
Dans une interview qu’il nous a accordée, le ministre de la santé docteur Ahmed Robleh Abdilleh nous parle bien sûr, actualité oblige, du covid 19 à la lumière de l’apparition de nouveaux variants et la manière don’t notre pays gère cette épidémie. La vaccination contre ce virus qui n’épargne aucun pays. Mais d’une manière générale nous avons abordé avec lui les forces et les faiblesses de notre système de santé. Des autres maladies comme le paludisme, la tuberculose et le VIH-Sida que le combat contre le covid 19 ne doit pas nous les faire oublier. Tout au long de notre entretien, le ministre de la santé a répondu à toutes nos questions sans éluder aucune, avec le souci d’éclairer nos compatriotes des questions qu’ils se posent sur notre système de santé. En rebondissant souvent sur des questions cruciales avec des détails et chiffres à l’appui pour que le message puisse bien passer. Depuis qu’il est à la tête de ce département l’homme fait bouger les lignes. Bientôt, il veut organiser les premier états généraux de la santé pour réunir autour d’une table les usagers du système de santé, les professionnels et les partenaires pour établir un diagnostic et ensuite apporter des solutions aux multiples problèmes affectant ce secteur et mieux se projeter dans l’avenir. Ses priorités ? La lutte contre le covid 19 et le paludisme, l’amélioration de la santé néonatale et maternelle. Il en ressort de ce grand oral que l’homme veut réformer notre système de santé. Nous vous livrons la première partie de cette longue interview. La seconde partie vous la trouverez dans notre prochaine édition.
Monsieur le ministre, depuis fin mai 2021, vous êtes à la tête du ministère de la santé. Comment avez-vous trouvé ce département au sein duquel vous avez fait toute votre carrière ?
En réalité je suis ministre de ce département de la santé depuis maintenant 6 mois. Nous avons été nommés par le Président de la République El Hadj Ismail Omar Guelleh fin mai 2021. C’est un département que je connais très bien car j’ai fait toute ma carrière dans ce département que j’ai commencé fin 1997. Ma première affectation a été en tant que médecin chef à Farah Had ensuite celui du centre de santé Arnaud d’Arhiba. J’ai travaillé pendant quelques mois à l’hôpital Peltier avant d’être directement muté au CMH de Dikhil où je suis resté un an et demi parce qu’à l’époque il n’y avait pas beaucoup de médecins sur le territoire djiboutien. Par la suite j’ai été muté au CMH de Tadjourah où je suis resté trois années, avant de partir pour ma spécialité de Pédiatrie. Je suis revenu encore une fois après quatre années de spécialité.
Et j’ai été immédiatement nommé médecin-chef du service Pédiatre de l’hôpital général de Peltier. Au sein de cet hôpital général de Peltier, j ai occupé beaucoup de fonctions: une fois j’étais Directeur technique de l’hôpital général Peltier, également pendant huit ans concomitamment à mes fonctions de pédiatre et de chef-service de la pédiatrie, j’ai été aussi le coordinateur national du programme national de la nutrition du ministère de la Santé. Pour devenir dix-huit ans après Secrétaire général du ministère de la Santé, je suis resté trois années. Là, je me suis un peu éclipsé, trois années j’ai été parlementaire. Et là je suis revenu. Donc, pour vous dire que l’essentiel de ma carrière, je l’ai fait dans ce ministère.
C’est un ministère social d’abord, c’est un ministère qui offre des prestations à la population, sur tout l’étendu du territoire national. C’est un ministère dont les gens attendent le plus. Le ministère de la Santé, le ministère de l’Education Nationale, sont les deux ministères qui offrent des prestations, surtout le ministère de la Santé H24.
Donc comme vous le savez, les besoins sont énormes, maintenant je suis arrivé dans ce ministère où les besoins étaient importants, dans une période ou nous avons le COVID, qui continue d’ailleurs jusqu’à maintenant. J’espère que ce COVID va bientôt s’achever. En tout cas je suis venu avec une situation difficile. Un ministère qui a beaucoup de besoins, un besoin sur le plan de la Reforme, un besoin en terme de restructuration de tout le ministère, réorientation de ces objectifs et surtout un besoin de formation, d’équipements. Vraiment, il y’a un grand chantier qui va bientôt s’ouvrir. C’est un ministère qui a beaucoup des besoins.
Vous êtes le premier médecin spécialiste a la tête de ce département, ressentez-vous plus de poids sur vos épaules ?
Oui bien sûr, le premier médecin spécialiste à la tête de ce département. Je suis le deuxième médecin, parce qu’avant moi, il y a eu Dr Kassim. Mais je suis le premier médecin spécialiste. Bien sûr, j ai beaucoup de responsabilité que les autres parce que il ne faut pas l’oublier c’est ma famille. Le ministère de la Santé, c’est ma maison. J’ai été formé depuis que j’ai eu le Bac au lycée d’Etat de Djibouti, jusqu’à maintenant. On nous a formés pour soigner les gens. Donc maintenant, gérer les affaires de ce département, est bien sûr une grande responsabilité, mais aussi un grand honneur. Et je remercie ici le chef de l’Etat El Hadj Ismail Omar Guelleh, qui m’a confié les rênes de ce ministère. J’espère qu’Inchaallah, grâce à Dieu je vais apporter un plus. En tout cas, j’espère que je vais laisser des traces sur ce ministère.
Quelles sont les forces et les faiblesses de ce ministère ?
D’abord c’est un ministère qui est social à un moment de l’histoire du monde et de l’Humanité et celui de Djibouti ou la situation épidémiologique est difficile, ou les besoins sont très importants, ou même des pays très développés n’arrivent pas à gérer eux-mêmes les besoins en matière en de santé. Donc pour un pays en voie de développement, un pays comme Djibouti c’est encore plus difficile. Donc les besoins se sont accrus avec l’arrivée de ce COVID. C’est un ministère Social, c’est un ministère qui s’occupe de tout le monde. C’est un ministère qui ne regarde pas qui cotise, qui paye, c’est un ministère ouvert à tout le monde, c’est un ministère qui soigne à la fois les Djiboutiens, qui soigne également les étrangères qui habitent légalement et illégalement à Djibouti. C’est un ministère qui soigne les réfugiés, c’est un ministère qui soigne les migrants. C’est un ministère qui soigne également autour de Djibouti, nous ne soignons pas que la population Djiboutienne. Il y’a chaque jour, des hommes et des femmes qui traversent la frontière Djiboutienne pour se soigner. Donc, nous ne soignons pas que des Djiboutiens. Nous avons un poids très importants et souvent qui soigne gratuitement.
Vous avez, il y’ a quelques années, le chef de l’Etat a mis en place l’assurance maladie pour atteindre la couverture sanitaire universelle. Nous sommes vers cet objectif pour atteindre cette couverture universelle, c’est pour ça que nous ambitionnons et nous voulons vraiment soigner tout le monde. Maintenant, ses forces, ce sont ces hommes et femmes qui travaillent au sein du ministère de la Santé chaque jour. Nous avons beaucoup des qualités, nous avons de très bons médecins, de très infirmiers, des sages-femmes, des personnels de soutiens, des administrateurs qui travaillent avec nous. La force c’est aussi le soutien indéfectible du chef de l’Etat qui nous épaule et qui est vraiment à notre écoute, qui nous a donné cette priorité face par exemple à cette restriction budgétaire qui s’annonce, face à toutes ces difficultés, nous avons le soutien du chef de l’Etat. Je voulais juste ajouter qu’un des éléments phares, c’est la numérisation du système de Santé. Je pense que c’est un chantier qui est très important, qui avait déjà commencé et qu’on va renforcer.
Le ministère de la santé dispose d’un outil qui est performent qui est le D.H.I.S.2 qui permet de gérer tous les données du ministère de la Santé. Nous produisons beaucoup des données de Santé. Et nous voulons vraiment renforcer ce système. Numériser tous les hôpitaux ou toutes les polycliniques et tous les centres de Santé pour enfin avoir un dossier médical informatisé. Et ça déjà commencé avec Dar Al Hanan qui en février aura un dossier médical informatisé. Toutes les femmes qui vont accoucher dans cet hôpital, auront un dossier médical informatisé. Et ceci va de plus en plus s’accentuer. Et dans ce sens nous travaillons avec le ministère délégué à l’Economie Numérique et c’est un dossier qui est très important pour nous. Egalement dès que je suis arrivé dans ce département ça faisait partie des choses qu’on avait immédiatement mis en place. Nous avons essayé de numériser, de mettre en place une plateforme de gestion de test de Covid et de la vaccination qui est géré par l’ANESIE. Et d’ailleurs au passage, je remercie vraiment cette institution qui nous aide au quotidien dans ce domaine de la sécurisation des données. Donc nous avons une plateforme de gestion de test Covid avec une délivrance du code QR. Immédiatement, lorsque je suis venu en juin 2021, nous avons mis en place cette plateforme qui a été immédiatement reconnue avant même beaucoup des pays de la Corne d’Afrique. Nous avons mis cette plateforme avec un code QR qui est reconnu par le monde entier, qui est reconnu par le CDC Afrique, CDC Atlanta. Egalement pour la vaccination, nous avons élaboré un code QR infalsifiable, qui est le code QR pour la vaccination, également reconnu dans le monde.
« Nous voulons que chaque Djiboutien ait accès soit au test, soit à la vaccination quelque soit son lieu d’habitation, pourvu que ça se soit sur les vingt trois mille kilomètres carrés. »
L’épidémie de la covid 19 avec ses nouveaux variants menace le monde, comment notre pays gère t-il cette situation ?
Alors il faut savoir que cette épidémie de COVID-19 est présente dans le monde depuis un an et demi. Donc depuis fin 2020, elle s’est propagée partout dans le monde. Ce point de départ était la Chine comme tout le monde le sait. Et donc pour nous, nous sommes heureusement épargnés. Actuellement, nous connaissons une petite vague qui a commencé, depuis maintenant quelques jours. Nous avons actuellement des chiffres en augmentation , le taux d’incidence de cas de COVID a un peu augmenté. Mais ces chiffres sont relativement bas. Nous contrôlons la situation. Nous nous sommes préparés, comme vous le savez, ce n’est plus une épidémie, c’est une pandémie. Je dirai que le covid n’a jamais cessé. Les pays qui nous entourent ont largement été affectés. On a eu un fonds qui était à notre disposition , on s’est bien préparé. Avant moi, on avait crée un comité de coordination multisectoriel, présidé par le premier ministre. Il y ‘a un comité scientifique, un comité technique qui siège et qui se rencontre pratiquement toutes les semaines. Et nous avons un plan de riposte de covid, nous avons un plan de préparation… Nous avons un plan blanc des hôpitaux. Concernant d’abord les moyens hospitaliers, nous nous sommes préparés, les hôpitaux sont préparés. Actuellement nous sommes au deuxième niveau de ce plan dont je vous parlais, le plan de riposte de covid. Ce plan compte quatre niveaux, ce deuxième niveau demande à ce qu’on puisse renforcer les gestes barrières, qu’on puisse éviter les rassemblements, qu’on puisse prendre surtout le masque de façon obligatoire, qu’on puisse se vacciner. Les hôpitaux sont également préparés. Nous avons un plan si demain, il y’a un nombre très élevé de cas de covid, immédiatement ce plan va se mettre en place c’est-à-dire qu’il y a un certain nombre des lieux ou bien des salles qui sont déjà réservés pour le COVID. Que ce soientau niveau des deux hôpitaux, Peltier et Cheiko, mais également que se soit au niveau de l’hôpital Chakib, au niveau de la CNSS, au niveau des hôpitaux militaires. Nous avons également un hôpital de campagne, une réanimation à PK12. Sur le plan des infrastructures, nous sommes prêts. En termes de médicaments, nous sommes également prêts, nous avons assez de médicaments .Egalement en terme d’oxygène, comme vous le savez, nous avons actuellement deux centrales qui produisent de l’oxygène.
Disant actuellement nous consommons entre 300 à 400 bouteilles d’oxygènes par jour. Nous avons une capacité de production entre 2500 à 3000 bouteilles d’oxygènes par jour. Donc ces deux unités peuvent vraiment produire assez d’oxygène. Nous avons mis en réserves 4500 bouteilles qu’on ne touche pas et qui sont là et qu’on peut mobiliser à tout moment si les cas augmentent.
Donc le Ministère de la Santé s’est vraiment préparé pour faire face à toute éventualité. Mais ce qui est très importants, nous voulons à c’est ce que la population nous accompagne.
La population doit nous accompagner parce que les gestes barrières sont très importants. Le port du masque est obligatoire, la distanciation sociale est très importante, les lavages des mains, il faut éviter les rassemblements de plus de dix personnes. La vaccination est obligatoire sur le territoire Djiboutien depuis maintenant quelque mois. Donc tout le monde, tout le monde de plus de dix-huit ans, doit se vacciner. Nous avons assez des vaccins. Nous étions l’un des rares pays, vous savez, nous avons commencé à vacciner le premier Djiboutien depuis le mois de Mars.

D’abord il faut savoir que depuis je suis à la tête de ce département. Il y’a un certain nombre de changement dans la gestion du Covid. D’abord nous avons décentralisé les centres de dépistages du Covid. Avant, on avait un seul site qui était celui de Bouffard, maintenant nous avons quatre sites fixes pour les voyageurs. Nous avons également en ce temps de recrudescence des cas du Covid, ajouté en plus ces quatre sites là, cinq autres sites, ce sont les cinq autres polycliniques ou les gens peuvent se tester gratuitement. Et je dis bien gratuitement si la personne n’est pas un voyageur, les gens peuvent se tester gratuitement au niveau des polycliniques c’est-à-dire les tests sont disponibles. Egalement nous avons mis en place un camion qui circule de quartier en quartier pour tester les gens gratuitement. C’est ce que nous avons appelé les tests de proximités. Maintenant pour la vaccination, comme vous le savez, nous avons mis en place pour la vaccination cinq lieux de vaccino-dromes fixes ou les gens peuvent se vacciner. Nous avons également quatre bus que nous avons appelé, les vaccino-bus qui circulent au quotidien dans les quartiers, au niveau des places publiques, au niveau des marchés qui vaccinent les gens. Nous avons également dans les régions au niveau des chefs-lieux, des équipes mobiles qui partent au quotidien vers les postes de santé des localités éloignés pour vacciner nos populations. Tout ça nous voulons qu’en termes de vaccinations, en termes de testing, nous voulons couvrir tous notre territoire. Nous voulons que chaque Djiboutien ait accès soit au test, soit à la vaccination quelque soit son lieu d’habitation, pourvu que ça se soit sur les vingt trois mille kilomètres carrés.
Pour quoi les voyageurs n’ont pas de résultats lorsqu’ils se font tester à leur retour aux frontières ?
D’abord, on est un des rares pays qui, début le début de cette pandémie c’est-à-dire début Mars 2020, qui a instauré le test pour les voyageurs qui reviennent c’est-à dire au niveau des frontières terrestres, maritime ou bien aérienne. Tout ça c’est pour protéger notre territoire. Vous savez que l’essentiel des cas de Covid qui se propagent sur notre territoire, c’est du Covid qui a été importé. Donc le Covid nous vient de l’extérieur. Nous voulons vraiment protéger notre territoire. Alors en général lorsqu’on prend les tests à la personne si c’est négatif, à l’instar des autres pays, on ne lui dit rien du tout. Mais par contre si c’est positif, à cet moment là, il y a des médecins qui interviennent. UNe équipe de l’INSPD et des médecins sont donc affectés au niveau de ses frontières, qui contacte la personne testée positives, qui l’isole . Donc vous êtes avertis que si vous êtes positif seulement.
Monsieur le ministre, sommes-nous en mesure de détecter les éventuelles nouveaux variants?
Nous avons actuellement deux séquenceurs. Le premier séquenceur a été mis en place à l’hôpital Bouffard. Le deuxième séquenceur est arrivé, il y a un mois et il est à l’hôpital Peltier. Donc, actuellement nous avons deux séquenceurs pour identifier les variants qui circulent sur le territoire Djiboutien.Donc, Djibouti est en mesure de savoir le type de variant qui circule sur son territoire.
Le 10 janvier 2022, votre département a recommandé la 2éme dose pour le vaccin Janssen et la 3éme dose pour les autres vaccins. Les pays avec les plus larges couvertures vaccinales connaissent les plus de cas de covid. Cette information peut susciter des réticences. Quels arguments disposez-vous pour convaincre la population ?
Il faut d’abord comprendre comme je le disais tout à l’heure, dès que les premiers cas de covid sont apparus dans le monde c’est-à-dire en Chine. On a eu cette chance que le chef de l’Etat a été vraiment en première ligne pour s’enquérir de la situation. Et il avait demandé l’équipe qui était en place à l’époque, de mettre tout en œuvre pour bien se préparer à cette épidémie. Mais également savoir si il y’a une vaccination, c’est pour ça qu’on a été le premier pays Africain et le deuxième pays Arabe à avoir le vaccin sur son territoire. Et c’était une fierté nationale vraiment d’avoir assez tôt, alors que des grands pays qui nous entourent, des grands pays de la corne d’Afrique n’avaient pas ce vaccin là.
Donc c’est une chance, nous avons vacciné le premier cas comme je le dis en mars 2021 et jusqu’à maintenant nous sommes un peu près à 20% des personnes qui sont vaccinées. Il faut comprendre que c’est à la fois bas mais c’est aussi encourageant. Pourquoi je dis que c’est encourageant, parce que dans les pays de la Corne d’Afrique, nous sommes le premier pays à atteindre 20% de la vaccination. Il faut aussi comprendre là ou nous sommes arrivés c’est-à-dire nous sommes partis en mois de Septembre, nous étions 2 à 3%. Au début les gens ne voulaient pas se faire vacciner. Pendant six mois, Ils étaient sceptiques. Donc de Septembre, nous sommes partis de 3% à aujourd’hui à 20%, je pense que c’est une belle progression. Et je pense que les différentes législations que le pays a adoptées ont boosté cette vaccination. Donc pour convaincre les vaccino-sceptiques, je voulais dire une seule chose : c’est que le vaccin vous protège contre les formes graves et c’est ça l’essentiel. C’est-à-dire que les personnes peuvent contracter le virus, ils peuvent être positifs, mais ils ne vont jamais aller en réanimation. Je pense que c’est un bon argument c’est-à-dire que la personne qui est complètement vaccinée va juste développer un syndrome pseudo-grippal, comme une grippe et ça va passer. Et ça évite d’aller en réanimation, d’attraper les formes graves. Et ce n’est pas unique pour ce vaccin, beaucoup de vaccins qu’on inocule également aux enfants sont également protecteurs. C’est le cas pour le BCG qu’on administre aux enfants à la naissance contre la tuberculose. Ttu peux attraper la tuberculose. Mais tu ne vas pas développer les deux formes graves de la tuberculose que sont la miliaire et méningite tuberculeuse. C’est pour ça qu’on se vaccine contre la Tuberculose.
Donc en général, les vaccins vous protègent contre ses formes graves. Et je pense que c est un argument solide pour que les gens puissent se vacciner. Egalement les vaccins limitent la transmission du virus. Donc, je pense que c’est un argument convaincant pour que les gens puissent se vacciner et venir en masse pour la vaccination.
Ne trouvez-vous pas que la gestion de la pandémie du covid a pris le pas sur des maladies prioritaires en milieu tropicale tels que le sida et la tuberculose. Quelles sont les nouvelles sur ces fronts ?
Oui c’est vrai ce que vous dites, il faut d’abord comprendre que les systèmes de Santé publique fonctionne comme ça. A chaque fois qu’il y a une urgence mondiale épidémique, les pays vont plus s’occuper de ces urgences là et peut-être disant s’occuper moins des autres maladies. Parce que le Covid a un potentiel de propagation ou bien épidémique beaucoup plus important que les autres maladies. Mais à Djibouti, nous n’avons pas que le Covid et nous nous occupons tous les jours que Dieu fait des autres maladies aussi. C’est pour ça que c’est difficile, nos personnels sont sur plusieurs fronts , ils s’occupent à la fois du Paludisme, ils s’occupent des trois maladies de manière générale prioritaire : La Tuberculose, le Paludisme et le VIH. Mais également les autres maladies. Contrairement aux autres pays européens, nous n’avons bloqué aucune salle d’opération, nous n’avons bloqué aucune unité de médecine ou autres. L’hôpital marche comme si de rien n’était, c’est-à-dire qu’on n’a jamais déprogrammé aucune personne pour une quelconque chirurgie ou bien ou une quelconque hospitalisation. Nous nous occupons au quotidien des autres maladies. D’ailleurs, actuellement nous avons des cas du paludisme qui sont très élevés et nous nous occupons au quotidien de la gestion, que ce soit de la gestion du paludisme, que se soit la lutte anti-vectorielle c’est-à dire la pulvérisation spatiale, la pulvérisation intra-domicile. Donc on s’en occupe de manière générale. Heureusement le ministère de la Santé a vraiment une palette des personnels –soignants qui peuvent vraiment, même si c’est difficile qui peuvent s’occuper à la fois du Covid, mais des autres maladies.
En 2012, notre pays était en phase de pré élimination du paludisme, 10 ans après ou en sommes-nous ?
C’est vrai qu’en 2012, nous étions en phase de préélimination du paludisme. Il y a eu deux phénomènes, nous avons actuellement une recrudescence, depuis maintenant quelque années, c’est-à dire cinq ans nous avons régulièrement des cas du paludisme pour deux raisons : la première raison est d’abord qu’il y a un changement climatique. Vous savez à Djibouti, il y a toujours eu deux ou trois jours de pluie par année, avant. Actuellement nous avons des séquences de pluie plus fréquentes , c’est-à-dire trois, quatre, cinq fois des épisodes de pluies. Donc il y a un changement climatique. Nous subissons des inondations avec tous ses corolaires, des flaques d’eau un peu partout. Le deuxième élément qui a provoqué la recrudescence du paludisme est l’assainissement. C’est-à-dire que nous sommes un pays qui est fortement urbanisé. 80% de la population djiboutienne habite dans les villes, une forte concentration dans les villes et une forte concentration dans les quartiers, ce qui amène les gens qui habitent cote à cote. Le paludisme s’est urbanisé. C’est pour ça qu’on a une forte recrudescence du paludisme en sein des quartiers surtout à Boulaos. Ce qui explique cela, c’est le changements climatique mais également l’assainissement. C’est pour ça que j’en appelle vraiment à la population Djiboutienne, ce n’est pas seulement l’Etat, ce n’est pas seulement le ministère de la Santé, ce n’est pas seulement les services d’assainissements qui peuvent faire des choses. Il faut que la population aussi veille donc à la gestion des eaux, à l’assainissement, à l’hygiène. Il faut qu’ils prennent aussi leur part de responsabilité .
« Djibouti est en mesure de savoir le type de variant qui circule sur son territoire. »
« La population doit nous accompagner parce que les gestes barrières sont très importants. Le port du masque est obligatoire, la distanciation sociale est très importante, les lavages des mains, il faut éviter les rassemblements de plus de dix personnes. »
Interview réalisée Par Kenedid Ibrahim Houssein