre pays.
Rachid Bayleh
Le point avec…Mouna Osman Aden
Ministre des Affaires Sociales et des Solidarités
«Nous appliquons aux réfugiés la même philosophie de lutte contre la précarité que celle que nous développons pour nos compatriotes»
«Malgré les défis sociaux et économiques auxquels nous faisons face depuis nombre d’années, exaspérés cette année par la pandémie du COVID-19, nous n’avions jamais cessé d’accueillir des dizaines de milliers de réfugiés et de demandeurs d’asile, venant pour l’essentiel de pays voisins. L’accueil de ces populations a pesé un poids important sur nos finances publiques et sur nos services essentiels.
Mais malgré ces contraintes, l’accueil des réfugiés est considéré, au niveau officiel comme au niveau populaire, comme une partie intégrante de nos traditions d’accueil et de notre volonté d’offrir à ces hôtes de notre pays les conditions d’une inclusion socio-économiques digne et durable. Je me dois de rappeler dans ce contexte les trois engagements pris par le Président de la République, Son Excellence Ismail Omar Guelleh, lors du Sommet pour les réfugiés tenu à New York en septembre 2016. Ces engagements, depuis mis en œuvre, consistent à adopter une nouvelle loi nationale sur les réfugiés qui garantit le respect de leurs droits, y compris l’accès à l’aide juridique et à la justice; à accorder à tous les enfants réfugiés l’accès à une éducation de qualité et à permettre à tous les réfugiés d’accéder au système de santé national. Sur le plan législatif, vous êtes tous au courant de la loi et des deux décrets pris depuis l’année 2017, favorisant la liberté de circulation dans le pays et l’inclusion socio-économique. Sur le plan de l’accès à l’éducation, l’enquête de profilage objet de notre réunion d’aujourd’hui indique que le niveau de scolarisation des enfants âgés de 5 à 14 ans est de 95,5%.
Au niveau de la santé et des moyens de subsistance, il est prévu d’intégrer 12 500 réfugiés vulnérables dans le système de Protection sociale. Donc, au-delà de la catégorisation de la population réfugiée, à laquelle aboutissent généralement les enquêtes de profilage, c’est de nous indiquer les segments sur lesquels, nous serons appelés à agir pour fournir l’assistance nécessaire et surtout les mesures d’accompagnement qui faciliteront l’inclusion par l’activité. En cela, nous appliquons aux réfugiés la même philosophie de lutte contre la précarité que celle que nous développons pour nos compatriotes. En effet, grâce à nos partenaires ici présents, nous envisageons, à la lumière des résultats de l’enquête, d’accorder des transferts monétaires aux plus vulnérables des réfugiés tout en les intégrants dans des projets communautaires de création d’activités génératrices de revenus. Car, il est clair que nous ne pouvons plus nous accommoder de la présence, aujourd’hui suffisamment longue, de cette population réfugiée si des efforts ne sont pas fournis pour les autonomiser et en faire des agents de développement de la société qui les accueille. L’Etat ayant fourni, et fournit toujours, les services qui correspondent à ses moyens budgétaires, je voudrais appeler, encore une fois, nos partenaires techniques et financiers à mesurer l’importance de l’effort à fournir et leur dire que les objectifs du Cadre d’action global en faveur des réfugiés (CRRF) pour Djibouti peuvent être atteints pour peu que l’on se mobilise tous, chacun selon ses avantages comparatifs, pour mobiliser l’enveloppe de 54 840 000 dollars américains qui a été estimée pour sa réalisation»
Ils ont dit…
Houssein Hassan Darar
Secrétaire exécutif de l’ONARS
«Aujourd’hui, nous franchissons un nouveau cap dans la mise en œuvre des engagements du président de la République»
«C’est la première fois qu’une telle étude est réalisée à Djibouti et nous nous réjouissons d’emblée de ses résultats. Elle est indispensable pour la mise en œuvre du projet des solutions pérennes aux profits des réfugiés. Le ministère de l’Intérieur a participé à cette enquête à travers un appui technique fourni par l’ONARS, le bras humanitaire du gouvernement. Aujourd’hui, nous franchissons un nouveau cap dans la mise en œuvre des engagements du président de la République, Son Excellence Monsieur Ismail Omar Guelleh, en faveur des réfugiés dans notre pays. Le profilage des réfugiés va nous aider grandement dans l’accomplissement de ces engagements et nous permettre de mieux servir les réfugiés».
François Bernard
Chef de la coopérationde la délégation de l’UE à Djibouti
«L’engagement de la République de Djibouti s’inscrit dans la volonté de faire des ODD une réalité»
«Le projet Solutions pérennes et l’engagement de la République de Djibouti de mettre en œuvre le CRRF, inclure les réfugiés dans les systèmes nationaux de protection sociale s’inscrit dans l’approche «Leave no one behind», dans la volonté de faire des ODD une réalité pour Djibouti : éradication de la pauvreté et développement qui bénéficie à toutes et à tous».
Yohondamkoul Sakor
Représentant du HCR à Djibouti
«J’aimerai souligner le sérieux de la méthodologie employée»
«S’il y a une chose qui marque fortement et qui retient toute mon attention, c’est que Djibouti promeut aux réfugiés et Djibouti le réalise. Il y a de quoi, Madame la ministre d’être fier de Djibouti très sincèrement. pour avoir été témoin, j’aimerai souligner le sérieux de la méthodologie employée aussi bien dans sa dimension empirique que le travail de proximité mené par les enquêteurs qui ont sillonné les villages des réfugiés et la ville de Djibouti durant cette période. Qu’il me soit permis de vous adresser une mention spéciale, car en outre le fait que vos collègues ont été tous perspicaces dans le travail, vous aviez personnellement suivi les travaux tout le long et sans répit jusqu’à l’aboutissement des résultats de cette enquête»
Olivia Kentz
Coordinatrice des programmes du PAM à Djibouti
« Cette étude va être suivie d’actions »
«Nous pouvons être fiers de cette étude à plusieurs titres, d’une part, parce que la coordination de tous les acteurs a été effective, ensuite parce que malgré les imprévus à surmonter comme la crise du COVID-19, nous sommes parvenus à un résultat, et enfin, parce que cette étude va être suivi d’actions (ça, on en est sûr) et va faciliter l’intégration des réfugiés dans le système national de protection social. Ce qui fait de Djibouti, un précurseur en la matière.»