La langue maternelle n’est pas seulement une façon de nous exprimer mais elle reflète aussi notre vision du monde pour nous représenter. Elle est la première chose qu’on apprend, la langue du berceau et de notre entourage. Cependant, on constate essentiellement que des particularités de la langue française s’infiltrent dans la vitalité de nos langues locales (afar et somali), au point que tous les jours nous prononçons des mots français et arabes sans s’en rendre compte.

C’est la rencontre amoureuse entre notre richesse culturelle et les civilisations orientales et occidentales à travers les mots. Concernant la langue française, c’est une langue qui a tellement de potentialités en elle qu’elles alimentent la plus grande littérature d’autres nations dont le français n’est pas leur langue maternelle. C’est ce qu’on appelle le français d’Afrique et la vraie institution de la Francophonie qui promouvoit à travers ses diversités linguistiques et culturelles, la paix, la démocratie et les droits de l’Homme. Or, contrairement à l’arabe littéraire qui n’a qu’une existence théorique, le français jouit à Djibouti comme partout en Afrique francophone d’un prestige certain. La République de Djibouti a résolument choisi la langue française comme moyen d’expression de son identité nationale et de sa souveraineté politique. La langue française est essentiellement une langue d’État. Les lois sont rédigées en français (puis traduites en arabe le cas échéant), ainsi que les formulaires et autres documents administratifs, mais c’est également la langue des médias écrits.

A Djibouti, l’usage de la langue française est socialement indéniable, elle joue un rôle majeur dans le dialogue social et culturel des djiboutiens qui pourtant, ont des langues maternelles différentes. Il y a énormément des mots qui viennent du français, de l’arabe et bien d’autres langues surprenants, en voici quelques-uns :

LANGUE LOCALE           LANGUES ÉTRANGÈRES

PLACE                                     PLACE (Français)

TOUFFAH                               TOUFFAH

             (Arabe – pomme en français)

MOUFTAH                                      CLEF (AE)

JUPE                                               JUPE  (Arabe)

CAFE                                               CAFE

ISKIRINE                                         Ice cream (Anglais)

SALADE                                         SALADE    (Français)

CALSSONE                                   Caleçon (FR)

CHOUX                                           CHOUX  (FR)

DINGALASSE                                DÉGUEULASSE(FR)

MARMAR                                       MARBRE (FR)

INTRADIT                                       INTERDIT (FR)

FARASIS                                        UN FRANÇAIS (FR)

BANDISITE                                    APPENDICITE (FR)

BARENDE                                     VERANDA (FR)

JALHAD                                        UNE JARRE (FR)

DOUMNAD                                   JEUX DE DOMINOS (FR)

Etc….

Pour ce professeur de langues étrangères à l’université de Djibouti, il ne s’agit pas d’un état de disparition de nos langues maternelles, mais cela se traduit par la non transmission de générations en génération des parents nés à partir des années 70-80 qui n’ont pas su légués l’héritage culturelle et coutumière de leurs ancêtres, le passé de la mémoire familiale à leurs progénitures, parce que tout simplement eux-mêmes n’ont aucune connaissance de leurs origines, a-t-il explique…

Toutefois, c’est depuis l’accession au pouvoir exécutif du pays en 1999 de son Excellence le président de la République Mr Ismaël Omar Guelleh, que le sort de l’enseignement des langues nationales a été établi suite à la loi n° 96/AN/00/4e L du 10 juillet 2010 portant orientation du système éducatif djiboutien.

Le gouvernement a pris conscience depuis, l’importance du développement des langues nationales et a procédé à la création de l’institut des langues de Djibouti (ILD) et les associations « Afar Pen  et Somali Pen » qui ont participé activement à la mise en place de l’académie intergouvernementale de la langue nationale.

En conclusion, il est important de savoir d’où nous venons et ces quelques mots gaulois et  arabes que nous avons conservés dans notre langue locale reflètent notre passé.

Saleh Ibrahim Rayaleh