Dans tous les foyers de notre pays, djiboutien ou étranger, il y a forcément, une, voire deux femmes de ménage. Les plus nantis font également appel à un gardien. Ce personnel de maison, comme tous les autres employés de n’importe quelle institution doit se plier aux règles précises de chaque maison. Mais parfois, les lignes sont tellement floues, que les petites mains de la maison sont considérées comme des membres à part entière de la famille. Pourquoi la djiboutienne est-elle si dépendante de sa femme de ménage ou de sa nounou ? Et le mari dans tout ça ?

Que vous habitiez dans les beaux quartiers ou à l’arrière-pays, que vous soyez djiboutien ou étranger, chaque maison a une femme de ménage. Pour le nettoyage, pour la cuisine ou pour les enfants, chacune s’occupe de tâches spécifiques. Le gardien, lui s’occupe de l’extérieur, de la voiture. Pourtant, les conflits entre les maitresses de maison et le personnel surtout féminin sont récurrents. Le premier conflit : la beauté.

Ma femme de ménage est belle…

Il est une règle pour les jeunes mariés ou pour les femmes d’un certain âge, ne jamais prendre une bonne très belle. Pourquoi ? Tout simplement, de par sa disponibilité, sa présence dans la maison, elle prend de plus en plus de place dans la maison, et fait de l’ombre à l’épouse. Car cette dernière, pas souvent là, ou prise par sa famille ou son travail, laisse son foyer dans ses mains. Pour ce type de femme, la gouvernante s’accapare toutes les responsabilités de la maison et gère tout. Et le mari ? Ne voyant que très peu son épouse, il se lie d’amitié très facilement avec cette femme de substitution qui s’occupe comme une mère de ses enfants. Et petit à petit, l’amitié laisse place à des sentiments. Combien de foyers ont été détruits par une bonne. Un mari, un peu porté sur les femmes et c’est parti. Quand l’épouse découvre le pot au rose, elle ne peut s’en prendre qu’à elle-même, d’avoir délaissé son foyer, ses enfants et son mari.

L’âge ne facilite en rien les tâches domestiques

Les femmes d’un certain âge, préfèrent prendre une femme de ménage à mi-temps, et elles la calfeutrent dans la cuisine. Interdit d’en sortir, de passer devant le mari, de s’approcher de lui, de lever les yeux vers lui. Toute une série de règles à respecter pour garder son emploi. Ces épouses, choisissent à la loupe leurs « bonnes ». Pour rien au monde, elles ne cèderaient leurs places à ces jeunes femmes, qui, pour elles, se dandinent devant les maris des autres.

Mes enfants préfèrent la nounou

Un autre cas de figure reste très largement répandu dans nos jours. Face à l’absence de crèches dans notre pays, les jeunes mamans qui n’ont pas de famille, se voient dans l’obligation de confier leurs nourrissons à des nounous. Dans les plupart des cas, ce sont de très jeunes filles, âgées de 17 à 25 ans qui s’occupent des petits. Les mamans, souvent prises par le travail, ne voient que leurs enfants quelques heures par jour. Et de fil en aiguille, un lien fusionnel se crée entre les enfants et les nounous et la mère ne retrouve plus sa place et un sentiment de culpabilité s’installe. Par ailleurs, les nounous dans notre pays, sont complètement assimilées à la famille .Elles connaissent tout le monde, accompagnent les enfants dans la voiture, elles sont présentes dans les restaurants, les parcs de jeu. Bref, les mamans djiboutiennes les considèrent comme leurs propres enfants. Mais elles oublient que ces dernières peuvent les lâcher à tout moment. Et elles n’hésitent pas d’ailleurs.

Le mari, un spectateur pas si passif

Le mari djiboutien, n’a pas, dans la plupart des cas, son mot à dire sur les choix des femmes de ménage. Ils évoluent au gré des humeurs de leurs épouses et pour les plus téméraires, ils justifient leurs choix par la qualité de la nourriture ou l’attention portée aux enfants. Mais pas sûr que leurs épouses tiennent compte de leurs avis. Pour certains maris, les femmes de ménages sont vues  comme des femmes étrangères qui passent leurs temps à épier les gestes et les paroles de la famille. Ils évitent toutes conversations avec elles, et pour dire vrai, ils ont bien raison. Car si voulez garder vos secrets, ne prenez jamais de personnel de maison. A la moindre dispute, au moindre regard désapprobateur, tout le quartier est déjà au courant de vos problèmes.

Vivre sans aide à domicile, est-ce possible ?

Face à la fourberie des femmes de ménages, beaucoup de djiboutiennes ont trouvé une alternative : s’équiper en électroménager et oublier leurs nombreux caprices. Ils existent d’ailleurs certaines qui, incluent la présence de la wifi, ou qui veulent savoir le nombre de chambres ou de personnes qui résident dans la maison. Et pour couper court à tout ça, les mères de famille s’équipent de four, de machine à laver et préparent les plats en avance. Une gestion militaire du foyer pour éviter de payer une femme de ménage qui nettoie qu’à moitié la maison et qui finit les provisions. A leur retour du travail, elles préparent donc le repas du lendemain, nettoient la maison, balances les habits dans la machine à laver, s’occupent des devoirs des enfants. Et pendant le week-end, la maison est astiquée de fond en comble. Un rythme éffrenant pour certaines, mais essentielles pour les autres. Car elles y gagnent en dépensant moins étant donné que le salaire minimum des femmes de ménage est désormais de 25 000fdj, mais surtout elles gèrent mieux leurs foyers en  calculant aux moindres centimes,  les dépenses. Alors avec ou sans femmes de ménages, les avis restent mitigés. Certaines, pour préserver leurs intimités, préfèrent sans passer et pour d’autres, celles qui passent le plus clair de leurs temps dehors, elles sont devenues indispensables. Les avis divergent sur leurs présences, mais une chose est sûre, face à la chaleur de notre pays, il est bien plus éprouvant physiquement de se passer de ses petites mains, qui parfois font plus de mal que de bien.

N.Kadassiya