C’est bientôt la reprise scolaire à Djibouti, tous les enfants retrouveront le chemin de l’école, il n’est pas trop tard pour bien anticiper et de s’y préparer. C’est aussi le moment opportun de penser à l’orientation scolaire de son enfant dans le contexte où le taux de chômage est plus ou moins élevé dans le pays comme partout en Afrique. L’honnêteté voudrait qu’on aille à l’école pour trouver un emploi au terme des études. Mais comment l’orienter ?
Pour ce conseiller pédagogique : « Moi, j’orienterai mes enfants dans l’enseignement technique professionnelle, parce que comme on a déjà observé la plupart de nos parents, nos ainés qui avaient opté pour l’enseignement secondaire général, ont connu beaucoup de difficultés pour réussir pour surmonter leur avenir, alors que ceux qui ont pu obtenir ne serait-ce que le CAP de l’enseignement technique, soit commercial ou industriel, s’en sortent plus facilement dans la vie active ».
Or, Me Ali avocat au barreau de Djibouti et parent n’est pas d’accord avec cette conviction et déclare : « Je crois que la première orientation dépend de la nature et de la capacité de l’enfant. S’il dispose d’une capacité requise en matière scientifique ou littéraire, il serait préjudiciable de l’orienter vers les métiers médicaux ou judiciaires».
Selon les estimations, ils sont bien nombreux à regretter d’avoir choisi l’enseignement général et estiment qu’ils ont perdu du temps en vain. Mr Moustafa Nour, infirmier, en est bien l’exemple : « Moi, je regrette d’avoir fait l’enseignement général, c’est comme si j’avais perdu un cycle de ma vie, car après mon Bac, je n’ai pas eu le moyen pour aller à l’université et en conséquence, j’ai beaucoup chômé avant de trouver ce boulot. Dans le cas contraire, si j’avais été formé techniquement, j’aurais au moins travaillé de gauche à droite avec ma petite technique. Il faut savoir que dans une entreprise, lors d’un entretien d’embauche, la première chose qu’on vous demande est « Qu’est-ce que tu sais faire, qu’est-ce que tu connais ? ».
Pour cet infirmier diplômé d’Etat, sa valeur est largement au-dessous de celle de ses amis d’enfance qui se sont orientés vers la technique et sont pour la plupart des contremaîtres, architecte et encore ingénieur.
Responsabilité des parents dans l’orientation scolaire de l’enfant. En tant que parent, est- il tout à fait légitime de se demander comment aider son enfant ? Soyons un héros pour notre enfant puisqu’un héros est celui qui aide son semblable en difficulté, le héros c’est le parent qui est là pour son enfant pour l’aider dans ses devoirs et dans les moments difficiles. Derrière chaque enfant se cache un destin et un avenir, tels que médecin, avocat, ou politicien, etc. Il faut pour cela s’impliquer davantage dans la scolarité de son enfant, car le temps investi pour un enfant n’est pas gaspillé et mieux que l’argent investi en bourse, l’enfant est non seulement la garantie de l’avenir des parents mais aussi de la société. Le L.I.C (Lycée Industriel et Commercial) de Djibouti est un lycée d’enseignement mixte dans lequel on étudie toutes les matières variées qu’on est disposé à apprendre dans l’enseignement général. Il n’est donc pas préjudiciable de sous-estimer l’enseignement technique sous prétexte que l’enfant ne saura ni lire ni écrire. Selon ce conseiller d’orientation, dans le système scolaire, pour bien orienter son enfant vers une bonne insertion socio-économique, les premiers choix commencent à partir de la fin du collège, et après au lycée, les choix d’orientation plus ou moins importants vont s’enchainer. Beaucoup de gens se trompent dès qu’ils pensent que ce n’est pas souhaitable de parler d’orientation ou métier à cet âge-là, car la résolution de l’orientation est un processus long, un processus de réflexion continue qui se penche vers la découverte des métiers donc du monde pour l’enfant. On distingue cependant trois problématiques principaux : il y’a d’abord les collégiens qui doivent un premier choix d’orientation et qui sont souvent indifférents, les lycéens qui ont déjà opté pour un choix mais ignorent tout des études supérieures, et enfin les étudiants de post bac qui ont commencé ou achevé le cycle d’études supérieures et ne savent pas où s’orienter. Or, sur ces 3 cas, le point commun c’est le manque de connaissance en soi, et c’est le rôle du parent de trouver le bon questionnement.
L’orientation scolaire est une boussole à plusieurs paramètres, s’orienter professionnellement est difficile, c’est pourquoi il faut mieux commencer dès la base, même au primaire pour que l’enfant se connaisse, et prend conscience de ses forces, ses faiblesses et de ses valeurs pour pouvoir mieux s’orienter dès son adolescence. Et pour le parent, Il est très important qu’il puisse nouer un dialogue avec son enfant, afin d’échanger librement sur le sujet de l’orientation scolaire et professionnelle, et pour cela il ne doit pas être dans le jugement, mais plutôt dans l’écoute et dans le partage de ses expériences.
Saleh Ibrahim Rayaleh