Hier, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed a présenté un discours sur la politique budgétaire du gouvernement pour 2025. qui se veut ambitieux malgré les défis économiques actuels. Analyse des principales priorités d’une politique ambitieuse malgré les turbulences internationales.
Maintien de la stabilité économique malgré les crises
Le Premier ministre a d’abord souligné l’impact des crises internationales sur l’économie nationale, mentionnant notamment la pandémie de COVID-19, les conflits en Europe et la guerre en Palestine, des événements qui ont lourdement pesé sur la croissance économique mondiale. “La guerre entre Israël et la Palestine… perturbe la croissance mondiale et, par voie de conséquence, notre économie ouverte sur le monde”, a-t-il affirmé, insistant sur la fragilité des économies émergentes face à de telles perturbations.
Ces difficultés ont forcé le gouvernement à adapter ses prévisions budgétaires et à procéder à des ajustements. Le Premier ministre a évoqué la présentation imminente d’un budget rectificatif pour 2024 et d’un budget définitif pour 2023, soulignant l’importance des “collectifs budgétaires” pour réagir à ces crises imprévues.
Réformes budgétaires et transparence
Malgré ces obstacles, le gouvernement affiche un optimisme prudent. Le discours a mis en avant des indicateurs positifs, notamment une stabilisation de l’épargne nationale brute à 40 % du PIB et un maintien des investissements en capital autour de 20 % du PIB. Le Premier ministre a rappelé que le Plan National de Développement (PND) 2020-2024, aligné sur la vision stratégique “Djibouti 2035”, continue de guider les actions du gouvernement vers une croissance inclusive et durable. Le pays, positionné comme un hub logistique régional, bénéficie encore de cette dynamique, même si le contexte international impose des ajustements fréquents.
Une illustration notable de cette résilience est la performance inattendue du secteur du transbordement, avec une augmentation des activités portuaires de 2693 %. Cette envolée, bien que surprenante dans un environnement maritime difficile, démontre la capacité du pays à tirer parti de sa position géographique stratégique.
Un cadre budgétaire triennal pour plus de visibilité
L’une des principales nouveautés annoncées par le Premier ministre est l’introduction d’un cadre budgétaire sur trois ans, offrant ainsi une meilleure visibilité pour les citoyens et les opérateurs économiques. Ce changement vise à “mieux appréhender l’évolution future de la politique budgétaire”, un élément clé pour stimuler les investissements privés dans un climat d’incertitude.
En parallèle, le gouvernement prévoit de renforcer la gestion des finances publiques avec des réformes structurelles. Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de simplifier les procédures fiscales, de les dématérialiser et de lutter activement contre l’évasion fiscale. Il a également mentionné l’importance d’un “cadrage macroéconomique” stable pour garantir une croissance soutenue entre 2025 et 2027, avec une prévision de croissance du PIB de 6,5 % à 7 %.
Des défis sociaux persistants
Sur le plan social, le discours a mis l’accent sur les résultats encourageants des politiques en matière de santé et d’éducation. Le Premier ministre a évoqué avec satisfaction l’augmentation de la population des moins de cinq ans, qui représente 12,7 % de la population totale, un signe selon lui des progrès réalisés dans la santé infantile. Il a également souligné l’allongement de l’espérance de vie, avec une augmentation significative de la population des plus de 60 ans, passant de 35 000 à 75 000 entre 2009 et 2024.
Le gouvernement prévoit de poursuivre ces efforts en allouant des ressources supplémentaires au secteur de la santé, avec la construction de nouveaux hôpitaux et le maintien d’une priorité budgétaire pour ce secteur. L’éducation, autre pilier de la politique sociale, continuera de bénéficier d’investissements massifs, notamment par la construction d’écoles et de collèges dans tout le pays.
Transition énergétique et diversification économique
Enfin, le Premier ministre a annoncé des perspectives prometteuses dans le secteur de l’énergie, avec la découverte d’un potentiel hydrolien dans la passe du Goubet. Cette nouvelle source d’énergie renouvelable, combinée aux énergies solaire, éolienne et géothermique déjà exploitées, pourrait ajouter 80 mégawatts de puissance électrique au réseau national. Cette diversification des sources d’énergie est un levier essentiel pour renforcer la résilience économique du pays.
En somme, le discours du Premier ministre met en évidence la volonté du gouvernement de poursuivre une croissance inclusive tout en naviguant dans un contexte international instable. Les réformes budgétaires, les investissements dans les infrastructures, et la priorité donnée à la santé et à l’éducation sont des signaux positifs. Cependant, les incertitudes restent nombreuses, notamment face à une économie mondiale en crise. La réussite de ces ambitions dépendra en grande partie de la capacité du gouvernement à maintenir cet équilibre entre rigueur budgétaire et soutien à la croissance.