Le ministère de l’Environnement avec le partenariat du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et l’appui financier du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a procédé hier au Sheraton Hôtel au lancement du projet « planification et mise en œuvre de l’adaptation basée sur les écosystèmes (EBA) dans les régions de Dikhil et Tadjourah ».

L’atelier de lancement, organisé sous le haut patronage du Ministre de l’Environnement et du Développement, Mohamed Abdoulkader Moussa Helem, a réuni près de 50 personnes dont le coordinateur résident du système des Nations-Unis, le représentant du Programme des Nations Unis pour l’Environnement, la représentante du PNUD et des représentants des Ministères techniques et des organisations partenaires du Ministère de l’Environnement et du Développement Durable. Cet atelier marque le démarrage officiel du projet qui sera réalisé sur les six prochaines années.  

Ce projet vise à accroitre la résilience au changement climatique des communautés rurales et urbaines des régions de Dikhil et Tadjourah qui sont très dépendantes des écosystèmes des oueds qui se dégradent à un rythme alarmant sous les effets combinés du changement climatique et des activités anthropiques.

Ainsi, il interviendra principalement dans la plaine de Gobaad et à Tadjourah ville. Et combinera un ensemble de solutions vertes et d’infrastructures grises avec la promotion d’activités résilientes au changement climatique, afin de restaurer les écosystèmes déjà dégradés et d’améliorer l’accès aux services de base, tout en réduisant les pressions et les stress existants afin d’éviter une dégradation supplémentaire des écosystèmes.

Une continuité des activités initiées dans le cadre du projet LDCF2 sera assurée dans la plaine de Hanlé et dans les localités périurbaines de la région de Tadjourah à savoir : Khalaf, Darkenle, Sourat et Ad-Bouya où les communautés seront appuyées dans la mise en œuvre une agriculture résiliente au changement climatique.

Cette initiative, mise en œuvre par le ministère de l’environnement et du développement durable, se veut une approche phare à Djibouti en ce qui concerne l’utilisation de solutions basées sur la nature et la restauration des écosystèmes en tant que stratégie holistique d’adaptation au changement climatique – techniquement appelée adaptation basée sur les écosystèmes – en particulier dans les paysages arides confrontés à la désertification.

L’initiative vise également à répondre aux besoins de résilience des communautés locales en combinant les “infrastructures grises” conventionnelles de défense contre les inondations, telles que les déversoirs et les murs anti-inondation, avec les “infrastructures vertes”, qui font référence à l’utilisation de solutions basées sur la nature et à la restauration des écosystèmes pour fournir une défense contre les impacts climatiques.

Dans le cas présent, le reboisement des berges dégradées des écosystèmes d’oueds – un cours d’eau impermanent sujet aux crues soudaines – régule et modère le débit de l’eau, ce qui permet de réduire à la fois la sécheresse et les inondations. Ces écosystèmes ont été progressivement dégradés ces derniers temps, les communautés cherchant du bois de chauffage et du fourrage pour assurer leur subsistance, ce qui a entraîné une forte augmentation des inondations.

Grâce à une subvention de 8,9 millions de dollars du FEM, associée à un cofinancement de 17,1 millions de dollars d’autres partenaires, le projet bénéficiera directement à personnes, tout en améliorant et en conservant hectares d’écosystèmes clés pour soutenir les moyens de subsistance locaux. L’agriculture résiliente au climat, la restauration des écosystèmes, l’infrastructure de contrôle des inondations et les interventions en matière de sécurité de l’eau seront mises en œuvre dans le cadre d’une approche intégrée du paysage.

Au cours des dernières décennies, les régions de Dikhil et de Tadjourah ont été confrontées à une dégradation environnementale intense due à des pratiques agricoles non durables et à la déforestation, combinées aux impacts croissants du changement climatique.

Grâce à son approche multidimensionnelle, le projet vise à relever ces défis en se concentrant sur les multiples avantages des pratiques d’adaptation basées sur les écosystèmes.

Après le lancement officiel du projet, les prochaines étapes du processus consisteront à la mobilisation sur le terrain pour la réalisation des études préalables nécessaires pour guider la mise en œuvre du projet.

Zouhour

Le point avec…

Mohamed Abdoulkader Moussa Helem

Ministre de l’Environnement et du Développement durable

« Le changement climatique constitue le plus grand défi auquel l’humanité est confrontée et la plus grands menace pour toute les composantes de la vie nos population et des écosystèmes naturels.

La République de Djibouti, à l’instar des autres pays du monde, est confrontée à divers problèmes environnementaux, dont le stress hydrique et la désertification, susceptibles d’être aggravés par le changement climatique. Sur le plan de l’adaptation, le problème majeur réside dans la gestion des ressources en eau de surcroit menacée par des pressions anthropiques fortes résultant de la croissance démographique et de l’urbanisation. La combinaison des tous ces facteurs de risques exacerbe les périodes de sécheresse et rende les pluies plus dévastatrices, accélérant l’érosion et les inondations qui mettent à mal les écosystèmes dont dépendent fortement les populations.

L’adaptation au changement climatique est une priorité absolue du gouvernement de Djibouti, pour renforcer la résilience des populations vulnérables, des écosystèmes fragiles et des infrastructures essentielles.

C’est pourquoi notre pays, sous le leadership claire du président de la république, son Excellence Ismaël Omar Guelleh a déjà consenti beaucoup d’efforts pour relever les défis du changement climatique. Ainsi, le Ministère de l’Environnement et du développement durable a mis en œuvre une myriade de projets de grandes envergures tournés vers la résilience des populations locales et des écosystèmes face aux effets néfastes des changements climatiques.

Ces actions d’adaptation au changement climatique se sont traduites à travers la construction des ouvrages de protection contre les inondations tels que la digue de Marsaki à Tadjourah, la réalisation des forages dans toutes les régions, le développement des périmètres agro-pastoraux pour les communautés locales et la mise en place d’un programme de reboisement en vue de restaurer des terres dégradées, pour ne citer que ceux-là.

A Gobaad et à Hanlé près de 50 jardins seront réhabilités pour un accès accru à l’eau et protégés contre les inondations grâce à des infrastructures grises à As Eyla. 120 ha de berge d’oued dégradées seront reboises pour augmenter la disponibilité en eau, pour réduire l’érosion des sols et les risques d’inondation dans ces plaines.

Au moins 213 ménages ruraux de Dikhil seront formés pour mettre en œuvre une agriculture résiliente au climat qui fournit des cultures, des fruits et du fourrage durable.

Les coopératives agricoles de Gobaad et de Hanlé 1 et Hanlé 2 seront appuyées pour améliorer la vente de produits agricoles et augmenter les revenus. 85 femmes seront soutenues pour établir des activités résilientes au climat telles que le charbon de bois durable, l’élevage de volaille et l’artisanat pour assurer un revenu durable dans la région de Dikhil.

A Tadjourah-ville, la vulnérabilité aux inondations des 20 000 personnes sera considérablement réduite grâce a la  construction d’infrastructures clés comprenant une digue et des déversoirs pour renforcer l’oued Badoli, ainsi qu’a la mise en œuvre du reboisement sur 50 ha de berges dégradées de l’oued. En outre, au moins 200 ménages bénéficieront de nouvelles activités économique résilientes au climat tel que l’artisanat et la conversion du prosopis en charbon tandis que l’accès au fourrage sera améliore.

Pour assurer la durabilité à long terme, l’impact et la réplication des interventions du projet et pour s’attaquer davantage aux principaux moteurs de la dégradation des écosystèmes à Dikhil et Tadjourah , des évaluations et des cartes multisectorielles des risques seront produites pour éclairer l’élaboration de plan d’adaptation locaux.

Ces plans seront alignés sur le plan de développement existant de Dikhil et Tadjourah, augmentant ainsi leur résilience climatique. A Tadjourah, par exemple, le plan garantira que de nouvelles constructions s’établissent en dehors des rives fragiles de l’oued, qui restent protégées. Afin d’assurer la capacité technique et financière pour mettre en œuvre ces plan, les membres du personnel des conseils régionaux de Dikhil  et de Tadjourah seront formés et une étude financement climatique à menée pour identifier les opportunités de financement climatique à Djibouti.

Compte tenu de la transversalité des activités du projet, une intervention intersectorielle est de rigueur. C’est pourquoi , mon département établira un comite de pilotage qui sera une plateforme de discussions, d’échanges et de concertation en vue d’atteindre les objectifs escomptés de ce projet et marquer l’engagement sans faille de tous les partenaires ».

Propos recueillis par Zouhour