Les travaux de la conférence pour une Afrique prospère se sont poursuivis hier, au palais du peuple. Des panélistes de haut niveau ont eu des échanges autour des thématiques comme les défis et opportunités pour le secteur privé, mais aussi les facilitations des échanges commerciaux et enfin les TIC. A l’issue de quoi, une série de recommandations ont été formulées.

Milieux d’affaires, experts, universitaires et décideurs ont convenu de travailler aux côtés des chambres de commerces africaines pour d’abord, structurer le secteur privé africain pour lui permettre de s’exprimer d’une seule voix. Par ailleurs, ils ont appelé unanimement l’Union africaine et toutes les organisations en charge de la mise en œuvre de la ZLECAF d’associer le secteur privé à cette formidable aventure  humaine. Corolairement, les panélistes ont suggéré de mettre sur pied un label de qualité  «  made in Africa » conforme aux standards internationaux, mais aussi de développer des chaînes de valeur régionales, voire régionales et continentales en Afrique et enfin de créer et mettre à disposition d’un fond pour soutenir le secteur privé dans quasiment tous les pays du continent.

…Les clés du succès du marché commun africain. Pour rappel, le premier panel avait recommandé aux Chambres de Commerce africaines de s’associer voire de prendre le leadership aux côtés des gouvernements dans la mise en œuvre de la ZLECaf. Car, ont-ils reconnu, « La réussite de la ZLECaf dépend de l’implication du secteur privé avec le soutien des Chambres de Commerce qui pourront servir de porte-parole auprès des gouvernements. Le développement et l’utilisation renforcée des mécanismes de partenariat public- privé  prennent donc tout leur sens au sein de la ZLECaf ainsi qu’une volonté politique forte dans tous les pays du continent ».

Plus généralement, certains facteurs ont été identifiés comme clés du succès de la ZLECAF, à savoir notamment un cadre juridique favorable au préalable pour la réussite de ce marché commun, l’industrialisation du continent qui permet de créer des chaînes de valeurs, la création d’emploi et la diversification économique, les investissements dans les NTIC afin d’être plus compétitifs au niveau international et l’investissement agricole comme principal défi pour les africains afin d’atteindre une autosuffisance alimentaire représentent également des enjeux majeurs. Le défi majeur étant donc d’avoir davantage de capitaux pour suppléer un marché de plus de 1 milliard de consommateurs.

…Faciliter les échanges commerciaux. Le panel sur la facilitation des échanges commerciaux a permis de réfléchir sur les principaux défis auxquels le commerce intra-africain est confronté mais également de prendre conscience des mécanismes mis en place par l’Union Africaine et autres institutions régionales pour faciliter le processus. Les panélistes ont relevé des défis comme le manque d’infrastructures et de communications interétatiques adéquates, une intelligence économique insuffisante sur le continent, le manque d’expertise au niveau des marchandises périssables sur les normes sanitaires.

Ils ont également pointé du doigt le manque de confiance, d’assurance et de perception des africains sur la qualité de leurs propres produits qui est un obstacle à leur valorisation et les mécanismes de contrôle de qualité ne sont pas respectés. Les panélistes ont regretté la persistance de doutes et des questionnements profonds sur la réussite de la ZLECaf au niveau de tous les pays car les économies africaines sont similaires et rencontrent les mêmes difficultés et obstacles. Autre obstacle de taille, le secteur informel encore important et qui contribue fortement à la valeur ajoutée du continent mais pour lequel on doit trouver des mécanismes de formalisation. De la même façon, les problèmes douaniers ainsi que la corruption  ont été identifiés comme des freins qu’il faut supprimer. Ils ont également plaidé pour la reconnaissance et le respect des organisations régionales dont la contribution est très positive aux échanges commerciaux intra africain. 

…Technologie et Innovation pour l’Afrique. Le panel sur les technologies et l’innovation pour l’Afrique a  établi que le succès de l’intégration économique dépend de la stabilité des relations entretenues entre les pays de la région. « Ainsi en matière de NTIC, il faut mettre en place des stratégies numériques communes pour pallier au faible accès du continent à la numérisation » a-t-il été recommandé. Aussi, les panélistes ont défendu un modèle de développement basé sur le partenariat public-privé qui est primordial et doit servir de socle au développement économique du continent à travers les NTIC. «Ainsi, le E-commerce est un moyen de stimuler les transactions commerciales,  de remédier aux problèmes de communication pour faciliter le commerce en mettant en relation les industriels et les distributeurs à travers des plateformes » ont-ils souligné.

La technologie peut également être au service de la mobilité des produits et services. Durant ce panel, le coût de l’énergie et les questions sur la sécurité et la stabilité ainsi que les défis sur la croissance exponentielle des jeunes sur le marché du travail ont fait l’objet de discussions soutenues. Les recommandations ont brassé large sur de nombreuses questions qui vont du savoir-faire et de l’expertise nécessaire pour la transformation des produits agricoles africains à l’importance de développer des réseaux d’infrastructure performants et des moyens de transports, en passant par l’impérieuse nécessité de développer des réseaux de télécommunication tout en améliorant les politiques gouvernementales pour la facilitation des échanges.

Dans le même ordre d’idée, la transformation des ressources indéniables du continent en richesse disponibles et quantifiables a été largement défendue car  « l’Afrique est riche et ne manque pas de moyens financiers, et il faut juste permettre à ses investisseurs d’insuffler des fonds en Afrique ». Les recommandations ont également mis l’accent sur l’indispensable promotion et le développement du  E-commerce sur le continent. Pour ce faire, il est nécessaire de renforcer la réglementation au niveau du continent pour la sécurité numérique et de rendre accessible les services numériques pour tous à un tarif abordable sur le continent. Les panélistes ont recommandé également de coordonner la vision de chaque Etat au niveau numérique et de créer une plateforme afin de mettre en relation les PME africaines et européennes. Ils ont appelé également à harmoniser les différentes politiques commerciales entre les Etats et de développer des stratégies de communication performantes pour valoriser la production du continent et sa perception. Pour cela, il est indispensable de rehausser la compétitivité de nos entreprises par la formation professionnelle de qualité et de favoriser la production de l’information commerciale et économie sur l’Afrique par l’Afrique.

« L’identification des produits et services du continent afin de créer un archivage des produits et services existants » fut aussi une idée force dans les recommandations.

Les travaux de la conférence doivent s’achever aujourd’hui avec la rencontre entre la chambre panafricaine de commerce et d’industrie et la Chambre de commerce africaine du Japon. Une forte délégation japonaise est attendue pour cette rencontre qui verra des échanges élargis entre les milieux d’affaires djiboutiens, éthiopiens et français.

MAS