
L’Afrique se tient à la croisée des chemins, à l’aube d’un destin qu’elle façonne elle-même. On parle moins d’un simple rattrapage que d’une renaissance, d’une audacieuse réinvention de son modèle de développement. Ce n’est pas une simple évolution, c’est une métamorphose. Le continent, un kaléidoscope de cultures et de réalités, a l’opportunité unique de créer, et non d’imiter, mais de créer un modèle qui parle sa langue, qui respire son identité, et qui fait de ses défis des tremplins. Car l’Afrique, loin d’être en retard, est en avance sur une chose essentielle : l’art de transformer l’adversité en puissance.

L’élan est palpable. Le monde change à une vitesse fulgurante, et l’Afrique, loin d’être spectatrice, se positionne sur la scène internationale avec une force nouvelle. Fini le temps des modèles importés, l’heure est à l’autodétermination.
Macky Sall, ancien président sénégalais, a magistralement exprimé cette nécessité lors d’un sommet de l’Union Africaine en 2023: l’Afrique doit cesser d’être un simple réceptacle de solutions préconçues. Ses politiques de développement doivent naître de ses propres réalités et aspirations.
C’est une évidence, pourtant trop souvent ignorée. L’avenir de l’Afrique repose sur ses propres ressources, humaines, naturelles et culturelles. Cette capacité d’innovation locale est déjà une réalité tangible. Les paiements mobiles, par exemple, ont révolutionné l’inclusion financière sur le continent, tout comme les consultations médicales à distance via téléphone portable. Ce ne sont pas des cas isolés, mais des exemples concrets d’un potentiel immense, encore largement inexploité. Imaginez l’impact ! Par ailleurs, maîtriser son récit est devenu un enjeu stratégique majeur. Pendant des décennies, le regard extérieur a trop souvent façonné la narration africaine, la réduisant à des stéréotypes simplistes. Cette domination narrative a entravé la capacité du continent à se présenter avec fierté et à inspirer confiance. Alassane Ouattara, président de la Côte d’Ivoire, l’a souligné au Forum Économique Mondial de Davos: l’Afrique doit se doter de ses propres mécanismes de financement et d’innovation, se libérer de toute dépendance extérieure.
Il faut valoriser les succès africains, trop souvent passés sous silence. Dans le secteur technologique, l’Afrique trace sa propre voie, souvent en rupture avec les modèles traditionnels. Des géants comme Google investissent massivement dans les startups africaines, contribuant à la croissance d’un écosystème numérique local dynamique.
Cependant, pour que cette dynamique soit pleinement bénéfique, elle doit répondre aux besoins spécifiques du continent. L’économiste Felwine Sarr a brillamment résumé cette nécessité : le développement africain doit viser le bien-être et le bonheur, au-delà de la simple croissance économique.
Il faut privilégier des économies circulaires, s’appuyant sur les savoirs locaux et une gestion durable des ressources. Cette approche holistique s’applique aussi à l’exploitation des ressources naturelles. L’Afrique, dotée d’une richesse naturelle considérable, doit adopter un modèle durable, conciliant exploitation et préservation.
Les énergies renouvelables en sont des exemples concrets. Pour concrétiser cette vision d’un développement endogène, une synergie continentale est indispensable. Il faut fédérer les États, mais aussi mobiliser toutes les forces vives: gouvernements, secteur privé, société civile et diaspora.
Une vision partagée permettra de surmonter les divisions historiques et de construire un avenir commun, en définissant ensemble les priorités, en harmonisant les politiques régionales et en coordonnant les efforts. Cette unité est essentielle pour faire face aux défis globaux, de la transition écologique à l’inclusion numérique.
L’Afrique doit parler d’une seule voix pour s’imposer comme un acteur majeur sur la scène mondiale. Enfin, le capital humain est la clé de voûte de ce développement. Une éducation de qualité, axée sur la créativité, la résilience et l’esprit critique, est fondamentale. Comme l’a justement dit Alassane Ouattara, l’Afrique ne manque pas d’opportunités, mais de compétences pour les saisir.
La valorisation de l’identité africaine, de ses industries culturelles, de ses langues et de ses savoirs ancestraux, est tout aussi essentielle. La richesse de l’Afrique réside dans sa diversité, et c’est cette diversité qui fera sa force.
En construisant un modèle de développement inclusif, durable et profondément ancré dans son identité, elle peut devenir un exemple pour le monde entier. Ce n’est pas une utopie, mais une réponse aux défis d’un monde en quête de sens.
L’Afrique ne se contente pas de rattraper son retard, elle redéfinit la notion même de progrès. Le XXIe siècle sera non seulement celui de l’Afrique, mais celui d’une Afrique qui aura montré au monde une nouvelle voie vers le développement. Une Afrique qui, enfin, écrit son propre récit. Dans cette quête d’un nouveau paradigme de développement, notre continent se trouve à un carrefour où l’unité d’action n’est pas seulement souhaitable mais impérative.
De ce fait nous devons respirer à l’unisson et conjuguer une grammaire commune pour avancer vers la même direction. Cet effort commun doit devenir notre moteur pour un développement authentique et inclusif.
Cela va transformer la diversité en force, l’innovation en action collective, et les aspirations individuelles en projets continentaux. Pour que nous puissions embrasser pleinement un nouveau paradigme de développement, il est crucial que les nations africaines, les leaders, les entrepreneurs et les citoyens s’engagent dans un effort unifié.
Ce n’est qu’ainsi que l’Afrique pourra non seulement se développer mais aussi inspirer par son exemple le reste du monde. L’unité d’effort est notre salut pour transformer les rêves de développement en réalités tangibles et durables.
Said Mohamed Halato