Il y a des élans qui redonnent foi en l’avenir. Comme celui de ces 140 élèves et enseignants issus de toutes les écoles du pays qui ont choisi de se lever pour servir leur pays. Leur nom : « les Eclaireurs de Djibouti ». Mardi dernier, ils ont ainsi juré de rallumer la flamme du civisme et de porter haut le patriotisme. Une cérémonie pleine de promesses, mais surtout un acte fondateur, celui d’une génération qui entend se mettre au service de la collectivité et de leurs concitoyens.
En ces temps où l’individualisme gagne du terrain, où le confort personnel semble souvent primer sur le bien commun, l’initiative des Éclaireurs sonne comme un rappel salutaire. Le civisme, ce mot que l’on relègue trop souvent aux marges des discours, retrouve ici ses lettres de noblesse. Être citoyen, ce n’est pas seulement jouir de droits : c’est accepter, avec courage et volonté, les devoirs qui en découlent.
Ce mouvement, inspiré des valeurs d’engagement, de discipline et de solidarité, vient à point nommé. Loin d’être une simple campagne de plus, c’est un véritable sursaut éducatif et moral. En incitant la jeunesse à s’impliquer concrètement dans la vie sociale et à cultiver l’amour de la patrie, on éduque à la responsabilité. On forme des esprits critiques mais loyaux, des citoyens et citoyennes ouvert(e)s mais enraciné(e)s.
Car le patriotisme n’est pas une posture nostalgique ni un élan de circonstance. Il est un socle. Aimer son pays, c’est vouloir son progrès, défendre ses principes. C’est, surtout, contribuer à sa construction avec abnégation et constance. Loin des fanatismes ou des replis identitaires, le patriotisme dont nous avons besoin est celui qui élève plutôt qu’il n’exclut, celui qui rassemble plutôt qu’il ne divise.
En cela, le pari des Éclaireurs est audacieux : former une jeunesse éveillée, active, et fière d’appartenir à une nation diverse qui a foi en elle. Il appartient désormais à tous — institutions, parents, médias — de porter ce flambeau avec les jeunes éclaireurs. Car rien n’est plus vital, pour une République, que de former les gardiens de son âme.
À l’heure où le monde est traversé par tant de doutes et de fractures, Djibouti choisit de croire en sa jeunesse. C’est là un acte de courage et, aussi, un acte de foi.