Longtemps absent sur le marché national, Djibouti télécom vient de mettre en place un nouveau service monétaire destiné à l’ensemble des Djiboutiens et surtout ceux qui sont à l’écart du système bancaire. A travers cet article, l’accent est mis sur la pertinence et l’utilité des émetteurs des monnaies et les réglementations qui régissent.

A l’ère des nouvelles technologies, le numérique influence tous les domaines de la vie de chaque citoyen de ce monde. Ce dernier offre  à travers tous les pays du globe, des opportunités sans faille en matière financière, économique et sociale.

Et notre pays n’est pas en reste et effectue un pas assuré vers l’intégration du numérique dans le quotidien de chaque citoyen.

C’est dans cette optique que le mois dernier, le ministère de la télécommunication a procédé par le biais de l’opérateur de téléphonie mobile Djibouti Télécom,  le  lancement  d’un nouveau service monétaire dénommé D-Money. Crucial, dans la vie de millions de gens  en Afrique et à travers le monde, ce nouveau système financier que vient d’introduire Djibouti Télécom dans notre pays, constitue pour la population djiboutienne et surtout ceux qui sont à l’écart du secteur bancaire un apport efficient en matière d’épargne.

De ce fait, l’émergence des émetteurs de monnaie électronique  demeure  une actualité nationale de par son inclusion financière en facilitant l’épargne d’un nombre conséquent  de Djiboutiens.  

Ce service financier numérique est une aubaine pour un bon nombre des commerçants   qui n’ont  pas accès au système bancaire.

Les téléphones mobiles réduisent les coûts et permettent  à ces derniers d’avoir accès au système bancaire classique pour la première fois.

L’utilité des émetteurs des monnaies (EME). Jadis, les banques collectaient l’argent et d’autres avoirs auprès des clients pour les protéger. Après avoir noté que tous les clients (déposants) ne réclamaient pas la totalité de leurs avoirs au même moment, les banques ont entrepris de prêter une partie de ces avoirs à d’autres clients (fonction d’intermédiation). Ce fut l’avènement des services bancaires modernes, qui comportent des risques inhérents (liés au crédit, à l’asymétrie des échéances, aux liquidités et aux fonds propres).

En acceptant ces risques, les banques jouent un rôle crucial dans la distribution des fonds dans l’économie. Les fonctions d’intermédiation et de levier de financement créent des risques fondamentaux, mais les banques entreprennent aussi de nombreuses autres opérations risquées, localement et au niveau transnational. Elles offrent en outre des services de paiement.

Les EME sont moins complexes, ils n’assurent aucune fonction d’intermédiation ou de levier pour les fonds des clients. Toutefois, ce qu’ils ont en commun avec les banques c’est la fonction fiduciaire : ils collectent les fonds auprès des clients qu’ils promettent de rembourser à une future date indéterminée. Tout comme les banques, les EME doivent gérer les risques pour tenir cette promesse. Il existe pourtant une différence fondamentale : les banques gèrent tout un ensemble complexe de risques interreliés et elles attirent d’autres capitaux (elles ne disposent pas de fonds suffisants pour rembourser tous les déposants en même temps), alors que les EME sont tenus par la loi de toujours disposer de fonds suffisants pour rembourser intégralement tous leurs clients. Les règles de protection des fonds visent à protéger les clients et elles allègent la fonction de supervision. Les EME sont tenus de constituer un capital distinct équivalent à la somme totale des fonds collectés.

Réglementation et instruction mise en place par la Banque Centrale. Toutefois, l’éclosion des émetteurs des monnaies ne peut se faire sans la délivrance de la licence d’agrément par un organe étatique  qui est l’autorité de supervision.

A Djibouti, l’institution chargée de la supervision des émetteurs des monnaies est la Banque Centrale de Djibouti. Ce dernier a émis une instruction dans ce sens pour la réglementation de ce secteur. Selon l’instruction  2017-01 émis par la banque centrale de Djibouti, stipule    les conditions et modalité d’exercice des émetteurs de monnaie électronique. Cette instruction définit dans son article 13 le rôle des EME: « les établissements émetteurs électroniques agréés ou autorisés par la banque centrale peuvent fournir des services liés à l’émission de monnaie électronique ainsi que les stockages des données».

Sans omettre de rappeler les respects des réglementations en vigueur, cette instruction indique que « dans le cadre de l’exercice de leur activité, les établissements concernés doivent respecter les exigences prudentielles définies par la banque centrale ».   

Les EME ont besoin d’obtenir un agrément pour mener leurs activités.

 Les autorités de supervision effectuent toute une série d’analyses des demandes d’agrément pour s’assurer que l’EME, son propriétaire et sa direction remplissent un certain nombre de critères, notamment aux exigences de fonds propres, d’honorabilité et de compétence.

L’autorité de supervision procède à une inspection des EME avant qu’ils n’entrent en activité et vérifient ainsi les antécédents des actionnaires importants, des membres du conseil d’administration, des hauts cadres et d’autres fonctions essentielles dans l’établissement. Et doivent bien sûr  avoir son siège social à Djibouti.

Toutes ces mesures sont adoptées par la Banque centrale afin de dissuader  les personnes malveillantes et  surtout d’optimiser ce nouveau marché.

La supervision vise trois objectifs : s’assurer que les EME détectent les risques, les gèrent comme il convient et mettent en œuvre des mesures d’atténuation ; veiller au respect de la réglementation ;

Et  préparer des procédures de gestion d’une crise des EME. Une supervision efficace permet à l’autorité de supervision de déceler et de gérer les risques avant qu’ils ne prennent de l’ampleur et de contribuer à réviser la réglementation sur la base de données factuelle.

Ainsi, l’inclusion financière est un processus qui permet l’accès facile, la disponibilité et l’utilisation des produits et services financiers formels et informels par tous les membres d’une économie. Il est largement reconnu que l’inclusion financière peut effectivement débloquer les canaux d’étranglement qui empêchent les femmes et hommes pauvres d’atteindre leur potentiel.

D’où l’intérêt grandissant que portent tous les petits commerçants tenant une petite échoppe et surtout les mères des familles qui possèdent des activités génératrices des revenus.

Sadik Ahmed