La revue  Evasion, a publié une interview où Houmed Ali Houmed nous ouvre les portes de son Campement Touristique de Bankoualé, un lieu exemplaire où tourisme durable, respect de l’environnement et valorisation des communautés locales se conjuguent au quotidien. Dans ce cahier spéciale ‘‘Nation Plus’’, nous publions l’intégralité de cette interview.

« Partager la nature, respecter les Hommes »

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Houmed Ali Houmed, fondateur et gestionnaire du Campement Touristique de Bankoualé. C’est en avril 1997 que j’ai concrétisé un rêve né de mon attachement profond aux paysages majestueux de ma terre natale, à l’hospitalité de ses habitants, et à l’intérêt croissant de visiteurs désireux de découvrir cette région encore préservée. J’ai voulu créer un espace d’accueil authentique, à taille humaine, en harmonie avec la nature.

 Depuis quand travaillez-vous dans le secteur Touristique ?

Mon aventure a débuté en 1996, en tant que guide touristique pour différents opérateurs. Ce premier contact m’a permis d’acquérir une connaissance fine du terrain et de comprendre les attentes des visiteurs. Fort de cette expérience, j’ai décidé de lancer mon propre projet, avec une vision tournée vers un tourisme durable et respectueux de l’environnement.

Qu’est-ce qui vous a motivé à créer ce campement ?

Je voulais proposer une alternative aux hébergements classiques, en offrant une expérience immersive au cœur de la nature djiboutienne. Mon objectif était double : permettre aux voyageurs de vivre un séjour authentique tout en générant un impact positif pour les communautés locales. Il était aussi essentiel pour moi de préserver la beauté fragile de notre environnement.

Qui fréquente votre campement ?

Historiquement, notre clientèle était majoritairement composée de ressortissants européens vivant à Djibouti, avec quelques visiteurs nationaux en quête de dépaysement. Cependant, avec la baisse du nombre d’expatriés, nous avons élargi notre audience en nous rapprochant des circuits internationaux. Grâce à des partenariats avec des tours opérateurs spécialisés, nous accueillons désormais davantage de touristes venus d’Europe et d’ailleurs, intéressés par les activités de plein air comme la randonnée, la pêche ou les excursions marines.

Quels sont les moments forts de la saison touristique?

Nous enregistrons deux pics de fréquentation principaux : les vacances scolaires pour la clientèle locale, et la période d’octobre à mars pour les visiteurs internationaux. Cette saison offre un climat idéal pour explorer les montagnes et observerles requins-baleines, une expérience très prisée par les amateurs de plongée.

Comment les voyageurs découvrent-ils votre campement ?

Le bouche-à-oreille est notre principal canal de communication : environ 70 % de nos visiteurs viennent sur recommandation d’anciens clients satisfaits. Ce lien direct et humain reste notre meilleure publicité. Le reste provient de notre collaboration avec des agences de voyage, qui apprécient notre engagement et la qualité de l’expérience que nous proposons.

Quelles sont vos actions pour préserver l’environnement?

La préservation de l’environnement est au cœur de notre démarche. Nous avons mis en place plusieurs pratiques concrètes :

• Autonomie énergétique : Notre campement fonctionne entièrement à l’énergie solaire, ce qui réduit considérablement notre empreinte carbone.

• Protection de la biodiversité : Nous sensibilisons nos visiteurs à la fragilité de la faune et de la flore locales. Nous avons également instauré des zones de préservation autour du site, où nous développons l’apiculture pour soutenir les écosystèmes.

• Construction responsable : Les infrastructures du campement ont été conçues pour s’intégrer naturellement dans le paysage, en utilisant des matériaux locaux et durables.

• Gestion des déchets : Nous pratiquons un tri rigoureux et réduisons au maximum notre production de déchets. Bien que les infrastructures locales soient encore limitées, nous faisons le maximum pour acheminer nos déchets vers des centres adaptés.

Travaillez-vous avec les communautés locales ?

Absolument, c’est une priorité.

• Emploi local : La quasi-totalité de notre personnel provient des villages environnants, ce qui permet de créer de l’emploi et de valoriser les compétences locales.

• Approvisionnement : Nous achetons directement nos produits frais et artisanaux auprès des agriculteurs et artisans locaux.

• Projets communautaires : Nous participons activement à des initiatives collectives, comme la réhabilitation de pistes rurales, en lien étroit avec les autorités et les communautés. Notre approche vise un développement équilibré et équitable.

Quels sont les principaux défis rencontrés dans la gestion durable ?

Malgré nos efforts, plusieurs obstacles subsistent :

• Manque d’infrastructures de recyclage : En milieu rural, l’absence de systèmes performants complique le traitement de certains déchets.

• Coûts élevés des technologies vertes : Les installations solaires de qualité représentent un investissement conséquent, et leur entretien reste complexe.

• Changement climatiques : Les hausses de température et l’irrégularité des pluies compliquent la gestion de l’eau et pèsent sur la durabilité de nos activités. À travers le Campement Touristique de Bankoualé, Houmed Ali Houmed incarne un modèle de tourisme ancré dans le respect du territoire, des traditions et de l’environnement. Son parcours illustre la capacité à concilier passion, responsabilité et développement durable. Un exemple inspirant pour Djibouti et bien au-delà.