
L’Association TAALO SAAN a organisé, ce dimanche 27 avril 2025, au Sheraton Hôtel, un atelier pour le lancement du Projet de prise en charge des victimes de violences basées sur le genre (VBG), financé par la Délégation de l’Union européenne à Djibouti.
Ce projet, placé sous le thème « Les jeunes comme acteurs de changement pour la promotion des droits humains et la lutte contre les violences basées sur le genre », s’étend sur tout le territoire djiboutien.

Comment inclure et préserver le facteur Genre dans le contexte actuel de notre pays, qui avance de façon irréversible vers le développement et la décentralisation ? Telle était la problématique centrale de cette rencontre, organisée par l’Association TAALO SAAN en présence de nombreux acteurs, sous la conduite de Mme Zahra Ali Cheik, présidente de l’association. Parmi les participants figuraient également Mme Denisa-Elena Ionete, ambassadrice de l’Union européenne auprès de l’IGAD à Djibouti, Mme Fozia Ali Osman, directrice de la Famille (MFF), la lauréate de Miss Beauté 2025 au Cameroun, des élus locaux des communes de Boulaos et de Balbala, ainsi que des représentants de la Gendarmerie spécialisés dans la lutte contre le cyberharcèlement.
Les VBG constitue un fléau mondial majeur, source de colère et de consternation. Depuis la nuit des temps, et à travers presque tous les continents, les femmes ont été reléguées à une place inférieure. Aujourd’hui encore, alors qu’elles représentent plus de la moitié de la population mondiale, elles ne détiennent qu’une infime partie des biens et des revenus.

Autrefois, évoquer des sujets tels que la maîtrise du corps à travers la contraception, la polygamie, les mariages forcés et précoces, ou encore la planification familiale, nécessitait un grand courage pour une femme dans la société djiboutienne, tant ces thèmes étaient tabous et difficiles à aborder, notamment avec les acteurs religieux.
Aujourd’hui, l’Association TAALO SAAN, sous l’impulsion de sa présidente, s’illustre comme un groupe engagé de jeunes filles et garçons, œuvrant pour la cause du genre dans un environnement encore inégalitaire. Forts des nouvelles technologies, ces jeunes favorisent l’échange, la réflexion collective et le dialogue intergénérationnel sur la question du genre.
L’association poursuit sans relâche son travail d’éducation et de sensibilisation des communautés contre cette pratique néfaste. En effet, le taux de prévalence des violences basées sur le genre dans les différentes régions de la République de Djibouti reste alarmant.
Lors de cet atelier, TAALO SAAN a présenté plusieurs initiatives de prévention et de prise en charge des victimes à travers des vidéos diffusant des témoignages poignants et des scénarios de sensibilisation réalisés par les jeunes de l’association.
Dans son discours, Mme Zahra Ali Cheik a déclaré :
« C’est un moment clé pour notre association, qui marque une nouvelle étape mais aussi une reconnaissance de notre travail acharné au service de la justice et des droits humains.
Mon engagement n’est pas le fruit du hasard. Il est né des blessures, des témoignages et des visages que je n’ai jamais oubliés, des femmes ayant survécu à la douleur malgré la peur.
Lorsque j’ai fondé cette association, nous n’étions qu’une petite équipe, avec peu de moyens mais un grand cœur.
Ce projet financé par l’Union européenne est le plus grand financement jamais reçu par TAALO SAAN depuis sa création, preuve que nous sommes sur la bonne voie.
Merci à l’Union européenne pour sa confiance. Tant qu’il y aura une fille ou un garçon à protéger, un homme ou une femme à écouter, une dignité à défendre, TAALO SAAN sera toujours là. »
À son tour, Mme Denisa-Elena Ionete, ambassadrice de l’Union européenne, a souligné :
« La population de Djibouti est très jeune : les 15-24 ans représentent 20 % de la population.
C’est un immense défi de sensibiliser cette jeune génération à l’égalité des sexes.
Les violences basées sur le genre restent répandues, en raison d’une faible sensibilisation dans certaines communautés.
Médecin de formation, j’ai eu l’opportunité d’accompagner des femmes somaliennes réfugiées en Roumanie, confrontées à des séquelles graves liées aux mutilations.
Pour répondre à ces défis, nous avons mis en place des points focaux dédiés et des centres de santé spécialisés, ainsi que des campagnes de sensibilisation pour lutter contre ce fléau. »
Enfin, la présidente de l’association a tenu à remercier chaleureusement tous les participants ainsi que les sponsors pour leur soutien, indispensable à la réussite de cet événement.
Saleh Ibrahim Rayaleh