A la tribune de la 80e Assemblée générale des Nations unies, le président Ismaïl Omar Guelleh ne s’est pas contenté du traditionnel discours officiel. Il a lancé un réquisitoire implacable contre une injustice qui gangrène depuis des décennies l’ordre économique mondial : la mise à l’écart des pays du Sud dans les décisions qui façonnent leur destin.
Né il y a 80 ans, dans l’après-guerre, le système de Bretton Woods continue de dicter ses règles dans un monde qu’il ne reflète plus. À l’époque, les nations du Sud n’avaient ni siège, ni voix. Aujourd’hui, alors qu’elles représentent plus de 85 % de l’humanité, leur parole n’est pourtant pas comptée. Plus qu’une anomalie, ce décalage est une fracture politique, économique et morale.
Chiffres à l’appui, le chef de l’État djiboutien a déploré l’immense déficit annuel de 4 200 milliards de dollars pour atteindre les Objectifs de développement durable. Sans parler du coût du capital, trois à quatre fois plus élevé pour les pays en développement que pour ceux du Nord. C’est le scandale silencieux d’un monde où l’accès à la prospérité dépend encore du lieu de naissance.
Dans ce concert de puissances inégalitaires, la République de Djibouti choisit d’incarner la voix des oubliés. En défendant la mise en œuvre de la mesure 48 du Pacte pour l’Avenir, le chef de l’État rappelle que cette réforme n’est pas un luxe mais une obligation historique. Refuser d’appliquer cet engagement serait un échec moral et politique.
Une refondation du système actuel est plus qu’urgente : un mécanisme de restructuration de la dette plus rapide et équitable, un accès renforcé aux droits de tirage spéciaux, une représentation juste au sein des institutions multilatérales. Rien de moins qu’un nouvel équilibre mondial.
Le message est clair : avec des règles justes, le Sud ne demande pas la charité, il construit son avenir. L’écho de ce discours dépasse largement les rives de la mer Rouge. C’est l’Afrique toute entière qui y trouve une voix, et au-delà, le Sud global dans sa diversité. Car il s’agit, avant tout de la réécriture d’un contrat mondial.
Un contrat où chaque nation, quelle que soit sa taille, puisse siéger avec dignité et être écoutée avec équité.