Dans une déclaration commune faite à l’issue de la troisième Conférence ministérielle d’évaluation du Partenariat Afrique- Türkiye, les ministres des Affaires étrangères et chefs de délégation d’Afrique représentant l’Union africaine et ses institutions, et ministre des Affaires étrangères de la République de Türkiye, réunis à Djibouti, le 3 novembre 2024, ont montré du doigt l’injustice des pays du monde envers le peuplepalestinien, en consolidant un partenariat qui incarne espoir, ambition, et solidarité pour l’avenir des deux parties.

La rencontre qui s’est tenue à huis clos, à l’issue de la cérémonie inaugurale de la conférence, a permis aux ministres et diplomates africains et turcs, réunis à l’hôtel Kempinski le 3 novembre passé, de faire non seulement le bilan des programmes de leurs partenariats avec la Turquie, pour la période 2022-2024 mais de tracer également les perspectives de ceux des deux prochaines années (2024-2026).

A l’issue de leur rencontre, le ministre djiboutien des Affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Mahmoud Ali Youssouf, son homologue turc, Hakan Fidan, le ministre des Affaires étrangères de Mauritanie et président du Conseil exécutif de l’Union Africaine, Mohamed Salem Merzoug et le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat, se sont adressés à la presse. Ensemble, ils ont fait le point sur cette troisième conférence ministérielle d’évaluation du partenariat Afrique-Türkiye, visant à faire progresser leur coopération vers un avenir prospère et pacifique.

Un partenariat renforcé dans les secteurs clés du développement

« Les discussions ont eu lieu dans un esprit de solidarité, visant à consolider un partenariat déjà concret et bénéfique pour les deux parties », a précisé le ministre djiboutien des affaires étrangères et de la coopération internationale, M. Mahmoud Ali Youssouf, en ouvrant la conférence de presse.

Dans leurs interventions respectives les représentants africains et turcs ont souligné la richesse de ce partenariat, formalisé en 2008 et qui s’étend aujourd’hui à des domaines aussi divers que l’économie, les infrastructures, la santé, et l’éducation. « Ce partenariat a fait ses preuves dans des domaines vitaux pour nos deux régions », a déclaré Moussa Faki Mahamat, avant de rappeler que la Türkiye est présente à travers de nombreux projets d’infrastructures sur le continent africain. La construction de routes, de ports, d’hôpitaux et de centres éducatifs en Afrique par des acteurs turcs témoigne de la profondeur de cette coopération.

Le président de la Commission de l’UA a insisté sur le rôle moteur de l’Agenda 2063, qui, selon lui, est la boussole de ce partenariat. « Les priorités que nous avons définies, telles que les infrastructures, la paix, la sécurité, et le développement humain, sont en parfaite résonance avec cet agenda, » a-t-il souligné.

Des recommandations pour renforcer la coopération

Les ministres ont révélé que des recommandations stratégiques, issues de ce sommet, guideront la suite de leur coopération dans les années à venir. « Nous avons convenu de renforcer les efforts conjoints pour un partenariat basé sur la confiance et le respect mutuel », a déclaré pour sa part le ministre des affaires étrangères de la Mauritanie Mohamed Salem Merzoug. Il a salué le respect et la compréhension mutuels manifestés par la Türkiye envers l’Afrique, affirmant que ce climat de coopération permet des échanges ouverts et fructueux.

Le communiqué final adopté à l’issue de cette rencontre de Djibouti, comporte plusieurs points cruciaux, notamment sur le renforcement des infrastructures, le développement des secteurs sociaux, et l’éducation. Les participants ont également abordé les questions de paix et de sécurité, soulignant le rôle de la Türkiye dans les efforts de médiation en Afrique, ainsi que son engagement à soutenir des solutions africaines pour les problèmes africains.

Une réflexion internationale : vers une gouvernance plus inclusive

Les participants ont également profité de cette rencontre pour exprimer leurs préoccupations sur les crises actuelles qui secouent le Moyen-Orient, notamment le conflit en Palestine. Les ministres ont vivement critiqué le Conseil de sécurité des Nations unies, dénonçant son incapacité à garantir la paix et la sécurité dans la région et à appliquer le droit international de manière équitable. « Nous vivons dans un monde injuste où une grande partie de l’humanité, notamment l’Afrique, est exclue de la gouvernance mondiale », a déploré Moussa Faki Mahamat. En écho, Hakan Fidan a réitéré l’engagement de la Türkiye à soutenir la cause palestinienne et a appelé à une action internationale ferme pour mettre fin aux violences.

Cette conférence a ainsi été marquée par un appel commun pour une réforme du Conseil de sécurité, afin de rendre cet organe plus représentatif et en adéquation avec les réalités géopolitiques actuelles. Le ministre des affaires étrangères de la Türkiye, Hakan Fidan a réaffirmé le soutien de son pays aux positions africaines sur la réforme, soutenant les aspirations africaines à une représentation plus juste.

Au-delà des préoccupations internationales, les ministres ont insisté sur les défis propres au continent africain, tels que le développement économique et la sécurité. « La Türkiye est prête à soutenir les efforts de sécurité et de paix en Afrique », a souligné Hakan Fidan, rappelant les actions turques dans la formation des forces de sécurité africaines et la lutte contre le terrorisme. Il a notamment évoqué le processus de médiation initié par la Türkiye pour apaiser les tensions entre la Somalie et l’Éthiopie. En effet, la Corne de l’Afrique, dont la Somalie et l’Éthiopie constituent deux acteurs majeurs, est confrontée depuis ces derniers temps à un différend géopolitique.

Devant un parterre de journalistes, Hakan Fidan, ministre turc des Affaires étrangères, Mohamed Salem Merzoug, son homologue mauritanien et président du Conseil exécutif de l’Union Africaine, et Moussa FakiMahamat, président de la Commission de l’Union Africaine, ont réaffirmé leur volonté de faciliter un dialogue permettant à ces deux pays voisins de surmonter les différends.

La Turquie, qui a affirmé son rôle de partenaire et de médiateur en Afrique, s’est depuis longtemps investie pour soutenir des solutions pacifiques dans la région. Au cours de la conférence de presse, Hakan Fidan a mis en avant les efforts déployés par la Turquie pour rétablir le dialogue entre la Somalie et l’Éthiopie. Un processus de médiation, initié à Ankara dès juillet dernier, a permis d’organiser trois rencontres ministérielles entre les deux pays, dont deux en Turquie et une aux États-Unis. « La Turquie s’efforce de jouer un rôle constructif, non seulement en apportant un cadre de dialogue, mais en travaillant en profondeur pour comprendre les dynamiques complexes de ce conflit, qui mêle des facteurs historiques, économiques et sociaux, » a indiqué Hakan Fidan, ministre des affaires étrangères de la Türkiye.

« Nous espérons que les dirigeants somaliens et éthiopiens pourront surmonter les pressions internes et reconnaître l’importance d’une résolution pacifique et durable» a-t-il ajouté.

Des solutions africaines pour des problèmes africains

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine, a salué la Turquie pour ses efforts de médiation, mais a également souligné l’importance d’une approche africaine dans la résolution des conflits. « La règle des solutions africaines pour des problèmes africains est cruciale. Nous devons, en tant que continent, trouver des voies pour résoudre nos propres différends, mais cela ne signifie pas que nous n’accueillons pas avec gratitude les initiatives d’amis et de partenaires comme la Turquie, » a-t-il affirmé.

Djibouti, en tant que voisin immédiat de l’Éthiopie et partenaire stratégique dans la région, joue un rôle central dans cette médiation. Le ministre djiboutien des Affaires étrangères, Mahmoud Ali Youssouf, a rappelé le rôle que son pays joue dans ce différend. « Djibouti souhaite également voir un rapprochement entre la Somalie et l’Éthiopie, car la paix dans cette région bénéficierait à l’ensemble de la Corne de l’Afrique, » a-t-il dit aux journalistes.

Les dirigeants politiques africains et turcs se sont félicités par la suite, de la qualité des discussions tenues à Djibouti, qui ont permis de consolider les liens entre l’Afrique et la Türkiye. Ils ont souligné l’importance de ce partenariat pour le développement socio-économique de l’Afrique et l’impératif de le pérenniser. En tout cas, la déclaration de Djibouti incarne espoir, ambition et solidarité aussi bien pour continent africain mais également pour la Turquie

Avec la promesse d’un quatrième sommet en 2026, les deux parties se sont engagés à maintenir un dialogue étroit et à multiplier les initiatives en faveur de la prospérité partagée. En effet avec des échanges commerciaux dépassant les cinq milliards de dollars, ce partenariat représente une dynamique positive pour l’Afrique.

RACHID BAYLEH