
La 3ème conférence ministérielle de l’IGAD sur l’éducation des réfugiés s’est achevée mercredi 30 mars 2022, avec l’adoption par les ministres de l’éducation des pays de l’IGAD d’un communiqué final qui plaide pour le renforcement et l’accélération de l’accès à une éducation inclusive et de qualité pour les réfugiés, les rapatriés, les déplacés internes, les communautés hôtes et le partage des responsabilités en vue d’obtenir les meilleurs résultats dans le contexte de la pandémie du COVID 19.
Les délégués et les experts en éducation des pays de l’IGAD avaient travaillé la veille à une série de recommandations en faveur de l’élaboration d’une stratégie de développement d’un cadre de qualification régional, l’inclusion renforcée des réfugiés dans les systèmes éducatifs nationaux, la formation des enseignants, la mise en place de système de bourses d’études pour les réfugiés, les rapatriés, les déplacés internes et les populations hôtes ainsi que la mise en place d’un cadre de suivi évaluation de la déclaration de Djibouti.
Ce sont des recommandations qui tendent vers une mise en œuvre efficace de la Déclaration de Djibouti à travers une approche globale et intégrée susceptible de promouvoir durablement le droit à une éducation de qualité pour tous et par conséquent de consolider la paix et la stabilité dans notre région. Plus généralement, elles permettront de renforcer la protection des populations vulnérables impactées par les conflits, les changements climatiques et les pandémies au sein des pays de l’IGAD.
L’adoption du communiqué final témoigne d’un engagement commun qui devra mener à des réalisations concrètes en faveur des populations réfugiés, des rapatriés, des déplacés internes ainsi que des communautés hôtes dans les efforts collectifs.
Les ministères de l’éducation des pays membres de l’IGAD ont pris l’engagement à travailler sur cinq piliers afin de promouvoir l’éducation au niveau régional. Il s’agit principalement de l’élaboration de plans nationaux chiffrés de réponse à l’éducation pour les Réfugiés, personnes déplacées et communautés d’accueil, la formulation d’une politique globale d’éducation régionale Cadre, mais aussi l’élaboration d’une Stratégie régionale de l’IGAD pour la formation professionnelle et l’éducation technique, la mise en place de programme régional de bourses d’études de l’IGAD au bénéfice des étudiants réfugiés, rapatriés et des hôtes défavorisés au sein des communautés d’accueil et enfin la mise en place d’un programme régional de formation des enseignants de l’IGAD qui vise le renforcement les aptitudes et les compétences des enseignants du secondaire dans les communautés d’accueil de réfugiés. Les experts et les délégués ont élaboré des outils de suivi et d’évaluation des performances sur les progrès accomplis à propos des réalisons dans la mise en œuvre de la Déclaration de Djibouti ont été développés.

La 3ème conférence sur l’éducation des réfugiés, des rapatriés, des personnes déplacées internes (PDI) et des communautés d’accueil, s’est déroulée sous la présidence de S.E. Mahamoud Sir Elkhatim M. Huree, Ministre Fédéral de l’Education de la République du Soudan représenté par S.E Gamal Elsheikh, ambassadeur de la République du Soudan en Éthiopie. La réunion a vu la participation de S.E. Moustapha Mohamed Mohamoud, ministre de l’Education nationale et de la Formation professionnelle de la République de Djibouti; S.E. Prof Berhanu Nega Bonger, ministre de l’Education de la République Fédérale Démocratique d’Éthiopie; M. Charles Obiero, Directeur adjoint de l’Education, représentant S.E. Prof George Albert Magoha, CBS, secrétaire de cabinet du ministère de l’Education de la République du Kenya; S.E. Nouria Aden Issa, vice-ministre de l’éducation représentant le ministre de l’Education, de la Culture et de l’Enseignement supérieur de la République Fédérale de Somalie; S.E. Gabriel Changson Chang, ministre de l’Enseignement supérieur, des Sciences et des Technologies de la République du Sud Soudan; et S.E. Ambassadrice, Rebecca Amuge Otengo, ambassadrice de la République d’Ouganda en Éthiopie, représentant le ministre de l’Éducation et des Sports, République d’Ouganda. Étaient également présents S.E. Dr. Workneh Gebeyehu Negewo, Secrétaire exécutif de l’IGAD, et des représentants des principaux partenaires soutenant la mise en œuvre de la Déclaration de Djibouti : l’Union européenne ; le gouvernement allemand ; Education Cannot Wait ; GIZ au nom du gouvernement allemand ; le HCR; l’UNESCO ; l’UNICEF et l’USAID.
MAS
La parole à … Moustapha Mohamed Mahamoud

Ministre de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle
« C’est pour moi un immense plaisir de prendre part à cette 3ème conférence des Ministres de l’éducation nationale des pays membres de l’IGAD qui a pour objectif d’ accélérer l’accès à une éducation inclusive et de qualité pour les réfugiés , les rapatriés , les déplacés internes, les communautés hôtes et le partage des responsabilités en vue d’obtenir les meilleurs résultats dans le contexte de la pandémie du COVID 19. Je suis particulièrement fier de participer à cette conférence qui a une résonnance toute particulière pour nous en ceci qu’elle marque la détermination des pays membres de I’GAD à poursuivre les efforts communs en matière d’éducation en faveur des populations vulnérables pour la mise en œuvre de la déclaration de DJIBOUTI adoptée en décembre 2017.
Cette déclaration marque pour la république de Djibouti, terre d’échanges et de rencontres, une étape essentielle dans l’inclusion des réfugiés au sein du système éducatif national. Elle témoigne d’un engagement politique au plus haut sommet de l’État, qui a abouti à une feuille de route impulsée par Son excellence le président de la république, Son Excellence M. Ismail Omar Guelleh, qui a permis rapidement de traduire en actes les engagements pris en ce sens. Ainsi nous avons intégré les écoles accueillants les réfugiés dans le système éducatif national avec l’appui de nos partenaires dont le HCR et l’UNICEF. Dans cette optique, nous avons intégré l’éducation des réfugiés dans les documents stratégiques de la planification du ministère comme le Schéma Directeur d’Éducation et de Formation 2021-2035 et le PAE 2021-2025. Ce plan d’action met l’accent sur la mise en norme des infrastructures et l’amélioration de l’accès. Nous avons résolu le problème de la certification qui constituait un frein pour l’accès à l’enseignement secondaire et de facto à l’enseignement supérieur.
A cet égard, notons que nous comptons aujourd’hui deux promotions qui ont accédé aux études supérieures et que ces étudiants sont les premiers de leurs familles à pouvoir obtenir un diplôme universitaire donnant accès à une meilleure insertion socio- professionnelle. A la lumière des réalisations accomplies, c’est à raison que nous pouvons affirmer que nous sommes fiers du chemin parcouru quoique des défis majeurs restent encore à relever dans la concrétisation de nos engagements communs. A cet égard, il est notable de souligner que dans cette perspective, notre élan a été quelque peu freiné par le contexte inédit du COVID 19. Ainsi, notre Ministère n’a pu malheureusement se doter d’un plan d’action budgétisé qui nous aurait permis de réaliser notre ambition visant à améliorer la qualité et réduire surtout la fracture numérique entre les écoles publiques et les écoles accueillant les enfants réfugiés.
Par ailleurs, cette quête pour un enseignement de qualité pour tous les enfants résidants sur le sol Djiboutien passe nécessairement par un renforcement de capacité des enseignants. A cet égard, Djibouti a pris l’engagement lors du forum mondial sur les réfugiés de valoriser les enseignants réfugiés. Cette valorisation implique entre autres l’intégration progressive de ces enseignants dans le budget national. Le coût inhérent à cette inclusion s’élève à environ à 1million de $. Ce qui constitue une charge considérable pour le Ministère en raison de la crise sanitaire. Il m’est agréable de saisir cette opportunité pour lancer un appel solennel aux partenaires de développement pour une mobilisation des ressources. Par ailleurs, un autre point important qu’il nous faut absolument souligner est le point relatif à l’enseignement technique et la formation professionnelle pour une meilleure intégration des réfugiés et des rapatriés dans le tissu socio-professionnel conformément à la vision 2035 et à l’agenda 2063 de l’Union Africaine. »
Le point avec… Dr Workeneh Gebeyehu

Secrétaire exécutif de l’IGAD
« C’est avec grand plaisir que je vous souhaite la bienvenue à cette conférence ministérielle sur l’accélération de l’accès à des services inclusifs et de qualité de l’éducation pour les réfugiés, les rapatriés, les déplacés internes et les communautés d’accueil. Je suis personnellement encouragé par notre concentration collective et engagement au niveau national, régional et international, de ne pas désinvestir dans l’avenir de nos populations déplacées et communautés qui les hébergent.
L’éducation restaure donc non seulement la mobilité sociale des populations défavorisées, mais lève également les barrières à leur mobilité et les protège des aléas de la migration irrégulière et la traite des êtres humains en leur donnant la possibilité de se déplacer de manière sûre, ordonnée et régulière. L’éducation est l’une des voies les plus importantes vers l’intégration de la région IGAD. J’ai toujours soutenu que l’intégration régionale n’est pas un concept abstrait ; l’âme de l’intégration régionale est de se retrouver dans les interactions quotidiennes. Il est temps que notre peuple arrête de bouger pour se déplacer à la recherche d’éclaircissement.
En effet, feu Koffi Anan, ancien secrétaire général de l’ONU l’a mieux exprimé lorsqu’il a déclaré: «L’éducation est simplement la consolidation de la paix en un autre nom; C’est la forme la plus efficace de dépenses de défense. C’est donc avec l’idéal à l’esprit qu’en 2017, nos ministres en chargé de l’éducation ont adopté la Déclaration de Djibouti, qui énonce les principales actions prioritaires qui faciliteraient une approche équitable, inclusive et de qualité l’éducation des personnes déplacées de force. Cet instrument historique de politique régionale a encore été renforcé en décembre 2018 par l’appel à l’action d’Addis-Abeba. »