La salle des conférences de l’hôtel de la Palmeraie d’Ali-Sabieh a abrité durant cinq jours un atelier de formation sur la lutte antiacridienne. Celle-ci a regroupé des agents et des techniciens du ministère de l’agriculture, de l’eau, de l’élevage, de la pêche, chargé des ressources halieutiques issus des trois régions de l’intérieur du sud : Ali-Sabieh, Dikhil et Arta.

Cette formation est survenue dans une période cruciale où se répète l’arrivée des criquets pèlerins dans la région de  la corne de l’Afrique.  Son objectif  sur la bio-écologie du Criquet pèlerin est à la fois d’apprendre à reconnaître et identifier correctement cet insecte, à connaître ses habitats, sa biologie  et tout spécialement le phénomène de polymorphisme phasaire, et enfin son comportement, les mécanismes de formation des invasions et les bases de la stratégie de prévention actuellement en vigueur. Elle a eu lieu dans une première moitié en théorie et dans la seconde en exercices pratiques.  Cet atelier de formation nationale sur la lutte antiacridienne intervient après l’élaboration d’un plan d’actions national de lutte contre le criquet pèlerin, élaboré avec l’appui de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO). Il a été présenté et validé auparavant auprès du Ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche, de l’Élevage et des Ressources Halieutiques (MAEPE-RH) de la République de Djibouti. Ce plan permettra de mettre en place les activités de contrôle et de surveillance du Criquet pèlerin, de suivi environnemental et sanitaire, ainsi que la restauration des moyens d’existence impactés en cas d’invasion.

Pour rappel depuis le mois de novembre 2019, des milliards de Criquet pèlerin se sont propagés à travers l’Afrique de l’Est et ont ravagé les cultures agricoles et les pâturages mettant à mal la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans des pays déjà vulnérables, comme la Somalie, l’Ethiopie et Djibouti. Le Criquet pèlerin (Schistocerca gregaria) est le ravageur migrateur le plus destructeur au monde. Ils sont très voraces et ciblent les cultures vivrières et fourragères. Pour illustrer l’ampleur des potentiels dégâts, un seul kilomètre carré d’essaim, peut consommer en une journée la même quantité de nourriture que 35 000 personnes. C’est pourquoi ils constituent une menace sérieuse pour la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des populations rurales.

En République de Djibouti, la première vague est apparue dès septembre 2019, dans les régions du Sud (Ali-Sabieh et Dikhil) avant de passer dans les autres régions (Arta, Tadjourah, Obock et la périphérie de la ville de Djibouti) où ils ont pratiquement mis à sec certains périmètres agricoles. Les pertes agropastorales pour le pays ont été colossales et les besoins de relèvement des six régions affectées (Arta, Dikhil, Ali-Sabieh, Tadjourah, Obock et la périphérie de la ville de Djibouti) ont été énormes.

Afin d’épargner le pays une autre vague ravageur d’essaim de criquets pèlerins et de soutenir les efforts du Gouvernement Djiboutien, la FAO a appuyé la mise en place d’un Système de Veille en Lutte Antiacridienne en intégrant les dispositifs de surveillance, des opérations de contrôle, de gestion des pesticides et des ressources humaines. Elle a aussi fait appel à un Consultant international qui travaille étroitement avec les équipes du pays.

D’où l’appui financier et technique de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à cet atelier de formation nationale sur la lutte antiacridienne. Au cours de sa phase théorique, les participants ont appris à identifier le criquet pèlerin dans tous ses multiples aspects, son habitat et son polymorphisme c’est-à-dire ses changements de forme. Puis ils ont étudié les techniques de prospection, les connaissances et les outils nécessaires afin de : savoir planifier, préparer et mettre en œuvre une prospection et en assurer le suivi (lutte) mettre à jour les connaissances sur la bio écologie, la dynamique et le comportement des populations du Criquet pèlerin déterminer où, quand et comment entreprendre une prospection connaître les différents types de prospection et les diverses méthodes d’évaluation des conditions écologiques et des situations acridiennes.  Il leur a été rappelé la nécessité de maîtriser  l’utilisation des outils de navigation, de collecte et de transmission de l’information écologique et acridienne afin  d’assurer la récolte et la conservation des échantillons de criquets et de plantes des zones prospectées être en mesure d évaluer correctement les superficies prospectées et infestées par les essaims ravageurs.

La deuxième phase de cette formation nationale sur la lutte antiacridienne a été axée sur les notions de base sur les pesticides (formulation, types, familles chimiques), leur particularité en phase de  lutte du criquet pèlerin.

Les principes de base de la pulvérisation en ultra bas volume lors du déroulement des opérations de la lutte antiaérienne ont été fortement annoncés et conseillés aux bénéficiaires. L’objectif principal étant de minimiser l’impact environnemental de la lutte antiaérienne sur les zones de pulvérisation. A cet effet, il a été dit de disposer des connaissances sur les risques pour l’environnement de la lutte antiacridienne  connaître sommairement les techniques de pulvérisation terrestre de pesticides. Il faut également  connaître la problématique, les principes et les options du suivi environnemental  en sachant assurer le suivi environnemental de la lutte contre le Criquet pèlerin (procédures, techniques de suivi, mise en œuvre des cahiers des charges et des exigences environnementales, analyse et reporting des incidents d’impact environnemental, …)  être en mesure d’identifier et de repérer les zones sensibles aux traitements antiacridiens  maîtriser les mesures de réduction des risques de la lutte antiacridienne.

Au cours du cinquième jour de cette  formation est intervenue sa clôture qui a vu la participation du préfet de la région, Moussa Aden Miganeh, du directeur régional du Ministère de l’agriculture, Mahdi Ali Robleh et d’un consultant international de la FAO, Tidiane Diakité.

Le représentant du pouvoir public dans la région a souligné l’importance d’une telle formation pour la préservation de la production agropastorale. Il a exhorté aux participants de tenir compte dans leurs actions de lutte contre le criquet pèlerin la limitation des produits chimiques de pulvérisation sur l’environnement.

Pour sa part, le membre de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a reconnu la nécessité de mettre en œuvre sur le terrain les acquis de cet atelier de formation sur la lutte antiacridienne. Il a rappelé l’appui de son organisation au gouvernement djiboutien afin de mener une lutte efficace contre ce fléau.

Cette formation s’est terminée sur des simulations de pulvérisation des pesticides sur le terrain.

ALI LADIEH