Moins d’un an après l’ouverture à Tadjourah, un hôpital régional flambant neuf, les régions du Nord viennent de franchir encore une fois, une nouvelle étape dans l’accès aux soins de santé spécialisés. Jeudi matin dernier, le Président de la République, Son Excellence, M. Ismaïl Omar Guelleh, s’est rendu à Tadjourah où il a inauguré le tout premier centre de dialyse de la région, financé par la Fondation Saad Omar Guelleh. Une avancée médicale de haute portée, qui met fin aux déplacements des malades atteints d’insuffisance rénale des régions du Nord.

Le Président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, est arrivé jeudi 21 août au matin à Tadjourah, à bord d’un hélicoptère. À sa descente, il a été accueilli par une foule en liesse, venue des différents quartiers de la ville et des localités environnantes. L’enthousiasme et la joie qui régnaient sur les lieux témoignaient de l’importance que les habitants du Nord accordent à l’ouverture de ce centre de dialyse.

Après les salutations protocolaires, des hautes personnalités parmi lesquels le Premier ministre par intérim et ministre de la Justice, Ali Hassan Bahdon, le président de l’Assemblée nationale, Dileita Mohamed Dileita, plusieurs membres du gouvernement dont le ministre de la Défense Hassan Omar Mohamed, le ministre des affaires musulmans et des Biens waqfs, Moumin Hassan Barreh et le ministre de la Santé, Dr Ahmed Robleh Abdilleh, le chef d’Etat Major général des Forces Armées Djiboutiennes, le Général de Corps d’Armée, Zakaria Cheikh Ibrahim accompagné de hauts gradés militaires, le préfet de la région, Mohamed Houmed Abbas, le président du conseil régional, Omar Houssein Omar, ainsi que le Sultan Ali Habib Ahmed, le Président du Conseil d’administration de la Fondation SOG, Youssouf Omar Guelleh qui l’attendaient à l’entrée de l’infrastructure médicale, le Président de la République, Son Excellence M. Ismail Omar Guelleh, coupe le ruban inaugural du Centre NEPHRO, une structure sanitaire spécialisée dans la prise en charge des malades rénaux, entièrement financée par la Fondation Saad Omar Guelleh. Derrière ce geste, un soulagement immense pour des centaines de familles du Nord jusque-là contraintes d’envoyer leurs proches à Djibouti-ville, parfois trois fois par semaine, pour bénéficier d’une dialyse.

Un centre de dialyse de pointe, une première dans le Nord

Entièrement financé par la Fondation Saad Omar Guelleh, le centre NEPHRO est une infrastructure de pointe. Il comprend une salle équipée de sept postes de dialyse dotés d’appareils japonais de dernière génération, mondialement reconnus pour leur fiabilité, lesquels pourront accueillir selon les concepteurs, jusqu’à 14 patients par jour. À cela s’ajoutent des salles de consultation, une pharmacie et des espaces d’accueil adaptés aux patients et à leurs accompagnants. Rappelons que dans une phase d’extension, dans les prochains mois, le Centre NEPHRO sera capable d’accueillir 15 postes de dialyses.

Le défi majeur réside dans la mise en place d’un système de traitement d’eau répondant aux normes ISO et CE, indispensable à la sécurité des séances de dialyse. « Après sept étapes de purification, l’eau que nous utilisons atteint un taux de rejet du sel de 99,99 %, sans aucune bactérie, avec un pH optimal de 7,8 », explique un technicien du centre. Ce processus complexe garantit une sécurité maximale aux malades, souvent fragilisés par leur pathologie.

Chaque machine, pilotée par écran tactile et équipée de systèmes de surveillance en temps réel, permet de filtrer le sang des patients durant des séances de trois à quatre heures. Une aubaine pour les malades rénaux qui étaient jusqu’à présent contraints de se rendre dans la capitale pour bénéficier de ce traitement.

« Ce centre était très attendu. Il permettra de traiter les cas d’insuffisance rénale chronique mais aussi les urgences, sans que les malades aient à quitter leur région », souligne Ibrahim Mohamed Dimbio, directeur à l’hôpital régional.

Au-delà de l’exploit technique et médical, ce centre porte la marque de la Fondation Saad Omar Guelleh, créée en hommage au défunt frère du Président de la République. Fidèle à sa vocation humanitaire, la fondation investit dans des projets durables de santé.

« Nous avons voulu rapprocher les soins des populations, afin d’éviter que des familles entières soient contraintes de s’installer à Djibouti-ville pour soigner un proche », rappelle Youssouf Omar Guelleh, président de la fondation. Et d’ajouter : « Tadjourah n’est qu’une première étape. D’autres centres verront le jour à Dikhil, Arta et dans d’autres régions de l’intérieur. »

Un espoir pour les malades du Nord 

La fondation s’inscrit ainsi dans la logique d’une “Sadaqa Jariya”, une œuvre de charité continue dont les bénéfices perdureront au fil des générations. Le Président de la République l’a rappelé dans son intervention au micro de la presse locale. « L’essentiel réside dans l’impact de ce projet destiné exclusivement au bien-être des patients » a précisé avec insistance le Président Ismail Omar Guelleh.

Cette inauguration est aussi l’aboutissement d’un vœu exprimé il y a plusieurs années par un notable de la région, feu Ismail Ibrahim Houmed, originaire de Dafenaytou. En 2019, lors d’une tournée présidentielle, il avait solennellement demandé la création d’un centre de dialyse à Tadjourah. Touché par cette requête, le Chef de l’État avait promis d’y répondre.

Six ans plus tard, la promesse est tenue, même si le principal intéressé n’est plus de ce monde. Son fils, présent lors de la cérémonie, a exprimé une vive gratitude.

Le fardeau de l’insuffisance rénale chronique est lourd. Les patients doivent subir des séances de dialyse régulières, souvent trois fois par semaine, pour rester en vie. Avant l’ouverture du centre, cela signifiait pour les habitants d’Obock, de Tadjourah des déplacements incessants vers Djibouti-ville, avec des frais de transport et d’hébergement insoutenables.

« Certains malades devaient quitter leur famille et vivre à la capitale », témoigne un responsable local.

Désormais, grâce à ce centre, les habitants du Nord peuvent bénéficier sur place de soins conformes aux standards internationaux. Une avancée qui contribuera au programme de développement du pays en matière de santé.

Le ministre de la Santé, Dr Ahmed Robleh Abdilleh, a au micro de la presse salué ce projet qui va selon lui « considérablement soulager les familles, en particulier celles contraintes jusque-là de se réinstaller à Djibouti pour accéder aux soins ».

Dans une réaction,  le président de l’Assemblée nationale, Dileita Mohamed Dileita a, pour sa part, insisté sur la dimension historique de ce projet. « Nous tenons à exprimer toute notre gratitude à feu Saad Omar Guelleh. C’est grâce à sa vision, à son engagement personnel et à son financement que ce projet a pu voir le jour. Depuis le lancement de l’idée jusqu’à sa réalisation, il a suivi de près chaque étape, jusqu’à son décès. Ce centre est l’héritage d’une initiative individuelle d’une grande générosité et d’un sens profond du devoir envers ses concitoyens » a indiqué Dileita Mohamed Dileita.

Et de poursuivre : « Ce centre de dialyse est une réalisation extraordinaire, non seulement pour Tadjourah, mais aussi pour toute la région, y compris Obock. Jusqu’ici, les patients devaient se rendre régulièrement à Djibouti-ville, un voyage épuisant à répéter tous les trois jours pour un traitement vital. Désormais, ils pourront être pris en charge ici, près de leurs familles et de leurs foyers »

De leur côté, les habitants affirment se sentir à la fois fiers et profondément touchés par cet acte de bienfaisance. Pour beaucoup d’entre eux, cette initiative représente un véritable souffle de vie pour les malades atteints d’insuffisance rénale dans les régions du Nord.

En tout cas, l’inauguration du centre NEPHRO de la Fondation Saad Omar Guelleh marque une étape dans le processus de décentralisation des soins spécialisés engagé par Djibouti. Après l’hôpital régional de haut standing inauguré en 2024, Tadjourah se dote d’un deuxième équipement structurant qui en fait un pôle médical régional.

Cette dynamique illustre une volonté politique visant à réduire la dépendance vis-à-vis de la capitale et donner aux régions des équipements modernes capables de répondre aux besoins croissants. La Fondation Saad Omar Guelleh entend poursuivre sur cette voie, avec l’implantation prochaine d’un centre de dialyse à Dikhil.

Il est à noter que l’inauguration de ce centre de dialyse, le premier du genre dans la zone, constitue non seulement une promesse tenue, mais aussi l’annonce d’un avenir où la santé sera désormais accessible à tous, même ceux habitants dans les localités éloignées de la capitale.

Rachid Bayleh