
Mme Hibo Aouad Ali, Directrice générale de la Direction des Examens et des Concours (DEC) au MENFOP
À l’issue de la cérémonie de remise des diplômes du baccalauréat, la directrice générale de la Direction des Examens et des Concours (DEC) au MENFOP, Mme Hibo Aouad Ali nous a accordé un entretien au cours duquel, elle nous a donné des détails sur les spécificités de la cuvée 2025, baptisée promotion Saïd Nour Hassan. Entretien…
La Nation : Quels sont les facteurs déterminants qui expliquent la hausse du taux de réussite, année après année ?
Mme Hibo Aouad Ali : Ce qui joue un rôle déterminant dans l’amélioration du taux de réussite, c’est d’abord la décentralisation de la passation des épreuves. Les candidats composent désormais dans leur établissement d’origine, ce qui leur évite de devoir s’adapter à un nouvel environnement. Cela réduit le stress et favorise des conditions optimales de concentration.
Un autre facteur important est l’amélioration constante des conditions d’organisation et de passation des examens. Chaque année, nous nous fixons de nouveaux défis. Cette année, le grand défi relevé a été d’assurer, pour la première fois, l’inclusion effective des élèves à besoins spécifiques (EABS), afin qu’ils passent les épreuves dans les mêmes conditions que les autres candidats.
Justement, l’inclusion des EABS est une nouveauté marquante. Quelles dispositions ont été prises pour leur permettre de passer les épreuves du bac ?
Effectivement, c’est une première pour la DEC. Heureusement, le nombre de candidats concernés était encore faible : sept au total. Parmi eux, un élève atteint de troubles du spectre autistique a composé avec les mêmes sujets que les autres candidats. Les six autres étaient des élèves malvoyants ou non-voyants. Cela a nécessité la transcription en braille de tous les supports d’évaluation écrits.
Il ne s’agissait pas seulement de retranscrire des textes, mais aussi de rendre accessibles des épreuves orales ou artistiques, ce qui représentait un véritable défi logistique et humain. Nous avons pu le relever grâce au soutien des chefs d’établissement spécialisés et à une bonne coordination en amont. Les sujets ont été transcrits progressivement et livrés à temps, permettant ainsi à ces élèves de concourir dans les mêmes conditions que leurs camarades.
Qu’est-ce qui distingue la promotion 2025, dédiée à la mémoire de feu Saïd Nour Hassan ?
La promotion Said Nour Hassan se distingue d’abord par sa diversité. Contrairement aux années précédentes, où les candidats étaient majoritairement des jeunes au parcours linéaire, cette année, plusieurs profils très variés ont brillé. Des élèves à besoins spécifiques ont obtenu leur bac, malgré les défis particuliers auxquels ils sont confrontés. D’autres candidats, plus âgés, ont repris le chemin de l’école après des années d’interruption et sont montés sur le podium, démontrant que la persévérance n’a pas d’âge.
Et puis, bien sûr, cette promotion a enregistré des résultats exceptionnels, avec plusieurs moyennes supérieures à 19/20. Une candidate a même obtenu la moyenne exceptionnelle de 19,49/20, ce qui constitue un record cette année.
Comment la DEC, sous votre direction, met-elle en œuvre la politique du MENFOP pour améliorer la réussite aux examens ?
La DEC agit comme le bras opérationnel du MENFOP en matière d’évaluation. Nous mettons en œuvre les directives ministérielles avec rigueur et innovation. Notre priorité est de maintenir, voire d’améliorer, les taux de réussite, sans jamais transiger sur l’équité et la qualité. Cela passe par une organisation rigoureuse, une planification anticipée et des ajustements permanents. Chaque année, nous capitalisons sur les expériences précédentes pour affiner nos dispositifs.
Quels sont les objectifs de la DEC pour renforcer à l’avenir les dispositifs spécifiques pour les EABS ?
Notre ambition est de mettre en place un cadre institutionnel clair pour l’accompagnement des élèves à besoins spécifiques, non seulement pour les examens du baccalauréat mais aussi pour les autres niveaux d’évaluation.
Ce cadre devra définir précisément les modalités de travail, les outils à mobiliser, et les rôles de chacun – y compris l’inspection générale, les enseignants spécialisés, et les techniciens.
Il s’agit d’aller au-delà du handicap visuel ou du spectre autistique : il existe une diversité de besoins spécifiques, qu’il faudra prendre en compte de manière inclusive et systématique. L’école de demain doit garantir à tous les élèves, sans distinction, le droit à l’évaluation dans des conditions équitables.