L’Agence Nationale du système d’information de l’Etat (ANSIE) a lancé officiellement hier matin au Sheraton hôtel la 3ème édition de la semaine nationale de la cybersécurité. Placée sous l’égide du secrétaire général du gouvernement M. Almis Mohamed Abdillahi, l’édition de cette année vise à renforcer les compétences des institutions et sensibiliser l’ensemble des citoyens et acteurs économiques aux enjeux croissants du numérique.

C’est dans un contexte où la cybercriminalité se développe à une vitesse inquiétante, qu’a débuté hier matin au Sheraton hôtel, la 3ème édition de la semaine nationale dédiée à la cybersécurité à Djibouti. Placée sous le haut patronage du secrétaire général du gouvernement, M. Almis Mohamed Abdillahi, principal instigateur du programme, l’édition de cette année vise à renforcer d’une part les compétences des institutions de défense numérique et de l’autre à sensibiliser les citoyens sur les enjeux et les dangers liés à internet.  

L’évènement organisé par l’Agence Nationale du système d’information de l’Etat (ANSIE) a réuni sur place le directeur général de l’agence organisatrice, Moustapha Mohamed Ismail,  le Secrétaire Général du Ministère Délégué chargé de l’Economie Numérique et de l’Innovation, Abdallah Ibrahim Omar, des nombreux hauts responsables des ministères sectoriels dont ceux du ministère de la femme et de la famille, des hauts gradés de la police nationale et de la gendarmerie nationale, des représentants de la société civile et plusieurs autres personnalités anonymes. Il est à noter que l’ANSIE en collaboration avec le ministère de la femme et de la famille et le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, a organisé en amont, des journées de sensibilisation dans plusieurs établissements scolaires du pays.  

L’édition de cette année est rythmée selon l’agenda concocté par les cadres de l’ANSIE, par un programme ambitieux, conçu pour répondre aux besoins de tous les acteurs du numérique, tant au sein de l’administration que dans le secteur privé. Les activités prévues incluent des ateliers pratiques de formation, et des simulations de cyberattaques pour tester les capacités de réponse des équipes techniques et renforcer leur résilience. Ces sessions ont pour but de démontrer l’importance de la vigilance et de l’anticipation en matière de sécurité numérique.

Dans son discours inaugural, le secrétaire général du gouvernement, Almis Mohamed Abdillahi a insisté sur l’importance du sujet. « Nous vivons une époque de transformation rapide où les technologies de l’information et de la communication, en particulier l’Internet, ont définitivement redéfini la façon dont nous interagissons, ont redéfini la façon dont nous travaillons et la façon dont nous échangeons » a-t-il indiqué.

En ce qui concerne la protection de notre cyberespace, elle n’est donc plus une simple option, selon lui. « Elle constitue a-t-il ajouté désormais une nécessité, pour les pouvoirs publics, pour les acteurs économiques mais aussi et surtout pour chacun d’entre nous » « Si mon smartphone est piraté, ce sont mes données personnelles qui s’envolent ou qui, pire encore, sont livrées au public, c’est mon intimité qui est dévoilée » a-t-il prévenu avant de dévoiler les missions principales de cette 3ème édition de le Semaine Nationale de la Cybersécurité qui selon lui constitue un appel à la vigilance.  Dans le cadre de cette semaine, il s’agit selon le secrétaire général du gouvernement, M. Almis Abdillahi Mohamed de sensibiliser, mais aussi d’approfondir les connaissances et les pratiques qui garantissent la sécurité de notre espace numérique.

Le directeur général de l’ANSIE, Moustapha Mohamed Ismail qui l’a suivi, a mis l’accent sur la nécessité de développer une culture de la cybersécurité en encourageant la responsabilité individuelle et collective. « Nous devons alors innover et nous adapter. Rester à la pointe des technologies émergentes est essentiel. Nous devons investir dans la recherche et le développement pour anticiper les nouvelles menaces » a-t-il déclaré et de souligner également que « l’intelligence artificielle est l’une des technologies clé de la quatrième révolution industrielle ».

« Toutefois son usage est double tranchant. Si elle offre des opportunités considérables, elle peut également être exploitée à des fins malveillantes. » a averti Moustapha Mohamed Ismail « Il est de notre responsabilité d’apprendre à utiliser ces technologies de manière responsable, tout en atténuant les risques qu’elles engendrent » a-t-il insisté par la suite.

Le secrétaire général du ministère Délégué chargé de l’Economie Numérique et de l’Innovation, Abdallah Ibrahim Omar, a également pour sa part, mis l’accent sur l’importance du sujet « Les cyberattaques, les fraudes en ligne, et la manipulation de données sont des réalités auxquelles nous devons faire face » a-t-il indiqué.

Pour M. Abdallah Ibrahim, « chaque utilisateur d’internet, chaque organisation, quelle que soit sa taille, est vulnérable ». « Il est donc impératif que nous agissions ensemble pour bâtir un environnement numérique sécurisé, résilient et fiable » a-t-il ajouté, pour préciser l’importance d’une action synergique pour cerner cette problématique.  

La présence de hauts gradés de la gendarmerie nationale et de la police nationale lors de cet événement témoigne de l’importance que la république de Djibouti accorde à la cybersécurité qui dorénavant est une question de sécurité publique. « La cybersécurité n’est plus simplement une question de confidentialité ou de protection de la vie privée ; c’est une question de défense nationale, » a bien souligné un officier de la police nationale participant à cette cérémonie.

Dans le cadre de cette 3ème édition de la Semaine Nationale de la Cybersécurité, les autorités ont tracé une feuille de route ambitieuse qui s’inscrit dans le cadre de la stratégie nationale de cybersécurité qui repose sur plusieurs axes majeurs : renforcer les infrastructures de sécurité, sensibiliser le grand public aux enjeux de cybersécurité, et encourager l’innovation pour anticiper les défis à venir.

RACHID BAYLEH

Le point avec… Almis Mohamed Abdillahi

Secrétaire général du gouvernement

 « La sécurité numérique ne doit pas être perçue comme une responsabilité exclusive des spécialistes, mais se doit d’être perçu comme un enjeu collectif »

Nous vivons une époque de transformation rapide où les technologies de l’information et de la communication, en particulier l’Internet, ont définitivement redéfini la façon dont nous interagissons, ont redéfini la façon dont nous travaillons et la façon dont nous échangeons. (…) Les technologies de l’information sont au cœur des services publics, de l’éducation, de la santé, et bien sûr de nos administrations. Elles jouent un rôle dans l’amélioration de notre quotidien, dans la gouvernance publique et “in fine” dans notre vivre ensemble. Les avancées que nous réalisons dans le domaine du numérique peuvent paraître suffisantes ou insuffisantes, mais pour autant, et qu’elle que soit notre appréciation en la matière, elles ne doivent pas nous faire oublier les risques existants et l’émergence de nouvelles menaces. Les cyberattaques que nous subissons se multiplient, jour après jour, et leurs répercussions sont parfois désastreuses. Elles menacent nos données privées comme elles menacent nos données publiques, et à travers cela, elles sapent la confiance que nos citoyens placent dans nos institutions et dans notre économie (…) Le cyberespace évolue dans un monde où les frontières n’existent pas, où il n’existe pas de visa, et les menaces, auxquelles nous sommes confrontées, évoluent de plus en plus rapidement et deviennent de plus en plus sophistiquées. Les cyberattaques dans plusieurs régions du monde ont montré à quel point même les nations les plus avancées technologiquement peuvent être vulnérables et conscient de cela, nous avons voulu utiliser cette plate-forme afin de réunir des experts, des décideurs politiques, des universitaires et des acteurs économiques, afin d’échanger sur les meilleures pratiques et les innovations nécessaires à la protection de nos systèmes, afin d’asseoir notre stratégie nationale de cybersécurité autour de trois piliers essentiels : la résilience des infrastructures, la sensibilisation et la coopération nationale et internationale.

Il nous faut donc, en premier lieu, nous assurer que nos infrastructures numériques critiques — telles que les réseaux énergétiques, de communication, de logistiques, et financiers —soient protégées et résilientes face aux cybermenaces. La création du CERT en septembre dernier constitue une première étape et en partenariat avec les intuitions publiques et les acteurs privés, nous œuvrons pour renforcer nos systèmes de défense. Ces efforts visent non seulement à prévenir les attaques, mais aussi à minimiser les impacts lorsqu’elles surviennent. Il nous faut également œuvrer davantage dans la sensibilisation auprès de nos concitoyens, au sein de nos écoles, dans nos administrations mais aussi auprès des acteurs privés et de la société civile. Nous devons éveiller les Consciences de l’ensemble de nos citoyens, des parents surtout, des acteurs économiques, et des administrations publiques des risques liés au cyberespace. La sécurité numérique ne doit pas être perçue comme une responsabilité exclusive des spécialistes, mais se doit d’être perçu comme un enjeu collectif. Nous devons intégrer la cybersécurité dans nos pratiques au quotidien. Il nous faut davantage de campagnes de sensibilisation, davantage de programmes de formation adaptés à tous les niveaux et l’adoption de bonnes pratiques. L’objectif est de former une société plus informée et mieux préparée à identifier, prévenir et réagir aux cybermenaces, afin de garantir un environnement numérique plus sûr et résilient. Il nous faut enfin comprendre que la cybersécurité repose sur une coopération nationale et internationale renforcée. Nous ne pouvons pas relever seuls, dans notre coin, les défis complexes et évolutifs du cyberespace. Il est essentiel de mobiliser tous les acteurs au niveau national — institutions publiques, secteur privé, société civile — pour créer davantage de synergie afin de consolider notre résilience collective face aux cybermenaces. Cette collaboration nationale plus que nécessaire doit pouvoir s’appuyer également sur une coopération internationale plus soutenue, car les cyberattaques ne connaissent pas de frontières.

C’est dans cette optique que nous avons intensifié nos partenariats avec nos voisins régionaux, tout en renforçant nos alliances globales. En signant des accords bilatéraux et multilatéraux avec des organisations spécialisées, comme celui avec le Global Cybersecurity Forum, nous nous engageons à échanger des informations critiques, à harmoniser nos cadres juridiques et à développer des solutions concertées pour lutter efficacement contre les menaces cybernétiques. Le futur de l’humanité passe par le numérique, nous en sommes certains, et il dépend de notre engagement collectif à construire un cyberespace plus sûr et plus inclusif. (…) Ensemble, nous pourrons mieux, ensemble nous pourrons faire plus et ensemble nous pouvons envisager un futur plus sûr.