
A chaque rencontre parents-professeurs, il est posté devant le Lycée d’Etat de Djibouti. Distribuant des papiers publicitaires, Il vente les atouts de son école privée. Il, c’est M.Sako Momo, professeur de Math à la retraite. 35 ans de carrière au sein de l’Education Nationale. Un homme qui a voué sa vie à ce métier qu’il chérit plus que tout. Un passionné qui n’a jamais compté les années, ni le temps passé à offrir un enseignement de qualité à ses élèves. Toujours alerte et dispo, Sako force le respect. C’est un homme qui a quitté sa Guinée natale il y a un demi-siècle. D’abord pour l’Algérie où il a débuté sa carrière. Son séjour dans la ville d’Oran lui a permis de sympathiser avec de nombreux djiboutiens qu’ils l’ont convaincu de venir découvrir cette terre de rencontre et d’échanges. Sako n’hésite pas à franchir le pas, et c’est par un été de l’année 1988 qu’il pose ses valises à Djibouti. Depuis il n’a pas quitté cette terre dont il est tombé amoureux.
« L’hospitalité des djiboutiens. La chaleur humaine et la bonté de sa population ont eu raison de la nostalgie que j’éprouvais au début pour mon pays natal. », dit-il avec un sourire en coin. Aussitôt arrivé, il débute sa carrière d’enseignant de mathématique dans la ville de l’unité. La population de Dikhil gardera le souvenir d’un homme dévoué et qui a gagné le cœur des okarois en si peu de temps. De 1990 à 1993, il est en poste à Tadjourah. Ces années-là étaient caractérisées par la guerre fratricide au nord du pays. « La guerre m’a trouvé là-bas et je suis resté avec les autochtones. Quand les enseignants français fuyaient, je les remplaçais », se remémore-t-il. Sa fierté est d’avoir formé plusieurs générations de djiboutiens, dont certains occupent aujourd’hui de hauts postes au sein de l’administration et l’appareil étatique. Grâce à leurs interventions, il a récemment obtenu sa naturalisation. Après près de quatre décennies de bons et loyaux services pour l’éducation nationale, Sako prend sa retraite en 2014. Mais il n’est pas un homme qui aime le farnienté. Il continue de pratiquer son métier en ouvrant une école privée au quartier 5, en face du siège du RPP. C’est ainsi qu’il donne toujours de son temps pour aider les élèves qui ont besoin de cours de soutien. Il nous confie que son école est reconnue par l’éducation nationale comme une structure privée primaire-collège et qu’il a une attestation dans ce sens. Le Soussou de la basse Guinée, père de quatre enfants est une preuve vivante d’un exemple de dévouement et de sacrifice pour une belle cause : celle de former les futures élites du pays. Nous lui souhaitons longue vie.
Kenedid Ibrahim