Le vibrant discours du chef de l’Etat prononcé à l’occasion de la 74ème session de l’assemblée générale des Nations Unies à New-York, dans lequel il réaffirme l’attachement de son pays à la paix, à la sécurité et aux valeurs du multilatéralisme.
Nous sommes aujourd’hui réunis dans un contexte préoccupant dans lequel le multilatéralisme, qui a pour fondement la coopération internationale, subit des assauts répétés. Cette “mise en crise” est d’autant plus paradoxale qu’elle intervient à un moment où les liens d’interdépendance entre les pays du monde n’ont jamais été aussi étroits – les défis globaux requièrent donc des actions collectives globales. L’action multilatérale est vitale ! Elle est urgente !
Ce n’est que collectivement que l’on peut trouver des solutions aux défis globaux que sont la pauvreté, l’inégalité et le changement climatique. Même si les défis affectent tous à de degrés divers, les pays les plus pauvres sont les plus exposés en raison de leur fragilité. Les bouleversements géopolitiques en cours, la montée des tensions dues à la guerre commerciale et les prévisions de baisse de croissance économique mondiale génèrent des risques et soulèvent des questions quant à la capacité que nous avons de mobiliser les ressources nécessaires pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable d’ici 2030.
L’action multilatérale est vitale, elle est urgente !
Les rapports de la Banque mondiale soulignent la faiblesse préoccupante du volume d’investissement et l’impact négatif que cela pourrait avoir sur la mise en œuvre des ODD. Ces développements sont à craindre alors qu’au moment même de l’adoption de cet agenda potentiellement transformateur, nous étions conscients que nous devions non seulement adopter une approche radicalement différente mais également mobiliser un volume de financement qui s’évalue en trillions. Ainsi, la responsabilité incombe à tous de mettre en commun les ressources tout en tenant compte de la qualité de leur impact sur la durabilité. Les gouvernements doivent améliorer le climat des affaires afin d’attirer des investissements pour le développement durable. Le secteur privé doit centrer ses efforts non pas sur des investissements à court terme mais dans le long terme. Il s’agira également de rechercher ensemble des solutions innovantes afin de mobiliser le financement pour les ODD.
Djibouti est déterminé à lutter contre toutes les inégalités
Dès février 2014, Djibouti a instauré l’assurance maladie obligatoire (AMO) pour la tranche active de sa population ainsi qu’un programme d’assistance sociale de santé (PASS) pour toutes les personnes préalablement identifiées comme n’ayant aucun revenu. Au cours de ces cinq dernières années, des efforts considérables pour renforcer et étendre cette assurance aux populations migrantes et refugiées accueillies à Djibouti ont été prises. Djibouti réaffirme ainsi son attachement aux engagements pris dans la cible 3.8 dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, pour parvenir à la santé pour tous.
Par ailleurs, Djibouti a résolument fait le choix de s’orienter vers un système de santé numérique intégré, centré sur le patient, afin de développer l’Assurance Maladie Universelle, l’extension vers la couverture sanitaire universelle et ainsi créer les conditions d’un système d’information sanitaire plus performant. Djibouti est également déterminé à lutter contre toutes les inégalités, plus particulièrement celles relatives au genre en mettant cet objectif au cœur de son agenda politique. Le gouvernement, à travers des réformes structurelles, poursuit sa mission essentielle qui est d’éradiquer les obstacles politiques, économiques et sociaux auxquels les femmes sont confrontées. Cette année a débuté, en effet, par la promulgation d’une loi augmentant le quota des femmes djiboutiennes de 10 à 25 % au sein de l’Assemblée Nationale.
Le changement climatique est le défi le plus menaçant et le plus grave de notre époque. Nous avons une pensée particulière pour nos frères et sœurs de Bahamas dévastés par la destruction qui a semé la mort et la désolation à une échelle jamais connue auparavant. Nous réitérons notre gratitude au secrétaire général des Nations unies pour les nombreuses initiatives prises en vue de continuer à attirer l’attention sur un phénomène aux conséquences catastrophiques. Les débats nourris que nous avons eus lors du Sommet sur le Climat ont permis d’identifier les points d’actions concrets.
Djibouti est profondément attachée à la paix et à la promotion de solutions bilatérales saines et vigoureuses avec l’ensemble de ses voisins
Le mouvement salutaire vers la paix dans la Corne de l’Afrique se poursuit. La détermination de nos pays pour consolider les gains obtenus est chaque jour plus forte. Notre conviction qu’une paix totale et durable dans notre région est possible se raffermit chaque jour davantage. Les dernières bonnes nouvelles nous parviennent d’un pays voisin et frère, le Soudan. Nous nous félicitons du succès des négociations qui ont conduit à une sortie de crise pacifique et la signature d’un accord de partage sur le pouvoir.
Au Sud-Soudan, le processus de paix connaît des progrès encourageants. Les pourparlers divers entre le Président Silva Kiir et M. Riek Machar est un développement significatif. Nous notons, en particulier, le renouvellement de leur engagement à former un gouvernement de transition d’ici le 12 novembre. Djibouti, en tant que membre de l’IGAD, continuera à exhorter les parties à poursuivre les efforts visant à sortir de l’impasse politique et à concrétiser les engagements pris.
S’agissant de la Somalie, en dépit des tensions nées de la dynamique politique associée aux élections dans les Etats membres de la fédération et les actes de violence perpétrées par Al-Shabab, nous sommes encouragés par les progrès accomplis sur le plan économique et sécuritaire. Nous devons redoubler d’efforts afin d’aider la Somalie à atteindre ses objectifs prioritaires, à savoir les élections fédérales, le renforcement de la sécurité, la mise en œuvre des reformes économiques ambitieuses et l’allègement de la dette. Il nous faut tout mettre en œuvre afin que la dynamique régionale positive contribue aux efforts de stabilisation et de mise en œuvre du plan de transition en cours aidant ainsi à créer un environnement propice à la réconciliation nationale.
Nous demeurons confiants que les relations entre mon pays et l’Erythrée s’amélioreront encore davantage et que les questions en suspens seront définitivement résolues. Djibouti demeure profondément attachée à la paix et à la promotion de solutions bilatérales saines et vigoureuses avec l’ensemble de ses voisins. Nous devons ensemble inlassablement travailler à l’accélération des efforts visant à promouvoir l’intégration régionale. Nous saluons à cet égard le dévouement avec lequel le Premier ministre éthiopien, M. Abiy Ahmed, s’emploie à rapprocher les vues de mon pays et celles de l’Erythrée.
Le terrorisme représente une menace existentielle à la paix et à la sécurité de nos pays. Nous ne pouvons accepter que des civils innocents soient massacrés, mutilés sous des prétextes fallacieux. La situation au Sahel nous préoccupe en tant qu’Africains au plus haut point. Nous réaffirmons notre soutien et notre solidarité à l’ensemble des pays du Sahel confrontés à ce péril grave et qui déploient des efforts considérables dans le cadre du G5 Sahel. Nous exhortons la communauté internationale à mobiliser les ressources financières nécessaires en soutien à ces efforts. Nous saluons à cet égard les conclusions du Sommet Extraordinaire de la réunion du CEDEAO tenue le 14 septembre.
Nous condamnons vigoureusement l’attaque du 14 septembre ciblant les installations pétrolières en Arabie Saoudite. C’est un incident grave, qui s’inscrit dans la trajectoire inverse de la désescalade prônée par la communauté internationale. Au Yémen, nous sommes extrêmement préoccupés par la détérioration de la situation sanitaire et le risque accru de fragmentation du pays. Nous réaffirmons notre solidarité aux autorités légitimes du Yémen et saluons la volonté politique de poursuivre leurs efforts de mise en œuvre de l’Accord de Stockholm en dépit des développements négatifs qui ont rendu le climat politique délétère. Djibouti continuera à accueillir les frères et sœurs du Yémen. Ce pays frère est confronté à une tragédie humanitaire sans précèdent. Mon pays Djibouti a, dès le début, généreusement accueilli les refugiés yéménites sur son sol. Elle continuera à faire preuve de la même générosité.
La recrudescence des violences dans les territoires palestiniens occupés assombrit chaque jour davantage les perspectives d’une solution à deux Etats. Ces colonies constituent non seulement une violation du droit international, en particulier l’article 49 de la 4ème Convention de Genève, mais également des droits humains des palestiniens. Nous condamnons, en outre, avec fermeté les plans d’annexion de la vallée du Jourdain et du Nord de la Mer Morte annoncés récemment par Israël pour étendre sa souveraineté en Cisjordanie occupée.
Nous devons rassembler nos efforts, nos ressources, former des conditions sures et solides afin de consolider le multilatéralisme. L’échec n’est pas une option ! C’est la raison pour laquelle nous soutenons l’initiative lancée par l’Allemagne et la France appelée « L’Alliance pour le Multilatéralisme ».
Mr. President,
During the 74th session on June 2020, the General Assembly will hold an election for five non-permanent seats on the Security Council for the period 2021-2022, one of which is allocated for Africa. Pursuant to the African Group’s tradition of sub regional rotation, this seat should be occupied by an East African State. Under the Rules of the African Union, it is undisputable that Djibouti should be the African Group’s candidate for the seat on the Security Council for the period 2021-2022. The principle of rotation ensures that all African States, large or small, have equal opportunity to serve on the Security Council and other United Nations bodies. In light of the above, and out of respect for the sovereign equality of States, Djibouti respectfully urges all Member States to support its candidature for the Security Council for the period 2021-2022. If elected, Djibouti will relentlessly promote the obligation of all States to uphold international law in the maintenance of peace and security, and advocate for recommitment to a multilateral, rule-based international order.