
Si on devait traduire du somali le mot “moukour”, les significations qui s’en rapprocheraient le plus seraient peut-être : caprices ou chichis, mais tout ça pour dire que les femmes, pas seulement djiboutiennes, usent de leurs charmes en omettant pas de faire parfois, voire souvent, des caprices. Disons le vraiment, les hommes aiment-ils vraiment le moukour des femmes ? Les femmes indépendantes ne comprendront jamais cet état d’esprit, mais celles qui sont habituées à en jouer tous les jours se reconnaîtront sûrement dans ces différents profils. Néanmoins, toute ressemblance reste purement fortuite .

Pendant longtemps, nos mères ont toujours voulu faire croire aux hommes dont les femmes avaient des difficultés pour accoucher, qu’il fallait à tout prix leur offrir des bijoux. Mais pas n’importe lesquels, des bijoux en or s’il vous plait ! Sinon le rejeton tant attendu ne sortirait jamais. Le mari avait alors deux choix, soit les acheter soit les emprunter à ses sœurs ou à sa mère et faire croire qu’il les avait acheté à sa femme. Et cette astuce marchait vraiment. La femme accouchait normalement avec le mari était satisfait. Cette ère est révolue. Les hommes ne tombent plus dans ce panneau. Et puis si le bébé ne veut pas sortir, c’est parti pour une césarienne. Il fut un temps où les femmes usaient de 10 000 stratagèmes pour arriver à leur fin, et de nos jours, comment se passe les choses ? Le fameux moukour est-il toujours d’actualité ?

Saredo, 29 ans
Je suis mariée depuis bientôt 6 ans à mon mari, est plus âgé que moi de 16 ans. Je suis sa seconde épouse et comme toutes les femmes, je sais jouer de mes charmes. Je n’appellerai pas ça du « moukour ». Quand je veux quelque chose, je ne le lui dis pas, je le laisse deviner. Pour cela, j’attends toujours sa réaction quand il rentre à la maison. Le jour où j’ai besoin de quelque chose de précis, je lui fais la tête, et il comprend aussitôt. Pour moi, ce n’est pas du moukour, c’est juste ma façon de lui demander quelque chose. A chacune ses méthodes. Et pour moi ça marche. Et puis d’ailleurs, il ne m’a pas épousé pour rien. Mes amies se moquent souvent de moi en me traitant de capricieuse. Ce n’est nullement ça. Je suis une seconde épouse et de ce point de vue, je dois me démarquer de la première femme, qui est, totalement mon opposée. Et les hommes aiment les femmes-enfants, celles qui font des caprices, qui boudent pour rien. Je ne vois aucun mal à ça, dans la mesure où il cède à mes caprices.
Aicha ,36 ans
Ne dit-on pas que la fin justifie les moyens ? Pour moi tous les moyens sont bons pour arriver à mes fins. Mon mari est plus jeune que moi de 2 ans, on était voisins. Mais la vie nous a réunit aujourd’hui et tous les jours, j’ai l’impression que je vis un conte de fées. Il sait que quand j’ai besoin d’argent, je fais des caprices de petite fille. Je fais ma moue de petite fille frustrée, et il adore ça. Ça pimente notre vie de couple. J’avais une copine arabe qui était friande de films indiens. Et tout comme les actrices, elle m’a appris certaines mimiques et gestuelles à faire. Mon Dieu, au début, je rigolais de moi-même, mais avec les années, j’ai vite compris que les hommes adoraient les femmes qui leur réclament sans cesse des petites choses, de petites attentions, alors pourquoi m’en priver ? A chaque fois que j’ai besoin d’argent pour acheter un parfum ou des boubous, je l’appelle au travail. Et si jamais il ne décroche pas à la première sonnerie, je me fâche. J’attends qu’il me rappelle pour lui faire part de ma frustration. Je crée un conflit bidon et lui, il tombe à chaque fois dans le panneau. Pour que je lui pardonne, il me propose soit des sous, soit des cadeaux. Il s’agit d’un petit jeu entre nous, je me fâche, il me donne ce dont j’ai envie et hop, je retrouve le sourire et tout le monde est heureux. Je remercie ma copine arabe qui m’a appris à faire tout ça, car sans elle, je n’aurais jamais pu faire tout ceci.
Ayan, 46 ans
J’ai horreur des femmes qui font des chichis. J’estime qu’une femme doit garder une certaine dignité et ne pas toujours vivre aux crochets des hommes. Mon indépendance, je ne le céderais pour rien au monde. Je vois beaucoup de femmes faire des caprices au téléphone, quand elles discutent avec leurs maris. Et je ne comprendrais jamais pourquoi elles font ça. Une femme se doit d’être libre dans ses faits et gestes. Mais elles sont là, avec leurs niaiseries, à demander des sous par-ci, des bijoux par là. Elles réclament qu’on les emmène dans des restaurants tous les soirs, des cartes de crédit téléphoniques, etc. Le plus drôle, c’est le ton qu’elles prennent, on dirait les Télétubbies… Certaines vont penser que je suis méchante, mais à dire vrai, je les admire. J’envie leurs ténacités, leurs sang-froid. Elles veulent quelque chose, elles le réclament aussitôt. Pendant que moi, je fais la fière dans mon coin. En réalité, pour réclamer autant et recevoir aussi autant, il faut une certaine aisance d’esprit que les femmes indépendantes comme moi n’auront jamais. En réalité, elles sont 10 fois plus intelligentes que leurs hommes car elles ont vite trouvé leurs points faibles. Ils aiment avoir une femme docile, qui vit à leurs crochets et qui fait des niaiseries. Et elles en usent et parfois abusent, mais comme disait ma mère, les hommes, tant que les tiens par le porte-monnaie, ils vont rester !
N. Kadassiya