Si le ramadan est un mois de jeûne, de charité, de partage, et de fraternité, c’est aussi un évènement qui accroît et modifie le mode de vie des ménages puisque durant cette période le volume de consommation passe presque du simple au double, ce qui booste les transactions commerciales. Et c’est un mois où l’on se prépare mentalement, spirituellement et surtout économiquement.

Sur le plan psychologique, on a tendance à consommer plus qu’on ne peut pas absorber, d’autant plus que le Ramadan semble pour beaucoup de croyants une période où on doit manger encore plus que d’habitude surtout pendant la nuit, ce qui ne concorde pas avec la vraie image du jeûne invoquée par Dieu.

Cette nouvelle tendance alimentaire se fait sentir sur les produits comme les dattes, le sucre, le pain et le lait, de même les viandes et les produits agricoles. Selon les experts en Import-export, le mois du ramadan est un mois d’importation intense, soit 1 ou 2% de plus que d’habitude pour les gros commerçants-distributeurs locaux, spécialement dans le domaine de la farine et du sucre, prévus pour la préparation de beignets et de samboussas, primordial pour la rupture du ramadan.

Il faut savoir qu’il a été importé énormément de fruits & légumes pour ce mois béni du ramadan et M. Gorah, marchand et membre du groupe de valorisation de produits agricoles, annonce qu’une production locale de 250 tonnes de tomates, et l’Etat pour faire face à l’inflation de prix de denrées alimentaires a ramené une importante quantité de farine et d’huile, inondant et fructifiant les principaux marchés du pays, une bonne méthode pour freiner la hausse des prix.

Quant aux sucres, leur besoin en consommation est estimée en ce mois de ramadan de 40.000 tonnes à 50.000 tonnes, bien plus que les autres mois de l’année dont le besoin s’effectue à 20.000 tonnes.

Le Ramadan, sacrée business                                 

Le mois sacré du ramadan ne profite pas seulement aux grandes entreprises mais offre aussi des opportunités aux petites affaires issues de l’informel dont les vendeurs de pastèque, les vendeuses ambulantes de samboussas ainsi que les vendeurs de dattes, de cure-dents (Aday) et de chapelet qui se vendent comme de petits pains dans les rues de la capitale.

Selon Mohamed, vendeur de chapelet au souk du Bas-Côté, le prix du chapelet était avant entre

300 fd et 500 fdj, mais en cette période de ramadan, les gens les achètent à plus de 500 fd allant même jusqu’à 1000 fd. Jeûner, c’est acheter régulièrement un Aday, bâtonnet servant à nettoyer les dents et compagnon de plusieurs jeûneurs. D’après Ahmed le vendeur des Aday et fin connaisseur du produit, c’est une matière qui rend les dents éclatantes, éclaircit les yeux et chasse les mauvaises haleines après chaque rupture du jeûne. Puis, il y a le samboussas et la pastèque qui viennent compléter la liste de mets très appréciés des djiboutiens en ce mois de privation. Vendus en détail ou en gros, il y en a pour toutes les bourses.

Or, les produits de tous ces petits business entrent dans le precept islamique, cela étant confirmé par l’imam Ahmed Nour de la mosquée de Cheikh Moussa : « Le Prophète Mohamed (SBSL) a failli rendre l’usage du cure-dent obligatoire et dit dans un de ses hadiths que si je ne craignais pas d’imposer le pénible à mon peuple, je leur contraindrai de se curer les dents après chaque appel à la prière et lors de chaque ablution ».

Quelques activités touchées pendant le Ramadan.

On constate durant cette période de ramadan, une baisse de productivité dans certains secteurs tels que la restauration fermée le matin, ramadan oblige, qui connaît peu de client et particulièrement le soir, il y a ensuite le transport qui relate une baisse d’activités en raison de la circulation restreinte de la population à jeûn, le domaine de l’habillement est aussi durement touché durant cette période, mais sera fortement gâtée pendant la fête de l’Aïd. Etc…

Ramadan, mois de charité envers les nécessiteux

C’est un moment d’empathie envers ceux qui sont dans le besoin et qui meurent de faim par millions dans le monde. Néanmoins, les musulmans sont censés observer la sadaga (la charité) non seulement durant toute l’année, mais surtout au mois béni du ramadan.

Aussi, les organismes de charité sont nombreux et choisissent cette période pour être généreux et distribuent des quantités de dons aux plus démunis.

M. Houssein, handicapé en moto roulante, mendie chaque jour près du carrefour de Nougaprix, un axe très fréquenté par les voitures. Il est sûr de trouver des passants se montrant généreux. Il déclare « je profite surtout au moment des embouteillages et le mois du ramadan est le moment où je perçois beaucoup d’argent soit entre 5000 fd et 10 000 fd, il y a même des gens qui m’offrent 1 kg de riz et de dattes ».

Certes, ce mois de jeûne est aussi une période qui engendre un gros gâchis en raison de la hausse de consommation alimentaire si bien que 40% de produits achetés et cuisinés finissent  en poubelle, surtout quand on jeûne à une période fraîche, qui est mieux vécue économiquement car les journées de jeûne sont bien plus courtes que celles de l’été.

Or, la grande attraction de cette période est surtout la télévision qui joue un rôle primordial, c’est le rendez-vous des amateurs de séries télévisées musulmanes, une série de 30 épisodes est diffusée chaque nuit, dans l’espoir d’attirer plus des spectateurs et des publicités.

Les 6 chaînes nationales multiplient leur offre en la matière, et il y en a pour tous les goûts. La télévision, c’est aussi 50% des revenus publicitaires annuels durant ce mois béni.

Enfin, Djibouti se transforme complètement en ce mois sacré, si bien qu’on contemple les décorations lumineuses au centre-ville, les vitrines de magasins ornées et ou l’on peut voir des enseignes vous souhaitant un ramadan karim.Le mois de ramadan est le ‘occasion de se concentrer sur l’âme plutôt que sur le corps, de devenir plus spirituel que matériel tout en améliorant son comportement, et qui vit à Djibouti, terre d’Islam doit absolument se plier aux exigences du Seigneur et jeûner à tout prix, car nul ne peut ignorer l’observation du mois de jeûne du ramadan étant donné qu’Il est le quatrième des cinq piliers de l’Islam.

SALEH IBRAHIM rayaleh