
Le Centre de Leadership et de l’Entrepreneuriat (CLE) a organisé hier matin, à l’hôtel Ayla, la cérémonie officielle du Demo Day du programme Startup Djibouti, en partenariat avec la Banque mondiale et le ministère délégué chargé de l’Économie numérique et de l’Innovation. Présidée par le ministre de l’Économie et des Finances, Ilyas Moussa Dawaleh, aux côtés de la ministre déléguée Mariam Hamadou Ali, la rencontre a réuni membres du gouvernement, représentants d’institutions internationales, investisseurs et partenaires économiques. Mais les véritables vedettes du jour furent les jeunes entrepreneurs, porteurs de projets ambitieux qui incarnent le visage d’un Djibouti résolument tourné vers l’avenir.

Le Demo Day est venu couronner plusieurs mois d’accompagnement intensif. Les startups sélectionnées dans le cadre du programme ont eu l’occasion de présenter leurs projets devant un parterre d’experts, d’investisseurs et d’institutions. Les pitchs se sont enchaînés avec enthousiasme, révélant des solutions novatrices dans des secteurs divers allant de la santé numérique à la finance inclusive, en passant par l’agriculture intelligente et les services digitaux.
Dans son allocution, la ministre déléguée chargée de l’économie numérique et de l’innovation, Mme Mariam Hamadou Ali a insisté sur la portée symbolique de ce moment. Selon elle, cette journée n’était pas seulement la conclusion d’un programme, mais bien le lancement d’un mouvement, d’une transformation et d’une vision nouvelle pour Djibouti. Son discours, ponctué d’appels à la confiance et à l’audace, a particulièrement marqué l’assistance.

Deux signatures stratégiques sont venues enrichir la cérémonie. D’une part, une convention a été conclue entre le CLE et la Chambre de Commerce de Djibouti. Cet accord vise à renforcer la collaboration entre les deux institutions en matière d’accompagnement des startups, de formation des jeunes porteurs de projets, d’ouverture à de nouveaux marchés et de promotion de l’innovation. D’autre part, les startups MERAD SARL et SANTIMPAY ont officialisé un accord de partenariat. Leur initiative illustre parfaitement la synergie et la coopération qui peuvent naître entre jeunes entreprises locales. Elle témoigne également de l’impact concret du programme Startup Djibouti en matière de réseautage et de création d’opportunités d’affaires.
La voix des institutions : confiance et ambition
La ministre déléguée a rappelé avec force que la responsabilité de bâtir un écosystème entrepreneurial solide repose non seulement sur les jeunes porteurs de projets, mais aussi sur l’État et ses institutions. Elle a salué le courage et la résilience des entrepreneurs qui, malgré les difficultés inhérentes au parcours entrepreneurial, ont su faire preuve de créativité et d’audace.
Pour illustrer cette dynamique, elle a comparé les jeunes entrepreneurs aux câbles sous-marins qui traversent Djibouti et connectent l’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Europe. Tout comme ces câbles transportent information et innovation, les startups djiboutiennes, selon elle, créent des passerelles entre Djibouti et le monde, ouvrant de nouveaux horizons.
Elle a également souligné l’importance de la diaspora, appelée à investir, à partager ses réseaux et à mettre son expertise au service de l’écosystème entrepreneurial national. Dans le même esprit, elle a invité les institutions publiques à encourager leurs fonctionnaires à devenir des « intrapreneurs », capables d’innover dans leurs méthodes et de transformer l’administration.
De son côté, Mme Fatou Fall, représentante de la Banque mondiale, a tenu à féliciter le gouvernement et le CLE pour les avancées remarquables accomplies depuis le lancement du Projet d’appui à l’entrepreneuriat des femmes et des jeunes en 2018. Ce programme, financé à hauteur de quinze millions de dollars, a permis d’opérationnaliser le CLE, d’adopter en 2022 un régime fiscal favorable aux petites et moyennes entreprises et de mettre en place une fenêtre de garantie qui a déjà soutenu cent quarante-quatre prêts et mobilisé plus de deux millions de dollars de financements commerciaux. Selon elle, ces résultats tangibles témoignent d’une véritable transformation de l’état d’esprit entrepreneurial à Djibouti.
Le programme Startup Djibouti a attiré plus de trois cent vingt-cinq candidatures, preuve de l’enthousiasme croissant de la jeunesse pour l’entrepreneuriat. Parmi ces candidatures, une sélection rigoureuse a permis de retenir les projets les plus prometteurs, qui ont bénéficié d’un accompagnement de proximité, incluant du mentorat, du coaching intensif et un soutien financier décisif.
Des initiatives telles que DALMAR, HAMSI, MEDYC, HELA, RAJOFIN, SAHAAL, WADAIBSO, RED EAGLES, MONISAF ou encore KINSY se distinguent déjà par leur capacité à apporter des solutions concrètes aux défis du pays. Qu’il s’agisse d’améliorer l’accès à la santé, de favoriser l’inclusion financière ou de développer des services numériques innovants, ces startups incarnent la créativité et la résilience des jeunes Djiboutiens.
Au-delà de la célébration, le Demo Day a mis en lumière les progrès accomplis dans la structuration d’un environnement favorable aux startups. Grâce à l’appui de ses partenaires institutionnels et financiers, le CLE s’impose désormais comme l’agence de référence en matière d’entrepreneuriat. Toutefois, les défis à relever restent nombreux. L’accès aux financements demeure un enjeu crucial, tout comme l’amélioration du cadre légal et la consolidation de l’environnement des affaires. Le futur Startup Act, actuellement en préparation, devrait permettre de franchir un nouveau cap en offrant un cadre juridique et fiscal plus stimulant pour les jeunes entreprises.
La cérémonie s’est conclue sur une note d’optimisme et d’engagement collectif. Gouvernement, institutions financières, secteur privé et partenaires internationaux semblent désormais alignés autour d’une même vision : faire de Djibouti une terre d’innovation et d’opportunités.
Dans son message final, la ministre déléguée a lancé un appel vibrant aux jeunes entrepreneurs.
« Rêvez sans limites. Transformez vos rêves en projets, vos projets en entreprises, et vos entreprises en solutions pour Djibouti et pour l’Afrique » a-t-elle dit aux nombreux jeunes assis en face d’elle. Ce Demo Day marque une étape décisive dans l’ambition de Djibouti de diversifier son économie, d’investir dans son capital humain et de se positionner comme un hub régional de l’innovation.
En tout cas, cette première cohorte de Startup djiboutien prouve que la nouvelle génération ne manque pas d’idées.
RACHID BAYLEH