
Il y a des livres qui ne vous quittent pas. Parce qu’ils touchent et s’adressent en l’âme et à l’esprit. « Une femme et demie » est un recueil de nouvelles signé Choukri Osman Guedi. Deuxième recueil de nouvelles de la même auteure après le précédent intitulé « Eve contre Eve » publié aux éditions Le Francolin. « Une femme et demie », le titre de l’ouvrage est l’éponyme d’une nouvelle majestueuse. Dix nouvelles avec pour thème central les identités en doute.
L’avant-propos écrit par le Docteur Moussa Souleiman met en exergue que « malgré la tristesse inhérente à la disparition d’un être cher ou la séparation tragique plus ou moins longue d’un membre de sa famille, Choukri Osman souligne la qualité du code d’honneur qui régissait notre société Est-africaine (…) ». Les nouvelles écrites dans un français accessible à tous content et racontent différentes tragédies.
Par exemple, la nouvelle éponyme du recueil « Une femme et demie » décrit le destin d’une jeune femme orpheline de mère. Elevée en brousse par une marâtre qui la maltraitait, elle est venue en ville. En fuite d’un univers pénible, elle a trouvé refuge dans Djibouti. Elle exerce le métier de femme de ménage dans un foyer de la capitale. Et puis, elle rencontre un homme. Un jeune homme séduisant qui la charme. Il est enseignant dans une Madrassa. Ils se marient dans une stricte intimité. Leyla accouche d’un premier enfant. Son époux l’informe qu’il a déniché une bourse d’étude en Arabie Saoudite et il la quitte. Entre temps nait un deuxième garçon. Du camp Ali Addeh au canada Leyla aura à faire face à la médisance. « La femme aux enfants naturels » est son surnom. Blessant surtout chez les somalis ou chaque enfant doit connaitre par cœur son arbre généalogique.

96 pages. 10 nouvelles. Edité par le cripen avec une illustration de salon à la page de couverture, ce livre donne en filigrane le destin de beaucoup de personnes aux identités douteuses, deux identités en doute. Dans un pays en pleine nutation, en pleine croissance (comme un être humain), hier et la brousse ne sont pas si loin et lointain .Et pourtant Djibouti cosmopolite conserve les racines vivaces du nomadisme. Nomadisme urbain. Des identités nomades. Des identités changeantes au gré des aléas de la vie. Cet ouvrage est à lire pendant l’été. Et à méditer pendant l’hivernage. Un livre en tout cas à mettre entre les mains des jeunes. Et à inscrire au programme du secondaire.
L’auteure « d’une femme et demie » a aussi publié un livre de contes toujours aux éditions du cripen intitulé « les contes de la griotte à plume”. Ancienne professeur de français dans le secondaire, Choukri est aussi une dramaturge talentueuse. Une de ses pièces a été jouée à Besançon (en France).