La pause donnée au processus de promotion de la représentation politique va se confirmer lors du remaniement ministériel de mars 2008. Deux femmes seulement vont être nommées ministres : Mme Hasna Barkat Daoud au poste de ministre de la Jeunesse, des Sports, des Loisirs et du Tourisme et Mme Nimo Boulhan Houssein est promue ministre de la Promotion de la Femme, du Bien être et des Affaires sociales.
Mme Nimo Boulhan, ancienne inspectrice de l’éducation nationale, réputée méthodique et travailleuse acharnée, souhaite redéfinir la politique nationale en matière d’égalité de droit entre les femmes et les hommes en renforçant dans un premier temps le cadre institutionnel et en mettant l’accent sur l’action sociale vers les plus vulnérables.
Mais la crise financière et économique de 2008 va profondément impacter le niveau de vie des ménages djiboutiens. Malheureusement, en raison de leur vulnérabilité socio-économique les femmes sont les plus touchées par les effets économiques directs et indirects de la crise. La réponse du gouvernement à cette situation économique désastreuse va être double :
Une première série de mesure va être prise afin d’améliorer le pouvoir d’achat. Le salaire minimum de base est doublé. Il passe de 100 à 200 dollars. Un tarif social du prix de l’électricité est créé pour les petits consommateurs (baisse du tarif de la première tranche). Et enfin des efforts budgétaires sont consentis par le gouvernement pour éviter la flambée des produits de première nécessité (denrées alimentaires de base).
La seconde réponse, qui est une réforme historique, correspond à la mise en place de l’assurance maladie universelle (AMU). Outre la mise en place de l’assurance maladie obligatoire pour la tranche active de la population, un régime de programme d’assistance sociale de santé (PASS) est mis à la disposition des plus vulnérables.
Malgré ces mesures durables qui vont contribuer à atténuer les conséquences négatives de la crise économique, les violences fondées sur le genre vont persister, voire augmenter, révélatrices entre autres de la dégradation du climat familial et social en temps de crise.
En 2010, autour de 700 femmes, victimes de violences conjugales, se sont présentées à la cellule d’écoute. Mais a contrario de la crise économique des années 90, où tous les efforts du gouvernement ont été concentrés sur le redressement économique, l’ensemble des acteurs, le ministère de la promotion de la femme, l’UNFD et d’autres associations, vont se mobiliser pour soutenir sur le terrain les femmes les plus exposées à la violence et/ou à la précarité. Parmi les nombreuses actions menées, l’élaboration d’un guide juridique (en 2011), outil aide-mémoire destiné aux acteurs de la lutte contre les violences faites aux femmes (par exemple pour les officiers de police) ou encore la mise en place d’une cellule d’écoute au camp de réfugiés d’Ali-Addeh.
Outre la lutte contre les violences basées sur le genre, l’accent est mis sur l’autonomisation des femmes. Le décret n° 2012-260/PR/MPF entérine la transformation du centre de formation de Balbala en Centre d’Action Sociale et d’Autonomisation des Femmes (CASAF). Selon un rapport du ministère de la promotion de la femme, « en plus de à sa mission principale qui consiste à former les jeunes filles et femmes déscolarisées Ses nouvelles attributions sont : – Offrir aux femmes et jeunes filles un espace de formation et d’insertion professionnelle – Promouvoir, animer, et gérer avec le concours du personnel qualifié, des activités et services à caractère social, familial, éducatif, et économique au profit des femmes et filles ; – Assurer un rôle effectif dans l’animation et le développement ; – Assurer l’élaboration et la mise en œuvre des projets sociaux locaux. »
La politique nationale genre 2011-2021. La loi N° 154/AN/12/6ème L portant définition de la Politique nationale Genre adopté en 2012 va désormais être le texte de référence en matière de politique du genre (le « cadre politique de référence en matière de genre », article 1). Dans le cadre de cette nouvelle politique, et du renforcement institutionnel annoncé, de nouveaux organes sont créés tels que : Conseil National Genre et Développement, la Direction de la Promotion du Genre, L’Observatoire du Genre, les Comités régionaux genre…etc.
Ce document stratégique à portée nationale vise à contribuer à l’émergence d’une société plus égalitaire où les femmes et les hommes évoluent équitablement dans tous les domaines, économique, social, culturel…etc.
Abdallah Hersi