Nous présentons dans ces colonnes la quintessence du vibrant discours prononcé par le gouverneur de la banque centrale de djibouti, ahmed osman ali, à l’occasion de la cérémonie d’inaugurationde la commercial bank of ethiopia.

« Je tiens, en particulier, à rendre un vibrant hommage au président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, et à son gouvernement pour l’engagement permanent et le soutien indéfectible en faveur de la promotion et du développement de notre secteur financier. Excellence, l’ensemble de la communauté financière nationale vous exprime sa reconnaissance et vous adresse ses remerciements les plus appuyés.  Comme vous le savez tous, la Commercial Bank of Ethiopie n’est pas nouvelle dans le paysage financier djiboutien. Cette banque a été l’une des premières banques installées sur notre sol au lendemain de notre accession à l’indépendance.

En effet, cette filiale de la CBE, qui est la première banque d’Ethiopie, a ouvert ses portes à Djibouti une première fois en 1980, avant de cesser son activité sur notre territoire en 2004 suite à diverses difficultés et des options stratégiques qui  ne sont plus aujourd’hui d’actualité.

Aujourd’hui, dans le contexte de dynamisme économique régional et les forts intérêts communs liant Djibouti et l’Ethiopie, notre grand partenaire stratégique, c’est tout naturellement que la CBE a décidé de rétablir sa position sur notre place financière, plus d’une dizaine d’années après son retrait.

Son retour en force apportera, j’en suis convaincu, un élan supplémentaire dans la transformation en cours de notre paysage bancaire et contribuera à relever la saine compétition au sein du secteur, pour le plus grand bénéfice des consommateurs in fine.

Sur un autre plan, l’arrivée de la CBE, après les implantations successives réussies de banques à capitaux régionaux (Salaam African Bank, East African Bank, Bank of Africa et j’en passe) sur notre place financière, longtemps dominée par les banques étrangères, démontre que le continent bouge et que notre région, notamment le COMESA, est particulièrement dynamique.

Dans cette marche vers le développement et la transformation économiques, nos deux pays, je veux parler de l’Ethiopie et Djibouti, dont les destins sont intimement liés, constituent un modèle d’intégration économique réussie dont peuvent s’inspirer d’autres pays de la région, du COMESA et du continent.

Aussi, je reste très confiant quant à l’avenir très prometteur de nos deux économies et de la pertinence de notre appartenance au COMESA, qui vise aussi parmi ses objectifs la mise en place d’une union monétaire à moyen terme.

Dans cette perspective, l’essor actuel et l’attractivité de notre secteur financier, avec la multiplication du nombre d’opérateurs, illustrée encore par l’installation de la CBE aujourd’hui et le développement accentué des activités financières, nous permettent de nous outiller solidement pour être en meilleure position concurrentielle pour capter la demande sur le marché bancaire régional et du COMESA.

A l’instar de notre économie, notre secteur financier connaît un formidable essor depuis les importantes réformes que nous avons initiées au début des années 2000. Le retour de la CBE, qui n’est pas sans lien avec le dynamisme et l’expansion de notre place, porte à douze le nombre d’établissements bancaires actuellement en activité dans notre pays et nous continuons encore d’instruire de nouvelles demandes d’agréments.

Les agrégats monétaires et les divers indicateurs financiers font état d’évolutions considérables, durant ces dernières années et, cela concerne tous les compartiments de l’activité bancaire, à savoir notamment, les niveaux de dépôts collectés et de crédits octroyés, la propagation des distributeurs automatiques de billets, du nombre d’agences et de comptes bancaires, etc. Alors certes, nous pouvons nous réjouir de ces développements et performances qui nous rapprochent pas à pas des objectifs qui nous ont été fixés par le président de la république, chef du gouvernement, Ismaïl Omar Guelleh, et consistant à ériger notre place en Hub financier régional, voir international.

Force est de constater, cependant, que nous avons du chemin à faire encore et devons redoubler d’efforts afin de surmonter les obstacles et les défis pour atteindre nos objectifs immédiats et ceux plus ultimes de développement durable, d’éradication de la pauvreté, du chômage et de l’exclusion sociale.

Dans cette voie, après les investissements publics massifs en matière d’infrastructures dans les secteurs hautement stratégiques de notre pays, c’est plus que jamais le tour des investissements privés d’emboiter le pas pour soutenir la croissance et la création d’emplois.

Et à cet effet, les séries de réformes multisectorielles menées durant ces dernières années pour améliorer l’environnement des affaires, sont propices à l’épanouissement du secteur privé. C’est pourquoi, la poursuite de ces réformes est aujourd’hui plus que tout essentielle.

Malgré la solide expansion de notre tissu bancaire et des réformes menées jusque là, certaines faiblesses et déficiences persistent encore, auxquelles nous sommes attelés pour apporter les réponses idoines, au plus tôt. Il s’agit pour l’essentiel des points suivants :

Le taux de bancarisation qui progresse certes (de 10 à 27 % en 10 ans), mais qui indique, que les trois-quarts de notre population adulte n’a pas encore accès à la sphère financière.

Le taux de transformation des dépôts collectés par les banques en crédits qui peine à dépasser les 35% et qui témoigne à la fois d’un fort potentiel de ressources financières et d’une faible utilisation pour le financement  de l’économie. La question du financement approprié en direction des PME/PMI et des grands projets d’infrastructures publiques et/ou privées se pose également avec grande acuité.

Enfin, la consolidation de la réputation et de la viabilité de notre place financière à l’égard de l’extérieur constitue un autre challenge.

C’est dans cette voie que la Banque Centrale mène des réflexions, tout en poursuivant son train de réformes et a lancé de vastes chantiers dans divers domaines pour asseoir et renforcer le développement soutenu du secteur financier. Ainsi, les réformes et les chantiers initiés, dont certains ont abouti et d’autres sont en voie de parachèvement, visent à apporter des réponses appropriées aux faiblesses identifiées. Il s’agit en l’occurrence de :

Promouvoir l’inclusion financière en favorisant et facilitant la multiplication et la diversification des opérateurs, des produits et des services financiers à travers notamment, l’adoption des textes réglementaires nécessaires. Par ailleurs, une stratégie nationale d’inclusion financière est en cours d’élaboration avec le soutien du PNUD, auquel j’adresse au passage nos remerciements. Ce document nous permettra de mieux cibler les lacunes et les actions à mener.

Le deuxième axe d’intervention concerne le renforcement et la diversification des alternatives de financement de l’économie, notamment en direction des PME/PMI et des grands projets d’infrastructures.

Dans ce domaine, l’opérationnalisation du Fonds de Garantie, la mise en place des Registres centralisés des crédits et des Garanties en valeurs Mobilières, contribueront à améliorer le financement des PME/PMI et augmenter les taux de transformation des dépôts en crédits.

Pour ce qui du financement des grands projets, des réflexions sont menées pour apporter des alternatives aux placements bancaires à l’étranger et en matière de finance islamique, les travaux d’élaboration du cadre juridique des Sukuks sont en préparation.

Le troisième volet des actions conduites est relatif au renforcement des moyens de la supervision du secteur financier et des dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme. En parallèle, l’accent est mis sur la mise à jour régulière du corpus légal et réglementaire à l’aune des standards internationaux, tout cela en vue d’assurer la crédibilité et la fiabilité de notre secteur financier.

Et, en ce moment même où je vous parle, se déroule une mission d’évaluation de la stabilité de notre secteur financier conduite par le FMI. Ces évaluations nous sont utiles pour déceler nos vulnérabilités et les corriger.

A ce propos d’ailleurs, j’aimerais informer l’assistance que Djibouti se prépare à l’évaluation mutuelle en matière de LBC/FT sous l’égide du GAFIMOAN prévue en 2023.

Enfin, en quatrième volet, la modernisation de l’architecture et des infrastructures financières nationales constitue un autre chantier majeur conduit par la Banque Centrale. Elle permettra de doter notre place financière des technologies automatisées les plus en pointe en matière de système de paiement (avec l’introduction des nouveaux moyens de paiement électroniques, la compensation électronique en temps réel et en continue).

Aussi, profitant de cette tribune et m’adressant à l’ensemble de la communauté bancaire nationale, je les exhorte à intensifier les efforts, en capitalisant sur toutes les réformes et les avancées réalisées pour soutenir davantage et alimenter la dynamique de croissance de notre économie dans la durée ».