Au cours d’une cérémonie organisée le dimanche 4 décembre dernier, à l’hôtel Kempinski, par la représentation à Djibouti de l’organisation internationale pour les migrations (OIM) en collaboration avec le bureau de la coordination nationale de la migration, le ministre de l’intérieur, Saïd Nouh Hassan a lancé officiellement, la mise en œuvre du plan d’action quinquennal pour la période 2022-2027, de la stratégie nationale dédiée pour les migrations sous nos cieux.

Sise, dans une région tourmentée par des crises économiques, politiques et environnementales, la république de Djibouti, constitue un pays de destination et de transit pour des milliers de migrants provenant des pays limitrophes. Pour mieux gérer cet énorme flux migratoire, il s’avère nécessaire pour le gouvernement djiboutien de mettre en place une stratégie nationale dont l’objectif principal est de favoriser une approche de la migration basée sur les droits humains en conformité avec les instruments internationaux sur les droits des migrants.

Une année après le lancement de cette stratégie, le bureau de coordination nationale de la migration du ministre de l’intérieur, en collaboration avec la représentation à Djibouti de l’organisation internationale pour les migrations (OIM), les partenaires au développement et les pays amis, a élaboré un plan d’action permettant au pays de répondre aux défis et les réalités urgentes en matière de migrations.

La cérémonie de lancement de ce plan d’action quinquennal pour la période 2022-2027 s’est déroulée le dimanche 4 décembre passé à l’hôtel Kempinski.

Placé sous le haut patronage du ministre de l’intérieur, Saïd Nouh Hassan, l’évènement a réuni sur place, le coordinateur résident du système des nations unies à Djibouti, José Barahona, la cheffe de mission de l’OIM à Djibouti, Stéphanie Daviot, le chargé d’affaire par intérim de la délégation de l’Union Européenne à Djibouti et auprès de l’IGAD, Fabrice Basile, le président de la commission nationale des droits de l’homme, Ali Soubaneh Atteyeh, le directeur général de la police nationale, le colonel Abdourahman Ali Kahin, le commandant des gardes-côtes, le colonel Wais Omar Bogoreh, des représentants des organisations onusiennes et un parterre d’officiers de la police nationale, dont le coordinateur national de la migration, le colonel Abdoulkader Ibrahim Gona.

Après une présentation du plan d’action de la stratégie nationale pour les migrations, la cheffe de la mission de l’OIM à Djibouti, Stéphane Daviot, a rappelé que Djibouti est un pays de passage et de destination pour des nombreux migrants. Selon les informations de l’OIM, près de 160 000 migrants en grande partie, Ethiopiens ont transité par Djibouti en 2021 a-t-elle précisé.

En ce qui concerne, les objectifs fondamentaux de cette stratégie et de ce plan d’action, il consiste selon la cheffe du bureau local de l’OIM, non seulement à mieux gérer le flux migratoire mais également à mettre en valeur le potentiel que représente ces migrations.

Le coordinateur du système des Nations-Unies, José Barahona, qui l’a suivi, a mis l’accent sur la générosité du peuple djiboutien dans l’accueil des populations de migrants avant de déclarer que «les Nations Unies saluent le leadership dont la République de Djibouti fait preuve en matière de migration».

Pour sa part, le chargé d’affaire par intérim de la délégation de l’Union Européenne, Fabrice Basile, a fait part aux participants de cette cérémonie que «La délégation de l’Union européenne continuera à travailler avec ses partenaires pour appuyer le gouvernement Djiboutien dans la création d’établir des structures et des cadres de travail permettant une gestion humaine et ordonnée des migrations à Djibouti».

Pour clôturer cette série d’intervention, le ministre de l’intérieur, Saïd Nouh Hassan, a indiqué que «Les conséquences liées à cette immigration clandestine sont déjà perceptibles et prennent une évolution inquiétante».

«70 % des infractions sont commises par certains de ces étrangers se trouvant en situation irrégulière à Djibouti et qui sont prêts à tout pour subvenir à leur survie» a souligné le ministre de l’intérieur.

«Le seuil de la tolérance est dépassé pour supporter les fardeaux de cette immigration clandestine, en perpétuel évolution en nombre» a-t-il insisté et de soulever dans la foulée «l’inquiétude d’invasion et la psychose de peur ressenties par notre population», lesquelles risquent d’engendrer à la longue selon le ministre Saïd Nouh Hassan, «un climat de méfiance et de xénophobie à l’égard de ces immigrés clandestins».

Cette activité a été organisée dans le cadre du projet « Solutions pérennes pour les populations hôtes, les réfugiés et les migrants les plus vulnérables sur le territoire djiboutien» financé par l’Union Européenne.

Rachid Bayleh

 Ils ont dit…

 Saïd Nouh Hassan

Ministre de l’intérieur

«Cette population flottante, difficilement contrôlable, constitue une menace pour la sécurité des personnes et des biens».

«La République de Djibouti, du fait de sa stabilité interne et de sa  position géographique est devenue le principal point de passage pour les flux migratoires traversant le golfe d’Aden et la mer Rouge. Ces migrants qui proviennent des pays voisins se dirigent majoritairement vers l’Arabie saoudite et le Golfe à la recherche de meilleurs moyens de subsistance au risque de leurs vies. Leur nombre, estimé à plus de 120 000 personnes, augmente chaque jour et la majeure partie d’entre eux échoue à Djibouti- ville.

Bon nombre d’entre eux, surtout les femmes et les enfants, vivent dans la précarité et déambulent quotidiennement dans les différentes artères de la ville de Djibouti à la recherche d’emploi. La première cause de leur exode est influencée en partie par l’hospitalité et la facilité d’obtention d’emploi dans le secteur informel qu’ils trouvent auprès de nos concitoyens. Cette population flottante, difficilement contrôlable, constitue une menace pour la sécurité des personnes et des biens.

Les conséquences liées à cette immigration clandestine sont déjà perceptibles et prennent une évolution inquiétante dans le domaine de la sécurité (augmentation des criminalités, dégradation de l’environnement et des mœurs, prolifération des maladies etc….) quand on sait que 70 % des infractions sont commises par certains de ces étrangers se trouvant en situation irrégulière à Djibouti et qui sont prêts à tout pour subvenir à leur survie. Le seuil de la tolérance est dépassé pour supporter les fardeaux de cette immigration clandestine, en perpétuel évolution en nombre, et dont la présence sur notre sol constitue une menace réelle à l’ordre public dans un pays comme le nôtre de faible démographie par rapport à ses voisins. L’inquiétude d’invasion et la psychose de peur d’insécurité, ressenties par notre population, risquent aussi d’engendrer à la longue un climat de méfiance et de xénophobie à l’égard de ces immigrés clandestins.

La gestion de cette migration illicite est donc un des défis majeurs auxquels le pays est confronté et pour laquelle nous sollicitons l’engagement de chacun de nous ici présent ainsi que l’appui continu de nos partenaires techniques et financiers. En raison de ses implications diverses notamment en termes de droits humains, l’État djiboutien est appelé à développer une gestion migratoire fondée sur ses engagements juridiques internationaux et communautaires. Ces engagements impliquent les libertés et une responsabilité de protection des droits fondamentaux de tous les migrants se trouvant en transit ou sur notre territoire».

José Barahona

Coordonnateur résident du Système des Nations Unies

« La générosité du peuple Djiboutien dans l’accueil des populations de migrants est un exemple pour le monde entier »

«La République de Djibouti est un exemple pour la région et le monde entier. En effet, il est estimé que plus de 140 000 migrants transitent via le pays chaque année. Sans oublier les populations flottantes, saisonnières et les déplacés dues aux divers chocs dus aux conflits et au changement climatique. Rien que cette année, plus de 123 000 migrants sont passés par le pays entre janvier et octobre. Et malgré l’impact énorme que ces chiffres représentent sur la population du pays, particulièrement en milieu rural, la générosité du peuple Djiboutien dans l’accueil des populations de migrants au sein des communautés hôtes et sa capacité à pouvoir coexister de manière paisible avec eux est un exemple pour le monde entier. En effet, il est crucial de considérer la migration non seulement comme un problème à résoudre, mais plutôt comme une solution potentielle à de nombreux défis auxquels nous sommes confrontés. D’en faire une source de prospérité, pas seulement un synonyme d’inhumanité.

Dans ce sens, les Nations Unies saluent le leadership dont la République de Djibouti fait preuve en matière de migration. Car il est également important de reconnaître la générosité et les efforts déployés par le Gouvernement Djiboutien dans le traitement et la protection des migrants».

Mme Stéphanie Daviot

Cheffe de la mission de l’OIM à Djibouti,

«Cette stratégie et ce plan d’action reflètent, ce que nous voulons faire ensemble de la migration à Djibouti»

«Djibouti est un pays de passage et de destination pour de nombreux migrants, selon les informations de l’OIM, près de 160 000 migrants en grande maturité, Ethiopiens ont transité par Djibouti en 2021. Il était important pour nous, d’accompagner le gouvernement, d’accompagner les partenaires afin d’avoir une feuille de route, pour mieux gérer ces migrations, mais également pour mieux essayer de mettre en valeur le potentiel que représente ces migrations. Le plan d’action, a fait l’objet de nombreuses discussions, qui se sont sont tenues auprès des partenaires gouvernementaux, des agences des Nations Unies mais également de nos bailleurs de fonds de différentes ambassades du secteur civil, de façon à ce que cette stratégie et ce plan d’action reflètent, ce que nous voulons faire ensemble de la migration à Djibouti».

 M. Fabrice Basile,

Chargé d’affaires par intérim de la délégation de l’UE à Djibouti

«Ce programme a pour objectif d’accompagner Djibouti à concrétiser ses engagements dans le Pacte Mondial sur les Migrations»

«Je rappelle que la mise en œuvre de ce plan d’action devrait répondre à l’impératif de faire respecter les droits humains des migrants. Nous sommes à votre écoute pour qu’ensemble nous puissions poursuivre l’engagement fort et continu de l’Union européenne sur la question de la migration. Ce programme complète d’autres actions du partenariat entre l’Union européenne et le gouvernement de Djibouti (…) Elles ont toutes pour objectif d’accompagner Djibouti à concrétiser ses engagements dans le Pacte Mondial sur les Migrations (Global Compact for Migration) et le Comprehensive Refugee Response Framework (CRRF)».