
De retour de l’Assemblée générale de l’ONU, Mahmoud Ali Youssoufaaccordé une interview à la chaîne de télévision panafricaine « Télésud ». Dans cet entretien, il commente ainsi les affaires du monde et pose un regard lucide sur l’Afrique. Derrière le chef de la diplomatie djiboutienne, c’est le candidat à la présidencede la Commission de l’Union africaine qui s’exprime.
Diplomate de carrière, ministre des Affaires étrangères depuis plus de vingt ans, Mahmoud Ali Youssouf est aujourd’hui, à 58 ans, l’un des principaux candidats à la présidence de la CUA. Son pays le soutient officiellement. Normal donc qu’il s’adresse aux médias du continent pour faire connaître sa vision et ses projets aux Africains.Dans cet entretien avec Télésud, une chaîne du groupe de médias «Global Africa » basé en France, le ministre des
Affaires étrangères livre une réflexion sur sa vision de l’Union africaine, celle d’une organisation profondément ancrée dans les besoins et aspirations des peuples africains, et non uniquement des institutions. Il appelle à « une Union Africaine des peuples », visant à dépasser les structures politiques pour mieux inclure les citoyens dans la construction de l’avenir du continent. « L’intégration africaine doit être renforcée sur des bases populaires », affirme-t-il, laissant devinerune certaine insatisfaction envers les initiatives actuelles perçues comme éloignées des réalités des Africains ordinaires.
Un continent face à ses défis
Le ministre MAY souligne l’importance de construire des solutions africaines aux problèmes africains, insistant sur le fait que les crises sécuritaires, économiques et sociales du continent doivent être abordées par des institutions capables de répondre aux attentes des populations. « Ce que nous voulons, c’est une Afrique unie, qui défend ses intérêts et ses peuples », martèle-t-il, en appelant à la mise en place d’une Union qui soit le reflet des priorités des citoyens, et non de simples accords entre élites politiques.
Dans cette perspective, Mahmoud Ali Youssouf semble également faire écho aux aspirations d’une génération montante de leaders africains qui cherchent à libérer l’Afrique de la dépendance vis-à-vis des puissances extérieures. « Nous devons nous unir pour faire face aux défis globaux, mais cela commence par une meilleure intégration régionale», dit-il. Cette déclaration résonne avec les initiatives actuelles qui tentent de réduire l’influence étrangère sur le continent, tout en renforçant la coopération entre États africains.
Djibouti et la diplomatie africaine
En tant que représentant de Djibouti, un pays stratégiquement situé dans la Corne de l’Afrique, Mahmoud Ali Youssouf est conscient des enjeux régionaux. Il rappelle que la stabilité et le développement de l’Afrique passent aussi par une coopération renforcée entre les pays voisins, notamment dans les régions en crise comme la Corne d’Afrique. Son propos reflète l’importance d’une diplomatie active dans la résolution des conflits régionaux, avec un accent sur des solutions internes. «La paix en Afrique ne viendra que par nous-mêmes», insiste-t-il, plaidant pour des mécanismes africains de gestion des crises.
L’influence de la République de Djibouti sur la scène africaine se trouve renforcée par sa position géographique unique et son rôle en tant que centre militaire et économique dans la région. Cependant, comme le souligne le ministre, le pays est aussi prêt à jouer un rôle plus important dans la diplomatie africaine. « Djibouti est un carrefour stratégique, mais aussi un acteur de la paix régionale », dit-il, en réitérant la volonté de notre pays de participer activement aux efforts de l’Union Africaine pour la paix et la sécurité.
Une Union centrée sur les peuples
L’appel de Mahmoud Ali Youssouf pour cette «Union africaine des peuples » traduit incontestablement une volonté de changer la trajectoire actuelle de l’intégration africaine.
Plutôt que de se concentrer uniquement sur les structures politiques, le ministre djiboutien souhaite voir émerger une Union plus proche des réalités sociales et économiques du continent. En réaffirmant la nécessité d’une coopération entre les nations africaines pour faire face aux défis globaux, il propose une vision d’une Afrique qui prend son destin en main, avec les peuples comme cœur battant de l’intégration.