Une formation à la gouvernance des frontières s’est ouverte, ce mardi 18 novembre 2024, à l’Hôtel Gadileh Resort de Tadjourah. Organisée par l’IGAD en partenariat avec l’OIM et l’Union européenne, une cinquantaine d’agents des douanes, de policiers et de garde-frontières ainsi que des agents de l’immigration de Djibouti, de Somalie et d’Éthiopie participent à cette session qui se poursuivra jusqu’à dimanche prochain.

Le préfet de la Région de Tadjourah, Mohamed Abass Houmed, a parrainé la cérémonie d’ouverture de l’atelier en présence des officiels du ministère de l’Intérieur, de l’IGAD, de l’OIM et de l’Union européenne. L’occasion pour lui de rappeler le contexte de la région de l’IGAD qui compte près de trois cent millions d’habitants répartis sur un territoire vaste de cinq millions de kilomètres carrés. « La migration qu’elle soit interne, transfrontalière ou internationale, constitue un phénomène humain inévitable et puissant. Elle agit comme un catalyseur de croissance et de transformation sociale, économique et culturelle pour les communautés et les individus concernés» a-t-il souligné. De quoi justifier cette formation «essentielle pour renforcer vos compétences dans la gestion intégrée des frontières et dans l’application des principes de la libre circulation. » a-t-il lancé aux policiers et autres agents des frontières participants.

Pour sa part, Mme va Estaun Sanz, cheffe de coopération adjointe et cheffe de la Section Régionale de la délégation de l’Union européenne en République de Djibouti et auprès de l’IGAD, a indiqué que cet événement marquait le coup d’envoi d’une formation de 5 jours sur les connaissances, les leçons apprises et le partage d’expériences, mais également le début réussi du programme financé par l’UE «Soutien à la libre circulation des personnes et à la transhumance », mis en œuvre dans la région de l’IGAD avec un contribution totale de 15 millions d’euros après 7 ans de mise en œuvre réussie de sa première phase. Elle a mis l’accent sur « la pertinence des régimes de libre circulation pour les citoyens de Djibouti, d’Éthiopie et de Somalie, mais aussi la pertinence de l’intervention et du partenariat UE-IGAD-OIT ». De quoi mener un plaidoyer pour la« mise en place d’un régime de libre circulation » qui « nécessite un engagement politique fort de la part de ses membres associés, car les politiques d’intégration régionale sont essentielles à la réussite de l’agenda régional de libre circulation ».

Aussi, a-t-elle appelé à « la promotion et la mise en œuvre de politiques de migration et de migration de main-d’œuvre planifiées et bien gérées dans la région de l’IGAD qui puisse contribuer positivement au développement et assurer la protection des personnes en mouvement ». Réitérant du même coup, le soutien de «l’UE, un partenaire de longue date du continent en matière de libre circulation et de migration et a travaillé avec l’IGAD pour établir un régime de libre circulation dans la région, en soutenant son mandat régional et son pouvoir fédérateur.»

Au nom de bureau de l’OIT pour Djibouti, l’Éthiopie, la Somalie, le Soudan du Sud et le Soudan et représentant spécial auprès de l’UA et de la CEA, M. Khumbula Ndaba, Directeur délégué pour la région a envoyé un message rappelant que « la migration et la mobilité n’étant pas nouvelles sur le continent africain et dans la région de l’IGAD., l’Union africaine a pris un certain nombre de décisions au fil des ans pour améliorer la gouvernance des migrations et l’intégration régionale ». Il a cité notamment le Plan d’action de Lagos, le Traité d’Abuja,la Déclaration de Syrte, la transformation de l’OUA en UA, le Plan Minimum d’Intégration (MIP) de l’Union Africaine et la création de la zone de libre-échange continentale (CaFTA). M. Ndaba a souligné «les initiatives de l’IGAD et notamment les programmes concrets visant à améliorer la gouvernance des migrations et à établir un régime de libre circulation dans la région ».

L’occasion pour lui de « féliciter le secrétariat de l’IGAD pour les progrès remarquables réalisés jusqu’à présent dans la mise en place de cadres normatifs et politiques sur la gouvernance des migrations dans la région».

A l’issue des interventions officielles, les travaux de l’atelier ont démarré par un tour de table pour les présentations des participants avant d’entrer dans le vif du sujet. A noter que cette formation des agents de la police des frontières et de l’immigration des gouvernements de Djibouti, de Somalie et d’Éthiopie sur la migration et la gouvernance des frontières vise à renforcer les capacités des États membres de l’IGAD pour la mise en œuvre du protocole sur la libre circulation des personnes dans la région de l’IGAD, tel que prévu dans sa feuille de route. A l’issue de la formation, les capacités des États membres de l’IGAD pour une gestion ordonnée de la mobilité et de la migration transfrontalières seront renforcées pour accélérer l’intégration économique régionale et le développement. Faut-il rappeler que la gestion des frontières dans la région de l’IGAD implique le contrôle et la régulation des flux de personnes, de biens et de services à travers les frontières d’un pays dans l’intérêt national, et généralement pour assurer la paix et la sécurité ? Habituellement, ce sont des organismes gouvernementaux (douanes et accises, immigration, sécurité et police) qui s’occupent de ces tâches, avec différentes combinaisons d’organismes en fonction des lois du pays. Il se trouve néanmoins que la porosité des frontières internationales entre les États membres de l’IGAD les rend extrêmement vulnérables aux menaces telles que la contrebande et la traite d’êtres humains, de drogues, d’armes légères et de petit calibre, ainsi qu’aux récents cas de terrorisme.

Cependant, les questions de sécurité aux frontières ne sont pas toujours prises en compte dans les stratégies économiques ou de sécurité nationale, et en général, les organismes de contrôle aux frontières manquent d’équipement, de formation et de ressources.  

Certains postes frontières dans les États membres de l’IGAD, en particulier ceux éloignés de la capitale, ne disposent pas toujours des infrastructures appropriées, telles que les équipements de détection et les scanners. Il est courant que les administrations douanières des divers pays de la région ne possèdent pas non plus de bases de données nationales sur les délinquants, leurs réseaux.