Certaines richesses, discrètes mais essentielles, portent en elles la promesse d’un avenir transformé. C’est le cas du sel du lac Assal qui a fait l’objet, la semaine dernière, d’un accord d’investissement de 38 millions de dollars entre le gouvernement djiboutien et deux mastodontes chinois du secteur.
Longtemps réduit à son rôle de curiosité géologique, notre vaste miroir salin niché à 155 mètres sous le niveau de la mer, s’affirme ainsi comme un pilier stratégique du développement national. Loin d’être une simple transaction, cet engagement financier traduit une ambition claire, celle de doter le pays d’une filière saline structurée, tournée vers la compétitivité régionale et l’ouverture aux marchés mondiaux.
Pour concrétiser cette vision, trois phases successives sont prévues : modernisation des infrastructures, augmentation progressive de la production et, enfin, une capacité supérieure à deux millions de tonnes de sel industriel, sans négliger le sel alimentaire. Le sel, rappelons-le, n’est pas qu’un assaisonnement de nos tables. Il est une ressource vitale pour l’industrie, l’énergie et l’alimentation.
Dans un contexte où les nations cherchent à diversifier leurs sources de croissance, cette manne minérale devient pour Djibouti une carte majeure pour diversifier son économie. Une économie qui, il est vrai, est encore trop dépendante de la rente portuaire. Elle générera des emplois, stimulera l’innovation, et renforcera la souveraineté économique de Djibouti.
Le choix des partenaires n’est pas anodin, car la Chine ne s’associe pas en général à des projets secondaires. Les deux groupes impliqués dans le projet – l’un géant des infrastructures, l’autre acteur reconnu dans la technologie minière – offrent un savoir-faire de pointe. Ensemble, ils ambitionnent de faire du lac Assal le premier pôle de production de sel en Afrique de l’Est. Pour Djibouti, c’est une opportunité historique de se positionner comme exportateur de référence, au-delà des frontières régionales.
Certes, des défis existent : respect de l’environnement, gestion durable de la ressource, retombées locales concrètes. Mais il serait réducteur de n’y voir que des risques. Car le sel d’Assal n’est pas seulement un gisement à exploiter : c’est un symbole. Le symbole d’un Djibouti qui transforme ses atouts naturels en leviers de croissance. Le symbole d’un pays qui choisit l’audace plutôt que l’attente.
À l’heure où la Corne de l’Afrique cherche stabilité et prospérité, le « trésor blanc » de Djibouti rappelle que les richesses véritables se trouvent parfois sous nos pieds, prêtes à éclairer l’avenir. Mais encore faut-il savoir les révéler et les exploiter intelligemment.