
Si pendant longtemps les femmes, en général, pas seulement les djiboutiennes avaient horreur de la polygamie, la tendance, de nos jours, est à l’inverse. De plus en plus d’entre elles sont d’accord et incitent même leurs conjoints à trouver une, voire deux coépouses. Mais pourquoi ce changement radical dans les têtes des femmes ?
Pendant longtemps, la coépouse était vue comme le mal incarné, la briseuse de foyers, la sorcière qui avait détruit un couple qui, à priori, s’entendait très bien. Elle représentait, chez leurs congénères, une femme sans scrupule, qui vient chasser sur le terrain d’une autre, une femme qui serait prête à tout pour arriver à ses fins. Mais avec l’évolution des mœurs, les mentalités d’antan ont bien changé. L’idée d’une coépouse ne fait plus peur, bien au contraire, il s’agit désormais d’un soulagement, d’un poids partagé et donc, de moins de responsabilités à assumer.

Laisse-moi te présenter ma coépouse !
Le mot coépouse donne à certaines femmes des sueurs froides ! Rien qu’à l’idée de la polygamie, elles fuient. Elles évitent les hommes polygames, de peur qu’ils donnent des idées malsaines à leurs maris. Mais sur ce point, les avis des femmes divergent. De plus en plus de nos sœurs ont compris que la polygamie n’était pas si mauvaise. Elles y trouvent, au contraire, leur compte. Désormais, elles sont même prêtes à trouver celle qui viendra partager leurs foyers, et surtout leurs maris. Loin d’agir par respect des concepts religieux, elles agissent plus pour leur propre bien-être. Elles savent que dorénavant, elles auront plus de temps pour s’occuper de leur propre personne et que toutes les charges familiales seront assumées par la deuxième femme. D’où l’idée de génie de chercher une jeune femme, prête à se marier, et qui saura faire fi de la jalousie et des chamailleries. Un point, toutefois, qui mérite d’être soulevé : il ne faut pas non plus qu’elle soit très jolie, car elle risquerait de lui faire de l’ombre. Un équilibre tout trouvé, donc.
Dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest, les premières femmes sont même invitées au remariage de monsieur. Elles assistent, organisent, préparent à manger pour le grand jour. Le point positif ? Elles ont compris très tôt que « la nouvelle » aura du pain sur la planche. Désormais, un partage équitable des tâches familiales est envisagé. Et monsieur est aux anges ! Il a deux femmes, qui s’entendent très bien et que demander de plus. Son agenda conjugal est bien chargé, les jours de la semaine sont repartis et tout le monde y trouve son compte.

La monogamie en perte de vitesse ?
Soyons francs, il y a plus de femmes que d’hommes. Dans ce cas, comment faut-il faire pour que nos sœurs qui sont bien souvent à la recherche d’un prince charmant trouvent chaussure à leur pied ?
Partager, tout simplement. Et accepter de partager reste un lourd tribut que très peu d’entre elles peuvent accepter. Pourtant, dans les sociétés modernes, il y a de plus en plus de « second bureau », de « 15 h à 17 h » ou des réunions inopinées qui tombent bien souvent le soir. Et chez nous, il y a les « min yaro », ces femmes très jeunes, qui souvent mariées de manière clandestine, acceptent de se marier bien souvent pour sortir de la précarité. Elles habitent bien souvent bien loin de la ville, dans des petites maisons et élèvent leurs enfants dans la clandestinité. La polygamie de ces messieurs reste longtemps cachée, et à leurs décès, leurs épouses apprennent malgré elles que l’héritage familial sera partagé. Un choc ! Pourtant, tout aurait été plus facile si, dès le départ, elles le savaient. Certes, le premier choc du remariage passé, ces femmes, qui ne sont plus dans la fleur de l’âge, ne comprennent toujours pas qu’un homme n’est jamais satisfait, par principe. Si certains le font de manière officielle, et viennent demander leurs consentements, les deuxièmes bureaux sont une réalité qui existe, partout dans le monde. Et Djibouti n’est pas en reste. Il s’agit de comprendre qu’il y a un déséquilibre démographique tout simplement. En somali, par exemple, les hommes ont souvent 2 à 3 femmes. Elles sont heureuses, chacune, dans leurs foyers. Dans les pays arabes, les hommes hébergent leurs femmes dans un immeuble, et chacune a son étage. Que demandez de plus ?
La polygamie, secret de polichinelle ?
Les hommes avec un statut social sont les plus à craindre. Ils ont besoin de dépenser leur argent et de se sentir jeunes. Pour cela, ils convoitent bien souvent des jeunes filles, pas encore mariées et qui sauront apporter un peu de « piment » à leurs trains de vie quotidiens. La polygamie est donc la bienvenue, comme qui dirait, pourquoi toujours manger le même plat, si la nourriture est mieux ailleurs ? Pourquoi se restreindre quand on peut subvenir aux besoins de toutes ? Autant de questions qui ne sont plus à poser de nos jours. Car si, pendant longtemps, les coépouses étaient pointées du doigt, elles s’affichent fièrement de nos jours. Elles n’ont plus peur du regard méprisant de la voisine de palier, qui pense que son mari est sa chasse gardée. Fini les hommes qui craignaient de se remarier. Pour peu qu’ils aient un peu de sous, la première chose qu’ils font est de chercher une seconde épouse. Mouvement de plus en plus à la mode de nos jours. Avoir plusieurs femmes est même vu comme un signe de maturité et les hommes envient ceux qui osent passer ce cap. Ils les trouvent plus forts, mieux entretenus, et plus heureux. Donc pourquoi ne pas partager ce privilège ? Pourquoi vouloir garder un homme qui, une fois n’est pas coutume, ira bifurquer ailleurs dès que ses poches seront bien garnies ?
Pour celles qui ne l’auraient pas encore compris, la polygamie est un fait réel, qu’on se le dise. Ce n’est plus un secret, et beaucoup de jeunes femmes modernes l’ont compris. Accepter d’avoir une coépouse n’est plus une tare qu’il faut cacher, bien au contraire, c’est affirmer que l’on est prête à prendre soin de soi, à partager du temps avec ses amies, sans avoir à se demander si le mari est d’accord ou pas. C’est accepter une réalité qui existe depuis la nuit des temps, c’est oser garder la tête haute et dire haut et fort : je suis heureuse (bien sûr quand il n’est pas là). Alors pourquoi se restreindre à vouloir à tout prix garder un homme, qui, malgré vous, vous ramènera, tôt ou tard, une femme ? Mais, toujours est-il qu’il faut mieux, tard que très tôt. À bon entendeur…
N. Kadassiya