En marge de la deuxième Conférence internationale sur le changement climatique sous le thème « Recherche et Résilience », qui se déroule à l’hôtel Djibouti Grand Ayla, nous avons recueilli plusieurs réactions des participants qui nous expliquent ses tenants et aboutissants.

Dr. Moussa Mahdi Ahmed

Directeur de l’Observatoire Régional de Recherche pour l’Environnement et le Climat (ORREC) en Afrique de l’Est

« Cette conférence permettra de valider la base de données et les prédictions de l’ORREC »

« Il s’agit de la deuxième édition de la Conférence internationale sur la recherche et la résilience face au changement climatique. Lors de la première édition, des recommandations avaient été formulées pour l’observatoire afin qu’il puisse mettre en place des stratégies d’adaptation. Cette conférence arrive à point nommé car nous avons atteint certains des objectifs définis lors de la première édition, notamment l’identification du régime des précipitations à Djibouti et en Afrique de l’Est. Nous y sommes parvenus grâce à ce qu’on appelle une réduction d’échelle.Nous avons pu identifier, prédire et valider les précipitations qui se produisent à Djibouti et dans la sous-région du continent africain.Dans un premier temps, des progrès scientifiques et techniques ont été réalisés, notamment concernant le mécanisme du transfert des précipitations depuis l’ouest de l’Arabie vers la République de Djibouti, ainsi que les différents mécanismes de précipitation à l’échelle continentale.L’intérêt scientifique et technique principal réside dans l’adaptation à une agriculture durable et à des technologies agricoles adaptées aux conditions locales.Le deuxième objectif atteint a été la mise en place d’une structure de formation académique pour les lycéens et les étudiants de l’université de Djibouti, ainsi qu’une formation technique destinée aux communautés rurales, notamment les agro-pastoralistes, les nomades et les pêcheurs de la République de Djibouti.Nous leur avons enseigné quelques pratiques agricoles adaptées à leurs parcelles de terrain dans leur région. Nous avons rencontré les communautés de Douda, Damerjog, Assamo, Dikhil et Tadjourah, et nous souhaitons également poursuivre notre intervention à Obock.Nous avons formé au moins 250 élèves en moins de deux ans, 250 lycéens et une quarantaine d’agriculteurs ou d’agro-pastoralistes, sans compter les nomades qui constituent une population mobile.En 2024, selon les derniers chiffres, une douzaine de familles nomades ont reçu des conseils sur les passages de transhumance adaptés en fonction des saisons, afin que leurs troupeaux trouvent des forages appropriés malgré les changements des couloirs de transhumance au cours des dix dernières années.

Le troisième objectif a été de finaliser et de consolider les bases de données nationales en climatologie, en ressources en eau, et en recensement de biodiversité utilisant des marqueurs d’ADN. De plus, certains aspects de la datation nucléaire ont été utilisés pour comprendre comment certains écosystèmes fragiles ont été dégradés.Les résultats attendus de la conférence incluent principalement l’appréciation par les experts africains et européens des avancées réalisées à l’ORREC en collaboration avec les chercheurs djiboutiens de l’ORREC. En outre, nous espérons que ce processus permettra de renforcer notre partenariat avec le personnel de la région de l’IGAD et du continent africain durant le deuxième quinquennat de l’ORREC, à partir de 2027.Ces validations nous permettront d’effectuer des prévisions à court terme, que ce soit hebdomadaires ou mensuelles. Elles serviront également à fournir des communications précises aux agriculteurs et aux ministères sectoriels concernés, afin de prédire les risques de sécheresse et la réduction des ressources en eau.Cette conférence permettra de valider la base de données et les prédictions In Sha Allah, ainsi que de lancer officiellement la base de données de l’ORREC. Celle-ci sera mise à disposition des ministères sectoriels, et notamment des professionnels travaillant sur le terrain ».

Moussa Ahmed Waberi

Doctorant Chercheur et climatologue à l’ORREC

« La conférence internationale sur le changement climatique, la recherche et la résilience a pour objectif de réunir tous les scientifiques du continent africain et d’Europe afin de trouver des solutions aux impacts significatifs du changement climatique sur la région de l’Afrique de l’Est. Nous sommes en train de promouvoir la qualité de la recherche localement à Djibouti. Depuis quelques années, Djibouti commence à acquérir une certaine visibilité, notamment dans le domaine de la recherche climatique. J’ai effectué ma première thèse en climatologie à Djibouti ».

Mahamoud Ali Chirdon

Doctorant, chercheur  à l’ORREC

« La recherche menée par l’ORREC couvre actuellement plusieurs axes, notamment l’étude du climat, les évolutions à long terme des températures et du vent, ainsi que l’impact de ces paramètres sur la situation observée à Djibouti. L’objectif général de cette conférence est de démontrer la capacité à relever les défis posés par le changement climatique, en soulignant que ce phénomène naturel peut être combattu avec une préparation adéquate ».

Frédéric Huneau

Professeur des Universités en hydrogéologie, Université de Corse Pascal-Paoli

« Mes recherches portent également sur la qualité de l’eau, souvent affectée par le changement climatique »

« Cette conférence porte sur le changement climatique et son lien intrinsèque avec la problématique de la disponibilité de l’eau.Mes recherches portent également sur la qualité de l’eau, souvent affectée par le changement climatique et d’autres facteurs. Le changement climatique, le développement démographique et le développement agricole influencent tous la qualité de l’eau, qui se détériore particulièrement en Afrique et dans les régions côtières africaines.Il est important de reconnaître que la qualité de l’eau est également affectée, et pas seulement sa quantité, lorsque l’on s’intéresse à cette ressource.La deuxième journée de cette conférence se révèle particulièrement enrichissante puisqu’elle traite de la disponibilité des ressources telles que l’alimentation et l’eau, ainsi que des potentialités agricoles face au changement climatique. Sont également abordées l’accélération des processus, l’augmentation démographique et l’industrialisation. Étant donné que l’agriculture et l’eau sont des facteurs limitants, il est crucial de prendre en compte l’ensemble de ces paramètres ».

Propos recueillis par Med Chakib