
A la tribune des Nations Unies, le Président djiboutien Ismail Omar Guelleh dénonce une architecture financière internationale obsolète et profondément inéquitable. Appelant à une refonte courageuse autour de trois réformes clés, il positionne Djibouti et, plus largement, le Sud Global comme des acteurs incontournables dans la quête d’une économie mondiale plus juste, inclusive et durable.
Lors du Sommet Biennal pour une Économie Mondiale Durable, Inclusive et Résiliente, le Président de la République de Djibouti, Son Excellence Ismail Omar Guelleh, a lancé un appel vigoureux et sans équivoque à une refonte courageuse de l’architecture financière internationale, la qualifiant d’« injuste » et de « figée dans un passé révolu ».
Devant l’Assemblée générale des Nations Unies, le chef de l’État djiboutien a dressé un constat sévère. Il a dénoncé un système financier mondial né il y a 80 ans à Bretton Woods « dans un monde où les pays du Sud n’étaient ni représentés, ni écoutés ». Un système qui, aujourd’hui encore, marginalise le « Sud Global », bien que celui-ci représente plus de 85 % de la population mondiale. Le Président Guelleh a appuyé sa critique par des chiffres « aussi clairs qu’alarmants » : un déficit de financement des Objectifs de développement durable dépassant 4 200 milliards de dollars annuels et un coût du capital dans les pays en développement jusqu’à 3 ou 4 fois supérieur à celui des pays du Nord. « C’est une injustice systémique. Une fracture qui compromet nos ambitions communes », a-t-il affirmé.
Le Président Guelleh a placé au cœur de son intervention la Mesure 48 du Pacte pour l’Avenir, qu’il a présentée comme le fruit « d’âpres et intenses négociations » et un « tournant historique » dans la volonté collective de réforme. Djibouti, ayant « activement pris part » à ces discussions, a défendu avec conviction la nécessité de donner aux pays en développement « une voix réelle, forte et influente ».
Le chef de l’État a mis en garde la communauté internationale : ne pas respecter les termes de cette mesure, «pourtant élémentaires », constituerait un « échec moral et politique » inacceptable. « Le temps n’est plus aux demi-mesures : l’heure est venue de transformer les engagements en actions concrètes », a-t-il insisté, appelant à la pleine mise en œuvre du Pacte.
Trois piliers pour une réforme courageuse
Djibouti appelle ainsi à une réforme structurelle autour de trois demandes précises : la mise en place d’un mécanisme de restructuration de la dette plus rapide et équitable ; l’accès renforcé aux Droits de tirage spéciaux (DTS) pour les économies en développement et la représentation juste et équitable au sein des institutions financières multilatérales.
Pour renforcer sa crédibilité, le Président Guelleh a énuméré les investissements d’envergure engagés par Djibouti dans des secteurs stratégiques : le développement de corridors logistiques régionaux, les énergies renouvelables et les infrastructures numériques.
Il a souligné qu’une réforme globale du système, en rendant les conditions de financement plus favorables, permettrait à des pays comme le nôtre de continuer à financer des infrastructures clés (transports, énergie, résilience climatique) tout en préservant leur durabilité budgétaire.
Par conséquent, le Président Ismail Omar Guelleh a appelé les nations présentes à « travailler ensemble pour réformer un système international que nous croyons fermement être biaisé au détriment du développement de l’Afrique », y compris au sein de l’OMC et des institutions financières internationales.
Ce discours positionne Djibouti non pas comme un simple requérant, mais comme un acteur central et responsable du Sud Global, porteur d’une vision exigeante pour une économie mondiale plus juste.
Soulignons que, dans le cadre de sa participation aux travaux de la 80ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, le Chef de l’Etat a eu hier, mardi, des entretiens en marge avec le Secrétaire général des Nations unies, M Antonio Guterres, au siège de l’ONU, à New York.
Le Président Guelleh a, à l’issue, dans la soirée, pris part à un banquet offert par le Président américain, Président du Pays hôte de l’Organisation des Nations Unies, M Donald Trump, en l’honneur de tous Chefs d’Etat et de Gouvernement participant à la 80ème session de l’Assemblée générale des Nations unies.