Nous présentons dans ces colonnes, en substance, le communiqué final émis à l’issue des travaux du 8e sommet du Comité de haut niveau de l’Union Africaine sur la Libye qui s’est tenu le 30 janvier dernier au Congo Brazzaville.

Le Comité de haut niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye a tenu sa réunion au niveau des chefs d’État et de Gouvernement, à Brazzaville, en république du Congo, le 30 Janvier 2020, pour étudier l’évolution de la situation en Libye.

Les membres du Comité ont exprimé leur profonde préoccupation au sujet de  la détérioration de la situation sécuritaire, humanitaire et économique en Libye, rendant les conditions de vie des populations de plus en plus difficiles. Cette situation en Libye nourrit les réseaux terroristes, criminels et autres trafiquants d’êtres humains qui déstabilisent plusieurs pays de la sous-région.

Le Comité a réaffirmé sa solidarité avec le peuple libyen, son ferme attachement à l’intégrité territoriale du pays, à son unité nationale et à son indépendance. A cet égard, le comité a pris note de l’offre de l’Algérie en vue de rapprocher les différentes vues et a réitéré son engagement à promouvoir le retour aux négociations et ce conformément aux décisions antérieures de l’Union Africaine sur la réconciliation en Libye tout en rappelant la décision prise précédemment par la conférence des chefs d’état d’organiser à Addis Abeba un forum de réconciliation nationale inter-lybienne .

Le Comité apprécie les efforts des pays voisins de la Libye et les sacrifices consentis pour venir en aide aux populations libyennes affectées par la crise et appelle à la poursuite de cet effort en conformité avec les décisions de la conférence des chefs d’état et de gouvernement.

Le Comité s’est engagé en faveur du dialogue politique libyen en rappelant l’urgence d’un dialogue inclusif réunissant toutes les parties libyennes pour promouvoir la cessation du conflit et la recherche d’une solution libyenne à la crise, prenant en considération les intérêts supérieurs du peuple libyen.

Le Comité a condamné fermement la poursuite des combats dans la capitale Tripoli et ses environs et a réitéré l’urgence d’un cessez-le-feu complet et effectif accompagné d’un mécanisme de surveillance dans lequel l’Union africaine sera associée. A cet effet, le Comité a appelé les Etats membres de l’Union africaine à déployer des observateurs militaires, une fois les conditions réunies, pour participer au mécanisme de surveillance du cessez-le-feu et être en lien avec les parties libyennes.

Le Comité a condamné la poursuite des interférences extérieures en Libye au lendemain des engagements pris à Berlin et  a renouvelé son appel à tous les acteurs extérieurs pour qu’ils cessent immédiatement toute ingérence dans les affaires intérieures de la Libye notamment la livraison d’armes et le recrutement de mercenaires, qui exacerbent la crise avec des conséquences sur la vie des personnes et qui menacent les intérêts fondamentaux du peuple libyen et ses aspirations légitimes à la liberté, à la paix, à la démocratie et au développement.

Le Comité a insisté sur le strict respect de l’embargo décrété par le Conseil de sécurité sur les armes en Libye. Il a appelé ce dernier à appliquer les sanctions prévues en cas de violation.

Le Comité a condamné énergiquement les activités terroristes, l’emploi des combattants étrangers et le recours aux mercenaires, ainsi que toute facilitation de transit, de transport ou de recrutement illégaux en violation la Convention de l’OUA sur l’Elimination du Mercenariat en Afrique du 03 juillet 1977.

Le Comité a exprimé sa préoccupation compte tenu du niveau sans précèdent de la circulation d’armes sophistiquées en Libye, qui aggrave le conflit et menace la paix et la sécurité du pays des Etats voisins et du Sahel.  Par ailleurs, le Comité a appelé la Commission de l’Union africaine à veiller à la mise en œuvre des mécanismes de lutte contre la criminalité et le terrorisme transfrontaliers par les Etats membres. 

Vivement préoccupé par la dégradation de la situation humanitaire en Libye, le Comité a appelé à la protection internationale des migrants africains détenus et retenus en Libye et utilisés comme combattants et boucliers humains et faciliter leurs rapatriement dans leurs pays d’origine.

Le Comité a appelé à la mobilisation de l’aide humanitaire en faveur des populations vulnérables, des réfugiés et des déplacés internes. Le Comité a lancé également un appel aux parties belligérantes de veiller au strict respect du Droit International Humanitaire, notamment par la sécurisation des hôpitaux, des écoles ainsi que la facilitation de l’acheminement de l’aide.

Le Comité de Haut Niveau a souligné le principe de la souveraineté permanente des peuples sur leurs ressources naturelles et réaffirme que celles-ci en sont la propriété du peuple libyen. Ainsi, le Comité a appelé à la réouverture, des terminaux pétroliers en vue de permettre au peuple libyen de profiter pleinement de ses ressources.

Le Comité a rappelé que les installations portuaires et aéroportuaires civiles doivent être mises au service des citoyens libyens et placées en dehors de toute activité militaire mettant en péril la vie des civils ou les empêchant de bénéficier des services de ces installations.

Le Comité a décidé de préparer et de tenir la Conférence inter-libyenne de Réconciliation conformément aux décisions pertinentes de l’Union Africaine, en concertation avec les pays voisins et les Nations Unies. 

Dans cet ordre d’idées, le Comité a décidé de créer une Commission Préparatoire Inclusive de ladite conférence. Celle-ci doit être ouverte à toutes les parties prenantes libyennes y compris les chefs des tribus, les femmes et les jeunes  et autres forces politiques et sociales pour promouvoir une solution durable au conflit.

En outre, le Comité a adopté une Feuille de Route fixant les principales étapes de ce processus. Cette feuille de route décide de la création de la Commission préparatoire du forum, du calendrier de ses réunions, et statue sur les ressources humaines et financières requises pour le succès de sa mission.