Alors que le pays célèbre son indépendance, Tadjourah se souvient. Sur le parvis de son hôpital régional, une pierre enveloppée des couleurs nationales rappelle le sacrifice de Doudou, tombé sous les balles pour que la liberté voit le jour. Un symbole puissant, une leçon d’histoire, une interpellation pour la jeunesse d’aujourd’hui.

Il est des silences qui en disent long, et des lieux où l’histoire ne s’écrit pas seulement avec des mots, mais avec le sang des justes. Tadjourah, cette terre fière adossée aux montagnes et tournée vers la mer, n’a pas attendu que le vent de l’indépendance souffle pour se lever. Elle s’est dressée, tôt, avec dignité, portée par l’engagement farouche de ses enfants.

Devant son hôpital régional, une pierre discrète mais éloquente rappelle ce passé glorieux. Drapée dans le vert, le blanc et le rouge de notre drapeau, elle marque l’endroit exact où Doudou, un jeune Tadjourien, a été abattu en pleine manifestation. Il est tombé là, non par hasard, mais parce qu’il portait en lui le feu de la liberté.

Ce monument n’est pas une simple stèle de commémoration : c’est un cri muet qui traverse le temps, un appel à ne pas oublier. Il incarne l’engagement de toute une région qui, dès les premières heures, s’est levée avec vaillance et une mobilisation exemplaire. Sa population, digne et combative, a porté haut les couleurs de l’engagement, jusqu’au prix du sang.

À l’heure où notre nation célèbre sa souveraineté, il est fondamental de se rappeler que l’indépendance n’a pas été donnée : elle a été conquise. Elle a un prix. Elle s’écrit avec des noms oubliés, des mères endeuillées, des villages brûlés, des rêves brisés. Mais aussi avec un espoir immense, porté par ceux qui croyaient en une patrie libre, fraternelle et digne.

Aujourd’hui, ce devoir de mémoire est un devoir de transmission. Car la plus grande trahison que nous pourrions commettre envers ceux qui sont tombés pour la nation, ce serait d’oublier… ou pire, de négliger ce pour quoi ils sont morts.« La souveraineté est un trésor que l’on ne reçoit qu’une fois. Il appartient aux vivants d’en être les gardiens fidèles. »Ce message s’adresse à la jeunesse d’aujourd’hui, celle qui n’a pas connu les coups de feu ni la peur dans les rues, mais qui hérite d’un pays debout, d’un drapeau hissé, et d’un avenir à construire. À elle de comprendre que le patriotisme n’est pas un mot vieilli : c’est un engagement quotidien.

Préserver notre souveraineté, c’est veiller sur l’unité, défendre nos valeurs, protéger nos institutions et refuser la division. Tadjourah, dans sa mémoire vive, nous tend un miroir. Celui d’un peuple qui s’est levé sans attendre, qui a payé sans marchander. À nous de ne pas détourner le regard.

Ali Salfa