Un pas décisif vers un Plan d’Action National pour promouvoir le respect des droits humains dans les activités économiques

Mardi matin dernier, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH), en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et la Chambre de Commerce de Djibouti (CCD), a organisé un atelier crucial sur les relations entre entreprises et droits humains. Ce débat, qui a réuni des représentants du secteur public et privé, marque une avancée dans le processus de développement d’un Plan d’Action National (PAN) visant à intégrer les droits humains au cœur des activités économiques à Djibouti.

L’événement, organisé à la Chambre de Commerce de Djibouti, a mis en lumière les défis et les opportunités liés à la protection des droits humains dans le monde des affaires, avec une volonté de favoriser un développement durable et inclusif pour toutes les parties prenantes.

Il s’agit pour la CNDH, principale initiatrice de ce programme, visant à promouvoir une société plus équitable, où chaque citoyen, chaque employé, et chaque entrepreneur trouve sa place dans une économie respectueuse des droits humains.

Le projet “Entreprises et Droits Humains”, initié il y a un an par la CNDH en partenariat avec le PNUD et d’autres acteurs majeurs, est entré dans sa deuxième phase. Cette nouvelle étape est axée sur l’élaboration d’une Évaluation de Référence Nationale. L’étude, menée par l’Institut de Recherches Indépendantes de la Corne d’Afrique (IRICA), collectera des données auprès d’un échantillon représentatif d’entreprises publiques et privées. Elle fournira les bases pour la formulation du Plan d’Action National, une feuille de route essentielle pour assurer la responsabilité sociale des entreprises djiboutiennes.

« Nos entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, ne sont pas en marge des efforts déployés pour promouvoir une société plus juste et inclusive. Ce projet, soutenu par les principes directeurs des Nations Unies, ouvre une nouvelle voie vers une société plus équitable où les droits de chacun sont respectés et protégés » a souligné Ali Soubaneh Atteyeh, président de la commission nationale des droits de l’homme à Djibouti, dans son discours d’ouverture.

L’un des aspects fondamentaux de cette initiative est l’appel lancé aux entreprises locales pour faciliter le travail des enquêteurs de l’IRICA. En ouvrant leurs portes à cette évaluation, les entreprises contribueront directement à l’élaboration de ce PAN, un document clé pour la mise en œuvre des principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux Droits de l’Homme.

Il est à noter que ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large, celle des Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés en 2015 par l’Assemblée générale des Nations Unies. Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 met en avant l’importance de la contribution des entreprises dans la réalisation des ODD. Les liens entre ces objectifs et les droits humains sont étroits : il s’agit pour les États de s’assurer que les efforts de développement incluent une dimension respectueuse des droits humains, en encourageant les entreprises à adopter des pratiques responsables.

Le développement du PAN permettra ainsi à Djibouti d’adapter les Principes directeurs des Nations Unies au contexte national et de renforcer la cohérence entre les politiques publiques en matière de droits humains et de développement durable.

Dans son allocution dédiée à cette rencontre, la représentante du PNUD à Djibouti, Mme Emma N’Gouan-Anoh, a réaffirmé le rôle de son organisation dans l’accompagnement technique et financier de ce projet. Elle a notamment mis en avant l’importance de la coopération internationale pour soutenir les initiatives locales.

« Le PNUD est fier de collaborer avec Djibouti dans ce processus. L’intégration des droits humains dans les activités économiques est un enjeu crucial pour assurer un développement inclusif et durable » a précisé la responsable onusienne.

L’événement a également bénéficié de la participation de plusieurs personnalités importantes, témoignant de l’importance accordée à cette initiative par les autorités locales. Youssouf Moussa Dawaleh, Président de la Chambre de Commerce de Djibouti, a exprimé son soutien à la mise en œuvre des recommandations issues de l’évaluation nationale. Il a souligné que les entreprises djiboutiennes ont un rôle clé à jouer dans la construction d’une économie respectueuse des droits humains :

Le secrétaire général du ministère de la justice et des affaires pénitentiaires, chargé des droits de l’homme, Maki Omar Abdoulkader, a quant à lui rappelé dans son intervention, l’importance de la responsabilité des entreprises, notamment dans la prévention des abus et la protection des droits des employés.

L’intégration des droits humains dans les politiques d’entreprise n’est pas seulement une obligation morale, mais aussi une opportunité pour renforcer la compétitivité et la durabilité des entreprises. En s’engageant à respecter les droits humains, les entreprises améliorent leur réputation, renforcent leur crédibilité et gagnent la confiance des consommateurs, des investisseurs et des communautés locales.

Cet atelier de rencontre-débat a permis d’aborder des sujets tels que la prévention des abus, l’intégration des principes des droits humains dans les politiques d’entreprise, ainsi que la responsabilité des entreprises vis-à-vis de leurs employés et des communautés environnantes.

L’un des objectifs clés du projet “Entreprises et Droits Humains” est de sensibiliser les acteurs économiques aux bonnes pratiques en matière de droits humains et de les encourager à jouer un rôle actif dans la construction d’une société plus juste.

À la fin du mois d’octobre, une délégation djiboutienne participera au Forum arabe “Entreprises & Droits de l’Homme” à Doha. Cette occasion sera propice pour Djibouti de partager son expérience et de mettre en avant son engagement pionnier dans ce domaine.

Le Plan d’Action National en cours d’élaboration positionnera Djibouti parmi les pays leaders de la région en matière d’entreprises et de droits humains. En adoptant ce plan, Djibouti pourra renforcer ses institutions, améliorer les conditions de travail et promouvoir une croissance économique plus inclusive.

« Ensemble, nous pouvons bâtir une société où les droits humains sont au cœur de chaque action, qu’elle soit publique ou privée.

Nous devons redoubler d’efforts collectifs pour atteindre cet idéal, en alignant nos actions sur les valeurs universelles des droits humains » a indiqué le président de la CNDH, Ali Soubaneh Atteyeh.

En tout cas, l’atelier Rencontre-débat du mardi 15 octobre dernier, représente une étape importante de l’ambition de voir une économie djiboutienne respectueuse des droits humains.

RACHID BAYLEH