Après quarante années de bons et loyaux services, l’office national d’assistance aux réfugiés et aux sinistrés est à un tournant de son histoire. Le gouvernement veut transformer l’office en une agence humanitaire avec des compétences élargies et des capacités à la hauteur de ses missions.

Le patron de l’ONARS a bien voulu nous en dire plus. Entretien…

La Nation : L’ONARS s’apprête à se transformer en une agence humanitaire avec des compétences et des capacités autrement plus élargies. Que pouvez-vous nous en dire ?

Houssein Hassan Darar : L’ONARS est une chaîne auxiliaire pour l’action humanitaire entre le gouvernement et les agences onusiennes ainsi que les organisations internationales. Et le travail accompli depuis plus de 40 ans est aujourd’hui reconnu à sa juste valeur par le gouvernement qui a décidé de lui donner une seconde vie, pour ainsi dire. C’est dans ce cadre qu’un mandat d’élargissement des compétences pour transformer l’ONARS en une agence humanitaire est en pleine élaboration. Aujourd’hui, un nouveau siège est en pleine construction sur le site du PK 13 avec des moyens autrement plus renforcés. La cause des réfugiés et l’action humanitaire est toujours prégnante dans notre région, c’est pourquoi, il fallait une structure plus adaptée disposant des moyens à la mesure des défis quotidien. D’où cette volonté de transformer l’office en une agence nationale qui devra avec le temps devenir une agence régionale humanitaire. Cet élargissement de mandat se fera sous forme de décret présidentiel, et il n’attend qu’à passer devant le conseil des ministres.   

Sous votre direction, l’ONARS a amplifié ses activités et renforcé son assistance humanitaire à un niveau non encore atteint. Quels sont les  actions les plus remarquables et les temps forts de votre action ?

J’ai pris la tête de l’ONARS en novembre 2014, et  cela fait exactement 5 ans que je dirige cette noble institution. J’aimerais saluer l’engagement du HCR et de l’OIM, ainsi que du PAM et du reste des agences onusiennes et des organisations internationales qui apportent leur concours et leurs précieuses contributions aux côtés des humanitaires dévoués que nous sommes à l’ONARS. La cause des réfugiés et des sinistrés reste une vocation, et j’aimerais rendre hommage à tous mes collaborateurs qui ne ménagent jamais leur peine pour soulager le quotidien assez difficile des réfugiés. J’aimerais saluer le travail commun que nous avons réalisé ensemble lorsque les réfugiés yéménites ont afflués sur nos côtes, et aujourd’hui le village de réfugiés Markazi est très bien équipé grâce à l’action conjointe de plusieurs acteurs dont principalement, le centre du Roi Bin Salman pour les réfugiés qui a apporté des mobiliers et des matériels pour offrir une existence digne et un séjour acceptable aux réfugiés yéménites à Djibouti. Par ailleurs, nous avons procédé à la réhabilitation du centre de transit de Loyada pour les migrants, tout comme nous avons pu mettre en place le centre de Damerjog qui accueille plus de 650 familles de sinistrés et de déplacés internes. D’un autre côté, nous avons réussi à rapatrier des centaines de réfugiés Ethiopiens et Somaliens. Notre pays a signé le pacte mondial des réfugiés ou pacte de Marrakech, et cela donnera de plus grandes latitudes aux réfugiés à Djibouti et ailleurs. Dans le même état d’esprit, nous avons célébré les anniversaires de l’ONARS parmi les réfugiés pour leur donner voix au chapitre et leur permettre d’exprimer leurs doléances et attirer l’attention de la communauté internationale.

Notre pays a toujours été aux avant-gardes en matière de protection et d’assistance aux réfugiés et sinistrés. Mais cette action s’est amplifiée depuis quelques années… 

Absolument. J’aimerais rendre à César ce qui lui appartient. C’est le gouvernement avec à sa tête le président de la République, M. Ismail Omar Guelleh, qui a décidé de se placer aux avant-postes de l’action humanitaire, dans une région où l’urgence était criante. En 2016, le président Ismaïl Omar Guelleh a décidé de rejoindre le mouvement mondial de protection de réfugiés. Lors de ce sommet de haut niveau des Nations Unies à New York, les gouvernements de 193 pays ont adopté des engagements essentiels visant à renforcer la protection de millions de personnes déplacées de force et qui se déplacent pour d’autres motifs dans le monde entier.

C’est dans ce contexte marqué par des niveaux record de déplacements dans le monde, que le président de la République, de concert avec les chefs d’Etat et de gouvernements, des dirigeants onusiens et des représentants de la société civile, a décidé de prendre les devant afin de mieux protéger les droits des réfugiés et des migrants et de partager les responsabilités à l’échelle mondiale. Depuis lors, notre pays a adhéré au Cadre d’Action de protection des Réfugiés ou CRRF, de son acronyme anglais. Aujourd’hui, notre pays a adopté un arsenal législatif pour la protection des réfugiés et des migrants. Mieux, il a accordé des droits élargis comme l’accès à l’éducation et au système de santé aux réfugiés, et même un droit au travail sous certaines conditions.

Plus modestement, j’aimerais rappeler que nous avons été toujours un havre de paix et une terre d’asile pour des populations désespérées qui avaient fuis les guerres et les famines dans la région.

Le dernier exemple à cette date, ce sont nos frères qui ont fuit les affres de la guerre au Yémen. Nous avons donc à la mesure de nos moyens tenté d’apporter un soulagement aux souffrances de ces populations. Plus concrètement, j’aimerais souligner l’action conjointe avec le HCR, l’OIM, le PAM, et le reste des agences onusiennes et les organisations humanitaires internationales.

Propos recueillis par MAS