Le Deuxième Sommet Africain sur le Climat (ACS2) a solennellement ouvert ses portes lundi dernier  dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. Les dirigeants africains y ont lancé un appel puissant et uni pour que le continent passe des discours à l’action, se positionnant non pas comme une victime passive du changement climatique, mais comme un acteur central et le moteur de la prochaine économie climatique mondiale.

Co-organisé par la République fédérale démocratique d’Éthiopie et la Commission de l’Union africaine (CUA), ce sommet de haut niveau rassemble des chefs d’État et de gouvernement, des ministres, des diplomates et des partenaires internationaux. Ils se réunissent sous le thème fédérateur : « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique ».

Dans un discours d’ouverture percutant, le Premier ministre éthiopien, S.E. Abiy Ahmed, a appelé à un changement de paradigme fondamental dans la perception du rôle de l’Afrique. « Trop souvent, l’histoire de l’Afrique dans ces sommets commence par ce qui nous manque. Commençons plutôt par ce que nous avons», a-t-il déclaré avec force, énumérant les atouts immenses du continent : la population la plus jeune et dynamique du monde, la ceinture solaire la plus dynamique de la planète, d’immenses réservoirs de carbone naturels et un potentiel agricole continental considérable.  Il a cité les actions concrètes de son pays, telles que la plantation de 48 milliards d’arbres et le développement du Barrage de la Renaissance (GERD), comme preuves de cet engagement. « Nous ne sommes pas ici pour négocier notre survie. Nous sommes ici pour dessiner la prochaine économie climatique mondiale », a-t-il affirmé, annonçant la candidature de l’Éthiopie pour accueillir la COP32 en 2027.

S.E. Mahmoud Ali Youssouf, Président de la Commission de l’Union africaine, a pour sa part insisté sur la question cruciale du financement. Il a souligné la nécessité impérieuse d’un fonds pour les pertes et dommages, substantiel et opérationnel, et a plaidé pour une gouvernance internationale indépendante et renforcée des crédits carbone. « Les aspirations de nos pays en matière de financement doivent être prises au sérieux. Le Fonds Vert doit être renouvelé et réorienté », a-t-il déclaré, appelant à des projets à forte valeur ajoutée continentale.

Ensuite, le président de la République, S.E. Ismaïl Omar Guelleh, a partagé l’expérience pionnière de son pays avec sa “Sovereign Carbon Agency”, qui matérialise le principe du pollueur-payeur en projets d’adaptation concrets. Il a plaidé pour une harmonisation continentale de la taxe carbone afin de maximiser les financements, soutenir la transition énergétique et renforcer la voix collective de l’Afrique. « Estimant que le financement durable constituera “le véritable baromètre de la crédibilité de la communauté internationale” », il a proposé de porter à 20 % d’ici 2030 la part des financements alloués aux énergies renouvelables en Afrique.

Quant à S.E. William Ruto, Président du Kenya et hôte du premier sommet, il a salué les progrès accomplis depuis la Déclaration de Nairobi, rappelant que « le climat n’est pas un fardeau mais un moteur de croissance économique ». Tout en mettant en garde contre les risques de fragmentation, il a appelé à une « collaboration audacieuse, unie et durable » face à la crise climatique.

En point d’orgue de cette première journée, le Premier ministre Abiy Ahmed a proposé le lancement ambitieux du “Pacte africain pour l’innovation climatique” (ACIC). Cette initiative majeure vise à mobiliser universités, chercheurs et innovateurs à l’échelle du continent pour générer 1000 solutions climatiques concrètes d’ici 2030, avec un objectif de financement annuel de 50 milliards de dollars. Structuré autour de cinq piliers (innovation, financement, savoir, politiques publiques et mobilisation citoyenne), ce pacte aspire à renforcer la sécurité énergétique, agricole et hydrique de l’Afrique, tout en la positionnant comme un futur exportateur net de solutions climatiques pour le monde.

Enfin, ce sommet marque une étape décisive dans l’affirmation d’une voie africaine unie et résolue vers la résilience climatique et la prospérité verte, en cohérence avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les objectifs de l’Accord de Paris. Dans cette optique, le chef de l’État djiboutien a lancé un appel à l’ensemble du continent en concluant son discours par ces mots  : “Unissons nos efforts et nos forces pour faire du financement climatique le levier d’une renaissance africaine verte et solidaire.”  

Moustapha Djama