Réunis à Djeddah, au Royaume d’Arabie saoudite, les pays de l’Organisation de la Coopération islamique (OCI) ont convenu de franchir un pas spectaculaire : réclamer la suspension d’Israël des Nations unies. Un geste fort, presque inédit, qui traduit une exaspération profonde devant l’impunité d’un État devenu symbole du mépris du droit international et du sang versé à Gaza.
L’entité sioniste a depuis longtemps franchi toutes les lignes rouges. Occupation, colonisation, bombardements aveugles, attaques contre des hôpitaux et des journalistes… Autant de crimes répétés que l’ONU a documentés sans jamais parvenir à les faire cesser. Pourquoi ? Parce que le régime du fugitif de la CPI est adossé à des parrains tout-puissants qui usent et abusent de leur illégitime droit de veto pour le protéger.
L’ultimatum envisagé par les pays de l’OCI a-t-il une chance d’aboutir ? En théorie, la suspension d’un État membre est prévue par la Charte de l’ONU, dont l’article 5 stipule que « tout membre contrevenant de manière grave aux principes fondateurs peut être suspendu par l’Assemblée générale… sur recommandation du Conseil de sécurité » ! Soyons donc lucides : il est hautement improbable que cette suspension franchisse le seuil de la recommandation.
Mais il serait réducteur de ne juger cette initiative qu’à l’aune de son succès juridique. Elle contribue déjà à isoler l’entité sioniste sur la scène internationale et à mettre sur le tapis une question brûlante : un État qui bombarde des hôpitaux, affame des enfants et qui refuse tout cessez-le-feu tout en méprisant les résolutions de l’ONU mérite-t-il encore d’en être membre ? En dénonçant cette hypocrisie, les pays musulmans mettent à nu l’imposture d’un système multilatéral paralysé par les privilèges des grandes puissances.
Le message de Djeddah dépasse le cadre diplomatique. Il révèle une fracture planétaire : d’un côté, le Sud global qui refuse de rester spectateur d’un massacre prolongé, de l’autre, des capitales occidentales engluées dans un soutien inconditionnel à Israël. Le fossé s’élargit, et avec lui l’isolement politique d’un État devenu synonyme de guerre et de massacres sans fin.
Israël, aujourd’hui, n’est plus seulement un acteur en guerre. C’est un État hors-la-loi qui défie le droit international. La demande de l’OCI, même vouée à se heurter au mur des vétos, a le mérite de rappeler que l’adhésion à l’ONU n’est pas un privilège éternel, mais un contrat fondé sur des principes. Et ce contrat, le régime d’apartheid israélien le bafoue chaque jour.
Alors oui, il est vraisemblable que la suspension n’aboutisse pas. Mais qu’importe. L’histoire retiendra que, face aux bombes tombant sur les hôpitaux de Gaza et aux enfants mourant de faim, certains ont eu le courage de dire non, tandis que d’autres se sont réfugiés dans un silence complice. Et cette mémoire collective pèsera lourd.