
À Mumbai, épicentre de la féerie bollywoodienne, l’Inde a donné le coup d’envoi du premier Sommet mondial de l’audiovisuel et du divertissement, baptisé WAVES. Bien plus qu’un simple événement, cette initiative intellectuelle et stratégique vise à redessiner le paysage mondial de l’économie créative. Pendant quatre jours, ce sommet a réuni 10 000 participants issus de 75 pays cinéastes, théoriciens, musiciens, décideurs – pour repenser le cinéma, la musique et les récits numériques. Sous l’égide du Premier ministre Narendra Modi, qui exhorte à « créer en Inde, pour le monde », WAVES transcende le statut de simple rendez-vous pour incarner un dialogue où la créativité devient un levier de puissance économique et d’influence géoculturelle. Plus qu’un sommet, c’est une philosophie de l’influence, où l’Inde ambitionne d’orchestrer les récits qui façonneront l’imaginaire mondial.

L’Inde a marqué les esprits en lançant WAVES à Mumbai, ville vibrante de culture et de cinéma.
Orchestré par le gouvernement indien, cet événement marque un tournant stratégique: faire de l’Inde une superpuissance de l’économie créative, ou « économie orange », en fédérant cinéma, musique, jeux vidéo, animation et narration. Pendant quatre jours, Mumbai, berceau de Bollywood, a accueilli plus de 10 000 participants de 75 nations : cinéastes, musiciens, créateurs numériques, techniciens, influenceurs, décideurs et leaders des industries prestigieuses de Hollywood, Nollywood et Bollywood.
Avec 42 sessions plénières, 39 ateliers thématiques, 32 masterclasses et plus de 120 panels, WAVES a offert un espace unique d’échanges, de célébration et d’exploration. Projections de films, séries, jeux vidéo et rencontres B2B ont rythmé ce grand rassemblement, conçu pour catalyser l’innovation et tisser des liens universels.
Dans son discours d’ouverture, Narendra Modi a donné le ton : « Créez en Inde, pour le monde. » Cette formule n’est pas un simple slogan ; elle porte une vision. L’Inde aspire à devenir le centre mondial de l’économie créative. Ce secteur englobant cinéma, musique, design, jeux vidéo et contenus numériques qui, selon l’ONU, représente 3 % du PIB mondial et emploie 30 millions de personnes.
En Inde, ce secteur, qui pesait 2,5 % du PIB avant la pandémie, oscille aujourd’hui autour de 1,5 %. Mais avec l’essor des plateformes numériques et des réseaux sociaux, son potentiel de croissance est colossal. Historiquement, l’Inde a rayonné par son soft power, exportant sa culture à travers le yoga, la danse et les films de Bollywood. Pourtant, ce rayonnement culturel, s’il a captivé les esprits, n’a pas toujours généré de retombées économiques significatives.
Le yoga, pratiqué dans des milliers de studios à travers le monde, incarne l’esprit indien sans enrichir directement le pays. De même, les talents indiens du jeu vidéo contribuent souvent à des projets internationaux, mais la valeur ajoutée profite rarement à l’économie nationale.
WAVES ambitionne de renverser ce paradigme. En structurant un écosystème créatif robuste, l’Inde veut retenir ses talents, capter la valeur économique de ses productions et bâtir un hub mondial de création. Mumbai, auréolée de son statut de capitale cinématographique, est le lieu idéal pour incarner cette transformation.
Bollywood, synonyme de récits flamboyants et d’audience mondiale, devient la figure de proue d’une stratégie plus vaste, englobant séries, jeux vidéo et contenus numériques. À l’ère de la globalisation numérique, le soft power n’est plus seulement une question de charme; il est une arme économique et stratégique. L’exemple de TikTok, plateforme chinoise qui a redéfini la consommation mondiale de contenus courts, illustre cette mutation. Avec WAVES, l’Inde semble emprunter une voie similaire.
À travers le cinéma, la musique ou les jeux vidéo, elle peut non seulement conquérir des marchés, mais aussi modeler les imaginaires et peser sur la scène mondiale.
WAVES n’est pas qu’un sommet; c’est un laboratoire. Les 120 panels ont exploré des thématiques variées, comme l’avenir des plateformes de streaming, l’impact de l’intelligence artificielle sur la création ou les synergies entre industries créatives et politiques publiques.
Des masterclasses ont permis à des figures emblématiques de partager leur expertise, tandis que les rencontres B2B ont ouvert la voie à des collaborations transcontinentales. En réunissant Hollywood, Nollywood et Bollywood, WAVES a créé un espace rare où les expériences se croisent, les légendes sont célébrées et les opportunités émergent.
Pour Narendra Modi, WAVES incarne une « vague » de culture, de créativité et de connexion. Ce n’est pas seulement un rendez-vous cinématographique, mais un mouvement destiné à repositionner l’Inde comme un acteur majeur du divertissement mondial.
En investissant dans l’économie orange, l’Inde ne cherche pas seulement à produire des films ou des jeux vidéo ; elle veut redéfinir la manière dont le monde perçoit, consomme et valorise la créativité. Alors que le sommet s’achève, une question demeure : l’Inde parviendra-t-elle à concrétiser cette ambition ? Bien que WAVES ne soit qu’un premier pas, il est incontestablement prometteur.
Mumbai, avec son dynamisme et son héritage, a prouvé qu’elle peut être bien plus qu’une ville : un carrefour mondial où naissent les histoires de demain.
Said Mohamed Halato