Le  Coronavirus  qui touche la République  populaire de Chine et qui  se propage aussi à travers le monde défraie l’actualité depuis quelque temps. A  cette occasion, nous avons interviewé l’ambassadeur de Chine à Djibouti, M.Zhuo Ruisheng,  qui nous livre dans cet entretien la manière dont  ce pays continent lutte contre cette pandémie mais aussi ses impacts sur l’économie chinoise. 

« Aujourd’hui, la lutte contre l’épidémie du nouveau coronavirus est la tâche la plus importante et la plus urgente du gouvernement chinois »

Monsieur l’ambassadeur , le nouveau coronavirus se propage à une vitesse fulgurante en Chine. Comment le gouvernement chinois gère-t-il cette épidémie ?

Zhuo Ruisheng : Aujourd’hui, la lutte contre l’épidémie du nouveau coronavirus est la tâche la plus importante et la plus urgente du gouvernement chinois. Sous la direction et l’engagement personnels du Président chinois Xi Jinping, un Groupe ad hoc de lutte contre l’épidémie présidé par le Premier Ministre Li Keqiang a été mis en place, et les mesures de prévention et de contrôle les plus strictes ont été adoptées. Face à ce défi extraordinaire, tout le pays est pleinement mobilisé et engagé dans une opération de santé publique qui rassemble les 1,4 milliards d’habitants chinois. Dans ce combat contre l’épidémie, la priorité est donnée à assurer la vie et la santé de la population et à réduire au maximum les risques de propagation, afin de garder la ligne de défense de la santé publique internationale.

Premièrement, des études scientifiques ont été menées pour la traçabilité du virus. Rien qu’en une semaine, des experts chinois ont réussi à identifier l’origine de la maladie et l’agent pathogène du virus. En parallèle, une équipe d’experts au niveau nationale est spécialement créée pour les recherches sur le virus.

Deuxièmement, l’accent est mis sur la prévention et le contrôle de l’épidémie à Wuhan, chef-lieu de la province du Hubei et épicentre de la flambée. Avec une détermination résolue, l’autorité chinoise a mis en quarantaine toute la ville de Wuhan, mégapole de 11 millions d’habitants, en fermant temporairement les voies aérienne, ferroviaire, routière et fluviale en sa provenance et à sa destination, ainsi que tout le transport public de la ville, et des dispositifs ont été mis en place pour le contrôle à l’entrée et à la sortie de la ville. Dans le même temps, environ 70 équipes médicales d’un nombre total de plus de 8000 personnes des quatre coins du pays ont été envoyées en renfort à la ville. Par ailleurs, le gouvernement a décidé de construire en urgence deux hôpitaux spécialement dédiés au traitement des cas de nouveau coronavirus avec plus de 2000 lits au total, dont l’un est opérationnel le 3 février après 10 jours de chantier.

Troisièmement, les mesures de prévention et de contrôle sont étendues dans tout le pays. Devant la flambée, les provinces chinoises ont déclenché le plan d’urgence de santé publique de niveau I, soit le plus haut niveau, et ont renforcé les mesures de contrôle et de quarantaine sur les transports communs et d’autres lieux publics. Des mesures ont été aussi prises pour éviter les rassemblements publics et stabiliser les marchés.

Quatrièmement, le gouvernement chinois déploie tous ses efforts pour donner des soins aux patients. Les médecins font tout ce qui est possible pour éviter les cas sévères et de décès. Parallèlement, des scientifiques n’ont pas cessé leurs efforts de recherches sur les vaccins et les médicaments à la maladie.

Cinquièmement, la Chine s’engage activement dans la coopération internationale dès le début de l’épidémie. Nous avons informé, en temps utile, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) de la situation de l’épidémie et partagé immédiatement avec elle les informations sur la séquence du génome du virus. Nous avons invité Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, pour une visite en Chine et organisé pour les experts de l’OMS et de Hong Kong, de Macao et de Taiwan une visite sur le terrain à Wuhan.

 Comme le Directeur général de l’OMS l’a dit, la rapidité avec laquelle la Chine a détecté la flambée, isolé le virus et communiqué le génome à l’OMS et au monde est particulièrement impressionnante. L’attachement de la Chine à la transparence ne l’est pas moins. Selon lui, la Chine a établi une nouvelle norme en matière de riposte aux flambées. Illustration de l’efficacité et de la force de la Chine, toutes ces mesures prises par la Chine « forcent le respect et méritent la reconnaissance du monde entier », d’après le Directeur général de l’OMS.

Le virus se propage aussi dans le monde, peut-on parler d’une épidémie qui menace l’humanité ?

Si la situation de l’épidémie demeure sérieuse pour l’heure actuelle, force est de constater que les mesures adoptées par la Chine commencent à produire des effets positifs. Jusqu’à aujourd’hui, 657 cas ont été guéris, y compris des personnes âgées de plus de 80 ans. Dans le même temps, grâce à des mesures strictes de contrôle de déplacement, la flambée a été effectivement contenue à l’échelle nationale et internationale. Toutes ces informations encourageantes montrent que ce nouveau coronavirus est évitable, contrôlable et curable.

Jusqu’au 3 février, 20 623 cas ont été confirmés dans le monde entier, dont 20 471 cas en Chine, soit 99,26% du total mondial (27 cas en Europe, 15 en Amérique du Nord, 12 en Océanie, et 98 dans d’autres pays asiatiques). Parmi les 427 cas de décès, un seul cas est survenu dans un autre pays asiatique que la Chine. Selon le Directeur général de l’OMS, c’est en grande partie grâce aux mesures sans précédent prises par les autorités chinoises pour éviter l’exportation des cas. Ces mesures rigoureuses ont permis de contenir la flambée vers d’autres pays et de réduire les menaces de l’épidémie sur la santé publique internationale et l’humanité toute entière. Ces mesures ont été prises non seulement pour la Chine, mais aussi pour le monde entier.

A cause de ce virus, de nombreuses compagnies aériennes ont suspendu leur desserte en Chine. Comment voyez-vous cet ostracisme ?

A ces jours, les demandes de déplacement ont sensiblement baissé à cause de l’épidémie. Certaines compagnies aériennes étrangères ont ainsi suspendu leurs vols réguliers à destination et en provenance de la Chine. Je dirais qu’il s’agit des décisions plutôt économiques. En même temps, j’ai remarqué que l’OMS a déclaré qu’il n’y avait aucune raison de prendre des mesures qui perturbent inutilement les voyages et le commerce internationaux.

Dans ce combat contre l’épidémie de coronavirus, il y a une phrase que je trouve pertinente : la seule chose dont nous devons avoir peur, c’est la peur elle-même. Le plus grand ennemi de notre combat n’est pas le virus, mais la panique. Devant la flambée, il nous convient de garder le sang-froid et de rester serein, au lieu de surréagir. Nous avons toutes les raisons à avoir la confiance en la capacité de la Chine de convaincre l’épidémie.

Le Directeur général de l’OMS a décrété une urgence de santé publique de portée internationale. Quel est votre point de vue?

Le 30 janvier dernier, le Directeur général de l’OMS a déclaré que la flambée due au nouveau coronavirus constituait une urgence de santé publique de portée internationale. D’après ses propos, cette déclaration n’est pas principalement due à ce qui se passe en Chine mais à ce qui se passe dans d’autres pays, et notamment due à l’éventualité que le virus se propage à d’autres pays dont le système de santé est plus fragile et qui ne sont pas bien préparés à y faire face. Il a particulièrement souligné que cette déclaration n’est pas une marque de défiance vis-à-vis de la Chine. Au contraire, l’OMS a toujours confiance dans les capacités de la Chine à lutter contre la flambée. Il a d’ailleurs recommandé de ne pas limiter les échanges commerciaux et les déplacements vers la Chine.

Décréter une urgence de santé publique de portée internationale est une décision technique faite par l’OMS conformément au Règlement sanitaire international, il relève de la compétence de l’Organisation. Dès le début de l’épidémie du nouveau coronavirus, le gouvernement chinois a adopté avec un sens élevé de responsabilité pour la santé de la population des mesures de prévention et de contrôle d’une ampleur et d’une intensité sans précédent, et beaucoup d’entre elles vont bien au de-là des exigences du Règlement sanitaire international. Dans les jours à venir, la Chine continuera à travailler avec l’OMS et les différents pays pour riposter à la flambée et préserver ensemble la sécurité de la santé publique dans le monde.

Ce virus est-il un coup dur porté à l’économie chinoise ?

Il est vrai que l’épidémie pourrait avoir des conséquences temporaires sur l’économie chinoise, mais l’impact de long terme ne devrait pas être exagéré. Je suis convaincu que la tendance fondamentale de l’économie chinoise qui est prometteuse et stable à long terme ne sera pas inversée à cause d’une épidémie évitable et contrôlable, et que la dynamique endogène et la forte résilience de l’économie chinoise qui recèle un marché de 1,4 milliard de consommateurs ne seront pas affaiblies de ce fait.

Dans une certaine mesure, l’épidémie aurait des impacts directs notamment sur les secteurs des services, tels que le tourisme, les loisirs et la restauration, et ce principalement dû aux mesures restrictives de transport et de logistique. Elle pourrait avoir des répercussions sur le commerce international et les investissements directs étrangers vers Chine. Mais ces phénomènes seront de courte durée. Ce que je veux souligner, c’est que la résilience de l’économie chinoise ne peut pas être sous-estimée. Malgré une éventuelle baisse de taux de croissance au premier trimestre, les performances de l’économie chinoise tout au long de l’année ne seront pas beaucoup influencées.

En revanche, l’épidémie n’a pas seulement un effet négatif sur l’économie, mais elle profite même à certains secteurs innovants et facilite le développement du commerce électronique, de l’Internet et d’autres industries. À long terme, alors que la Chine est devenue la deuxième plus grande économie, l’épidémie ne peut pas miner son énorme potentiel de consommation, d’urbanisation et de nouveaux domaines économiques comme la 5G et de l’intelligence artificielle.

La présence chinoise devient de plus en plus importante à Djibouti avec de nombreuses grandes sociétés qui investissent dans l’économie djiboutienne. Vu le mouvement de tous ces gens, y a-t-il un risque élevé que le virus s’introduise à Djibouti?

Depuis l’apparition de l’épidémie, l’Ambassade de Chine à Djibouti a pris des actions immédiates pour recommander les citoyens chinois récemment arrivés à Djibouti de prendre des mesures telles que la séparation et l’observation de l’état de santé à domicile et la réduction des déplacements dans les lieux publics. En fait, depuis janvier dernier, seulement une vingtaine de citoyens chinois sont venus de Chine à Djibouti, dont une seule personne est entrée sur le territoire djiboutien depuis la mise en œuvre des mesures de quarantaine frontalière à Djibouti le 26 janvier.

 De même, les officiers et soldats d’une frégate de la flotte d’escorte de la marine chinoise, qui a quitté Djibouti le 3 février, n’ont pas quitté le quai pendant que le navire accostait le port de Djibouti. Jusqu’à maintenant, il n’existe aucun cas confirmé ou suspect de pneumonie causée par le nouveau coronavirus à Djibouti. En même temps, selon le MAECI djiboutien, les étudiants et citoyens djiboutiens à Wuhan ou dans d’autres villes chinoises se portent  tous bien et en bonne santé pour l’heure actuelle.

Dans ce contexte, l’épidémie est évitable, contrôlable et curable et les mesures de prévention et de contrôle adoptées par le gouvernement chinois sont énergiques et efficaces. Tout cela me porte à croire que grâce aux efforts conjugués par la Chine et Djibouti, cette épidémie ne constituera pas une menace sérieuse pour Djibouti. Il convient de noter que nous devons rester extrêmement vigilants aux rumeurs qui provoqueraient la panique, et nous garder de croire ni propager les rumeurs.

Enfin, quel message voulez vous faire passer à la population djiboutienne ?

En tant que grand pays responsable, la Chine traite sur un pied d’égalité ses citoyens et les étrangers dont la communauté djiboutienne résidant en Chine et continuera de protéger effectivement leur santé et sécurité. Les mesures que la Chine a prises pour lutter contre l’épidémie sont rigoureuses et efficaces. Aucun autre pays ne peut prendre en si peu de temps des mesures de prévention et de contrôle d’une telle ampleur et d’une telle intensité, et aucun autre pays n’a une capacité d’exercice du pouvoir aussi efficace. Il n’y a donc aucune raison pour nous de céder à la panique. La direction du Comité central du Parti communiste chinois ayant le camarade Xi Jinping en son centre, et le système socialiste ainsi que sa forte capacité de mobilisation à l’échelle nationale constituent un atout incomparable. La Chine a remporté dans le passé les victoires contre le SRAS, la Grippe A et la Grippe aviaire et accumulé de riches expériences en matière de réponse aux crises. Et la Chine d’aujourd’hui est dotée d’une base solide technologique et matérielle après 70 an de développement depuis la fondation de la Chine nouvelle, en particulier après les 40 années de réforme et d’ouverture. Avec ces trois grands atouts, nous avons toute la détermination, la confiance et la capacité de gagner cette bataille contre l’épidémie.

Pour finir, je tiens à remercier le peuple et le gouvernement djiboutiens pour leur amitié envers la Chine et leur soutien constant à la Chine. Je suis fermement convaincu que grâce aux efforts inlassables des 1,4 milliards de Chinois et le soutien des amis du monde comme le peuple djiboutien, la victoire contre cette épidémie de nouveau coronavirus ne sera pas loin.

Interview réalisée par Kenedid Ibrahim