
Au cours d’un atelier régional qui s’est tenu les 29 et 30 janvier dernier, à Nairobi au Kenya, une délégation djiboutienne conduite par le secrétaire général du ministère de l’intérieur, Souleiman Moumin Robleh a participé à la validation technique du Livre blanc sur la cohésion sociale dans la région de la Corne de l’Afrique. Ce document stratégique vise à promouvoir l’inclusion économique et la stabilité régionale, dans un contexte marqué par des défis sécuritaires et climatiques croissants. Il s’agit là d’une rencontre stratégique inscrit dans ‘‘l’Initiative Horn of Africa’’, un programme ambitieux lancé en 2019 pour renforcer l’intégration régionale.
L’événement d’envergure a réuni dans la capitale Nairobi des délégations issues de cinq pays de la région de la Corne de l’Afrique à savoir : Djibouti, Éthiopie, Somalie, Soudan du Sud et Kenya et des représentants d’organisations internationales majeures telles que la Banque mondiale, la Banque Africaine de Développement et l’Union Européenne en vue d’une éventuelle validation technique du Livre blanc sur la cohésion sociale, un document fondamental destiné à guider les politiques publiques en matière de paix, de stabilité et de développement socio-économique dans la région. Soutenu par le gouvernement britannique via le Fonds de Sécurité Intégré (FSI) pour l’Afrique de l’Est, ce projet s’inscrit dans une dynamique plus large visant à favoriser le bon voisinage entre les populations transfrontalières et à réduire les tensions intercommunautaires. L’objectif étant de favoriser la paix par le développement économique et social, notamment en renforçant l’infrastructure, l’emploi et la gestion des ressources naturelles.
Djibouti y était représenté par une délégation de haut niveau composée du Secrétaire Général du Ministère de l’Intérieur, Souleiman Moumin Robleh, du Préfet de Tadjourah, Mohamed Houmed Abbas, du Président du Conseil Régional d’Ali Sabieh, Charmake Hassan Allaleh, du Directeur Général du CTID, Samatar Abdi Osman, ainsi qu’un représentant de la société civile en l’occurrence Ali Mouhoumed.
Rappelons qu’en amont de cette rencontre régionale, Djibouti avait déjà organisé un atelier national en décembre 2024, réunissant les principaux acteurs du pays autour des enjeux de cohésion sociale et de résilience communautaire.
Au cours de cette rencontre, la délégation djiboutienne a présenté les avancées majeures du pays en matière de cohésion sociale. En effet, depuis 2022, en partenariat avec le PNUD et le CTID, Djibouti met en œuvre un programme national axé sur la résilience communautaire et la réduction des inégalités économiques. Parmi les actions phares de ce programme ambitieux, la République de Djibouti a réalisé non seulement des infrastructures hydrauliques à Sadli et Bakkéré pour améliorer l’accès à l’eau potable mais également des études socioéconomiques pour promouvoir l’autonomisation des communautés rurales ; des enquêtes sur la gestion des conflits et les mécanismes traditionnels de médiation et un Forum de Dikhil en juin 2023, ayant abouti à l’adoption de la Charte de Dikhil, soutenue par six ministères clés (Intérieur, Éducation, Santé, Femmes et Famille, Environnement, Travail). Ces initiatives démontrent la capacité de Djibouti à concevoir des solutions innovantes et inclusives, en impliquant l’ensemble des parties prenantes – gouvernement, collectivités locales, société civile et secteur privé.
Vers une feuille de route régionale pour la cohésion sociale
Après deux jours de débats constructifs, l’atelier de Nairobi a débouché sur neuf recommandations majeures, engageant les pays participants à intégrer la cohésion sociale dans leurs politiques de développement. Une attention particulière a été portée aux zones transfrontalières, où les tensions sont souvent exacerbées par des enjeux économiques et climatiques. Le renforcement des infrastructures sociales de base (écoles, centres de santé, réseaux hydrauliques) pour améliorer les conditions de vie ; le développement d’initiatives favorisant l’emploi des jeunes afin de réduire la vulnérabilité économique ; la promotion des mécanismes traditionnels de résolution des conflits pour consolider la paix locale et l’ Appui aux programmes de formation et d’éducation pour encourager l’inclusion des populations marginalisées entres autres, figurent parmi les décisions adoptées au cours de cette rencontre à Nairobi.
Une réunion ministérielle qui se tiendra au cours de ce mois de février à Addis-Abeba en Ethiopie officialisera le document final du Livre blanc sur la cohésion sociale. Djibouti y présentera une stratégie nationale accompagnée d’un plan d’action budgétisé pour la période 2025-2030, qui servira de base aux négociations avec les bailleurs de fonds internationaux.
Il est à noter que le financement des programmes nationaux de cohésion sociale dépendra des efforts fournis par chaque pays dans la mise en œuvre de leurs engagements.
RACHID BAYLEH