Le président de la République M. Ismaïl Omar Guelleh s’est rendu mercredi dernier au service de la Population et de l’État-Civil pour le lancement de la nouvelle carte d’identité électronique dite «biométrie ». Une première en Afrique et un moment historique pour le pays.
Afin de mieux entreprendre les services centrés sur le citoyen et de protéger les identités, une carte à micro-processeur dernière génération vient d’être mise en circulation. Conçue en 2018, avec la société allemande “Dermalog”, la biométrie identitaire est une énorme base de données qui prévoit la mise en place d’un système d’enregistrement biométrique et la numérisation de tous les documents.
C’est une carte importante et indispensable pour toute démarche administrative, et bientôt aucun djiboutien ne pourra échapper à ce gigantesque fichier biométrique.
La mise en place de ce système d’enregistrement biométrique à usages multiples concerne les cartes nationales d’identité et la conservation des dossiers de naissance, de décès, de mariage, de permis de conduire ainsi que les cartes grises et les cartes de travailleurs étrangers…tout cela étant certifié d’une signature électronique et des empreintes digitales afin de mieux vous discerner.
Ce programme d’identification électronique fut adopté en 2021 par l’Etat conformément au Décret N° 2021-017/PR/MI fixant les tarifs des prestations du Registre National des Personnes Physiques. Il est rappelé toutefois :
Article 1er : Les titres et documents administratifs définis par l’article 2 du présent décret ne seront plus valables à compter du 31 décembre 2021, et devront être renouvelés avant cette échéance.
Article 2 : Conformément à l’article 40 du Décret n°2020-146-/PR/MI du 13 Juillet 2020, sont concernés :
– Les actes d’État-Civil
– La Carte d’identité Nationale
– Le Passeport
– Le Permis de conduire
– La Carte grise
– La Carte de sécurité sociale
– La Carte de séjour des étrangers
– La Carte des retraités
– La Carte de bénéficiaire du PNSF
– Le Permis de travail des étrangers
Article 8 : La demande de remplacement de l’ancienne Carte Nationale d’identité ne répondant pas aux critères du titre II de la loi n°003/AN/18/8ème L du 12 avril 2018 portant Code Civil, est soumis à l’examen de la commission nationale de changement de la carte d’identité présidée par le Ministre de l’Intérieur ou son représentant.
Une carte plus sécurisée et plus pratique
C’est un saut dans la modernité et l’innovation pour un pays dont bon nombre d’habitants n’ont jamais voulu renouveler ou récupérer leur carte d’identité. Désormais, aucune démarche administrative (compte bancaire, salaire, inscription école pour ses enfants, abonnement EDD, CNSS, TELECOM, ONEAD…), aucune subvention alimentaire et financière du microcrédit, ne seront possibles sans la carte biométrique, et bientôt elle sera en usage dans la plupart des transactions commerciales.
Par ce programme, le gouvernement compte renforcer la sécurité nationale, baisser ou éradiquer la criminalité. C’est un projet qui se projette également dans le système ABIS de la police criminelle djiboutienne, une base de données où seront captés et enregistrés tous les casiers judiciaires de ressortissants djiboutiens. Selon Houssein Moumin, officier de la police judiciaire : « Si quelqu’un commet un crime et laisse derrière lui une empreinte digitale qui est dans la base de données, il sera facilement identifié et interpellé ».
Cependant, la priorité du gouvernement reste la lutte contre la corruption car la digitalisation des fonds et aides publiques planifiés par ces programmes biométriques, va permettre aux pauvres d’avoir accès aux subventions sans qu’il y’ait de dérangement, vu qu’une bonne partie d’entre eux passait et étaient arnaqués en général par des intermédiaires immoraux. Par conséquent, cette carte biométrique demeure à la fois une carte d’identité et un moyen de paiement, mais si votre empreinte ne concorde pas à celui de votre carte, vous ne tirerez avantage de rien du tout, et serez refoulé de toute administration publique et privée.
La carte biométrique et le passeport disposent d’une puce électronique dans laquelle sont stockées des informations vous concernant : votre photo, adresse… et les empreintes digitales de deux de vos doigts. Elle est impossible d’être réalisée, photocopiée ou volée, et si même c’est le cas, le fraudeur ne peut pas reproduire l’empreinte digitale que comporte celle-ci.
Néanmoins, la carte CNSS de sécurité sociale, permettant de se faire soigner moins chère, est l’un des documents le plus contrefait, la fraude à la sécu coûte chaque année à cet organisme plus de 12.000.000 fd, mais bientôt dès qu’elle passera aussi en caractère « biométrie », un nombre considérable de fraudes sera dépistés et décelés.
C’est une modalité qui facilitera énormément la vie des retraités et des invalides dès que la CNSS chargera toutes les pensions sur la carte « biométriques Sécurité Sociale ».
Une carte biométrique pour tous
Cette carte d’identité avec lecteur d’empreintes digitales va couter que 2500 fd et est renouvelable tous les dix ans. Le service la Population connaît un surcroît de travail car 10 fois plus de documents qu’avant seront traités et délivrés chaque jour, d’où l’aménagement de locaux de l’État-Civil qui a été réalisé et la nécessité d’effectuer plus de recrutement.
Or, la carte biométrique n’étant pas encore décentralisée, il faudra donc parcourir des kilomètres pour les habitants des Districts pour se faire enregistrer. Cela contribuera à maintenir le lien de proximité entre ces communautés régionales et la citoyenneté.Bref, cela entre dans le cadre de la mondialisation puisque cette révolution numérique et la mise en place d’une infrastructure d’e-gouvernement sécurisée, vont permettre à notre pays de rationaliser les services administratifs tout en offrant aux citoyens la possibilité d’accéder à des transactions électroniques et des services numériques.
Saleh Ibrahim Rayaleh