Déjeuner aux heures de pause est le quotidien des Djiboutiens. En plein air ou entre deux murs, chacun a ses préférences. Pour certains des pâtes au poulet et pour d’autres du riz au poisson, des mets différents pour des personnes particulières, des plats accessibles à toutes les bourses. C’est midi, les Djiboutiens mangent.

Djibouti, un midi du mois de septembre, au plein centre administratif à un jet de pierre du Ministère des Télécommunications, dans un quartier sécurisé où la brigade de lutte contre le désordre urbain y veille continuellement, les restaurants de fortune ont installé leur quartier. Ici c’est sans protocole, beaucoup de travailleurs du coin s’y posent à midi et le rituel est le même partout.  Malgré le risque de délogement, l’activité se poursuit, et M. Yacin, agent de sécurité d’un hôtel,  nous déclare : «Nous ne pouvons pas accepter qu’on déplace ce restaurant, Maman Hawa fait des plats succulents qui sont à portée de nos moyens dont le Smic, notre revenu ne nous permet pas de manger ce que nous devrions manger ».

Toujours en plein centre-ville, Direction la rue d’Ethiopie, l’endroit a un signe particulier qui regroupe plusieurs restaurants dont la plupart sont des restos yéménites avec leurs plats traditionnels succulents à base de produits bien sélectionnés et de cuissons bien maîtrisées. Il y a le Restaurant Le Nil Bleu, les restaurants yéménites le Sanaa Restaurant et l’Etoile de Kokeb, le resto éthiopien La Fontaine, La Terrasse, L’Etoile d’Or, etc. Beaucoup de travailleurs de la zone s’y retrouvent à midi. Un secteur ou le business de la restauration est mieux organisée et se fait de manière lucide.

Pour Mme Djamila secrétaire dans une Assurance, la faim est un état d’esprit «A midi, moi je suis au travail, je ne mange pas, le travail comble ma famine et je ne mange que le soir dès que je rentre chez moi, ceux qui sont assujettis à la nourriture ne sont pas évidents, il faut manger pour vivre et non vivre pour manger».

A l’opposé de la secrétaire, M. Houssein employé de la même boite a besoin lui beaucoup de cuistance pour être rassasié. Il part déjeuner chaque midi avec un ou deux de ses collègues au restaurant-café Le Nil Bleu et nous dit : « J’aime bien manger léger à midi parce qu’une fois au bureau on se sent lourd et on a du mal à servir le client ». Quant à son collègue : « il n’est pas question que je dépasse 1500 fd et je préfère manger des légumes, du poulet et terminer par un dessert de jus de cocktail à 250 FD ».

La république des Djibouti est un pays très hospitalier qui abrite une population cosmopolite qui abrite plusieurs gens originaires de divers pays du monde. Les restaurateurs n’hésitent pas sur les moyens pour s’y mettre à fond, elles proposent divers plats et mets variés à leur client. Pour cette restauratrice : « Nous servons du riz à la sauce mouton et à la sauce poisson, du couscous à la sauce houlba accompagné d’une cuisse de poulet bien rôti, du poulet et poisson aux frites, avec beaucoup de légumes » et la majorité de leurs clients sont en général des fonctionnaires qui affluent des services environnants.

A un kilomètre du Centre-ville, la brasserie Hadramout restaurant yéménite en plein cœur de la place Mahamoud Harbi, est l’endroit idéal pour partir à la découverte de mets succulents et classiques de la cuisine arabe telle que les viandes hachées des Kébabs, shawarima et tacos digne des grands restaurants.

Quant aux restaurants de luxe de grands hôtels du pays tels que le Sheraton, le Kempinski ou encore les Acacias, un nombre important de djiboutiens aux revenus considérables et plantureuses s’y rendent pour leur déjeuner de midi. Un buffet bien garni et varié leur est ouvert, il faudrait cependant dépenser au minimum la somme de 5000 ou 10 000 fd par jour pour bien se remplir la panse, un budget que bien des djiboutiens ne peuvent pas se permettre quotidiennement.

La restauration djiboutienne avec ces multiples profils est un univers fortement concurrentiel ou chaque minute est précieuse, il faut faire de son mieux pour tout donner afin de satisfaire son client et surtout le fidéliser avec son savoir-faire.

Saleh Ibrahim Rayaleh