
Par N. Kadassiya
Faut-il se blanchir la peau pour être belle ? Une question que beaucoup de femmes se posent. Avec l’évolution des canons de beauté, beaucoup de femmes sont tombées dans le gouffre des crèmes éclaircissantes et autres produits décapants. Toujours plus attractifs et surtout accessibles, ces produits font des ravages aussi bien dans notre pays que partout en Afrique. Dans cette nouvelle rubrique, nous aborderons des thèmes aussi divers et variés qui pointent du doigt la réalité des femmes Djiboutiennes, mais pas que…
Où que vous alliez en ville, vous verrez sur les étalages des boutiques, des crèmes avec des noms aussi farfelues qu’insolites. A l’extrait de bave d’escargots, de carottes ou autres, ces produits ont tous un seul objectif, faire miroiter aux clientes, un teint plus clair.
Et le plus surprenant ces derniers temps, c’est les noms choisis, inscrits en grosses lettres dans un somali parfait. Ces nouvelles crèmes sont appelées « Igadabagey White », « Kobciye White » ou «KushKush White » des noms si bien trouvés pour attirer encore plus une clientèle accro à la dépigmentation. Il existe même une crème qui porte le nom du biscuit de notre enfance, le fameux «Abu Walad ».
Ces produits font désormais le bonheur de la ménagère lambda, mais aussi de jeunes filles, qui tombent très tôt dans le danger de la dépigmentation. Révolu désormais, le curcuma que mettaient nos mères, désormais pour être belle, il faut compter sur ces nouvelles crèmes qui envahissent notre marché.
Mais qu’en est-il réellement ? Avec la chaleur de notre pays, ces crèmes font plus de dégâts sur la peau qu’autre chose. Mais n’a-t-on pas déjà dit que « Quand une femme veut quelque chose, elle l’obtient » et pour se protéger du soleil et de ses ravages, les utilisatrices ont trouvé une parade toute faite. Mettre un niqab ! Ingénieux, non, comme idée !
Fini donc les dames aux joues roses qui montaient dans le bus, désormais, elles se cachent toutes derrière un niqab, qui, fait désormais office de parasol.
Le temps du Diana et du Dermovate tant prisée par nos mères est fini ! Aujourd’hui, des crèmes plus accessibles et surtout plus cancérigènes sont à la portée de toutes les bourses.
Et les hommes ne sont pas en reste. Très peu dans notre pays, certains hommes copient le style de leurs idoles, chanteurs ou autres acteurs de Nollywood et trouvent leur bonheur dans les produits éclaircissants. Hélas, eux aussi sont tombés dans le panneau et possèdent aussi leurs propres produits de beauté pour se blanchir la peau. Pour être beau, plus besoin d’un homme à la virilité débordante et mal rasé mais plutôt d’un homme au teint clair, à la barbe bien taillé et aux ongles manucurés.
Le retour du « Black is Beautiful »
Partout ailleurs en Afrique, le « Tchaa » ces mélanges de crèmes, font face aux adeptes du retour aux sources. Le « Black isBeautiful » est de nouveau sur toutes les lèvres.
Avec de plus en plus de femmes touchées très jeunes par des cancers de la peau, les mentalités commencent à changer et les femmes revendiquent de plus en plus leurs teints naturels et leurs cheveux afro.
Et quoi de plus jolie, que de voir ce joli teint ébène ou métissé ? Mais voilà, tant que les industries pharmaceutiques afficheront de jolies filles aux teints décapés sur leurs crèmes, il y aura toujours de nouvelles adeptes.
Désormais, c’est parer de grosses lunettes de soleil et un teint pâle que les djiboutiennes s’affichent en ville. A y regarder de plus près, les veines du visage de plus en plus exposées ne les dérangent nullement. Elles se savent belles et elles n’ont que faire des commérages des voisines du quartier qui se moquent de leurs passage du « noir ou blanc ».
Mais à quand un réveil des consciences sur les dangers de ces crèmes dont on ignore complètement les ingrédients ? Avant la présence de l’hydroquinone et les autres produits dangereux étaient signalés mais maintenant, c’est plus soft et pour se blanchir , on utilise des crèmes à base de collagène, pour raffermir la peau, des crèmes anti taches , bref tous les moyens sont bons pour être plus belles, mais à quel prix ?
Témoignages
Hawa, jeune femme cadre trentenaire au teint « parfait »
« J’utilise des crèmes que j’achète en ligne, j’ai ma routine « skincare », des produits que j’utilise le matin avant d’aller au travail et le soir avant de me coucher. J’évite la plage et les coups de soleil et j’utilise aussi des crèmes solaires, des tonnes… Je suis constamment sous la climatisation, au bureau, à la maison et dans ma voiture aussi pour éviter les rougeurs. Je dépense beaucoup d’argent pour entretenir ma peau et je suis fière de moi. Je n’ose même plus regarder mes anciennes photos, car je ne me reconnaitrai même pas »
Aicha, mère de famille et femme au foyer
« Quand mon mari et les enfants sortent le matin, j’allume mon narguilé et je prends soin de moi. Je fais mon « bain » de crème, de la tête aux pieds. Mais c’est difficile quand on est dans la cuisine, parfois j’ai l’impression que mon visage est en train de bruler. Avant avec les crèmes comme Diana et Dermovate étaient mieux, mais maintenant on nous vante tous les jours de nouveaux produits et je suis obligée d’en acheter. Je ne veux pas que mon mari me quitte pour une plus jeune avec un teint plus clair que le mien. Donc je suis les pages Facebook de jeunes femmes qui vantent ces nouveaux produits et je grignote sur le budget familial pour en acheter. Et tant que mon mari n’en sait rien et me trouvera belle, je continuerai…
Samia, jeune étudiante
Ma mère est arabe et j’étais déjà très claire. Un jour, une copine m’a vanté une crème anti acné que sa sœur avait ramené de l’étranger, et depuis ce jour, je suis tombée dans le piège. Le soir, après mes devoirs, je regarde des tutos sur Youtube qui m’apprennent à prendre soin de mon visage et de ma peau. Et franchement, je suis accro. Et quand mes copines me demandent ce que je mets, je leur mens et je dis que c’est mon teint naturel. Je ne veux pas qu’elle pense que je triche en me blanchissant la peau. Et donc je joue le jeu et je mets des tonnes de fond de teint…