Dans son speech d’ouverture prononcé à l’occasion du 14e sommet de l’IGAD à Djibouti, le président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, a fait un tour d’horizon sur l’introduction du nouveau Traité de l’IGAD, la  situation régionale, citant le cas du Soudan, et la paix et la sécurité régionales ainsi que le rôle prépondérant que l’IGAD joue dans la résolution et la médiation des différends. Il a également évoqué la situation humanitaire dans la région et donné un aperçu des actions entreprises par son pays pour faire face aux défis, notamment la mise en place de plusieurs programmes et stratégies dans le domaine de la sécurité alimentaire et la mise en place d’un Fonds de solidarité nationale. Nous reproduisons ici la quintessence de ce vibrant discours.

((Permettez-moi, encore une fois, de vous souhaiter une chaleureuse et fraternelle bienvenue à Djibouti à l’occasion du 14ème Sommet Ordinaire des Chefs d’État et de Gouvernement de l’IGAD. J’espère que vous trouverez les arrangements mis à votre disposition propices à des délibérations fructueuses et à votre confort personnel.

Je souhaiterais, également, adresser mes vifs remerciements au Secrétariat de l’IGAD sous la direction de notre Secrétaire exécutif, Dr Workneh Gebyehu, et tous ceux qui ont travaillé sans relâche pour contribuer à la tenue de ce Sommet. Je profite de cette occasion pour féliciter Dr Workneh Gebyehu pour les réformes sérieuses et ambitieuses engagées, notamment la stratégie régionale de l’IGAD 2021-2025.

Traité. Nous nous réjouissons de l’introduction du nouveau Traité de l’IGAD qui vient consolider la structure de notre organisation et est le résultat d’un long et nécessaire processus engagé pour refléter nos aspirations communes. Je suis heureux de constater que les directives données lors du dernier sommet ordinaire de l’IGAD en 2019 ont été suivies d’effet.

Je note avec satisfaction que le Traité qui nous est présenté accorde à l’IGAD un cadre légal réactualisé, capable de soutenir les efforts des pays membres et de répondre avec ambition aux défis. Il est, en outre, l’édifice qui assurera le bon fonctionnement institutionnel de notre organisation, met en exergue les bonnes pratiques et prépare un nouveau cycle de coopération entre nos pays.  Je tiens, à cet effet, à remercier les experts juridiques des pays membres et du secrétariat de l’IGAD pour leur travail, et me prononce pour son adoption.

Situation régionale : Soudan. Nous sommes profondément alarmés par la détérioration de la situation qui prévaut au Soudan. Notre organisation a, dès le début du conflit, mis en place une troïka chargée de se rendre à Khartoum afin de négocier un cessez-le-feu et d’exhorter les parties à revenir à la table des négociations car les pays membres de l’IGAD ont, en toute circonstance, été en première ligne pour faire face aux challenges auxquels est confrontée notre sous-région. C’est dans cet esprit que notre frère le Président de la République du Sud Soudan, S.E.M Salva Kiir Mayardit, a travaillé sans relâche en poursuivant sa médiation à travers une série de discussions avec les deux parties. Aujourd’hui, en marge de ce sommet, la troïka a pu se rencontrer et le Président Salva Kiir vous fera rapport de nos discussions.

Paix et sécurité régionales. Les foyers de tensions, qu’ils soient inter ou intra états, injectent instabilité et division et entravent notre marche vers le progrès. L’un des défis majeurs auxquels notre région est confrontée est la question des conflits frontaliers. La raréfaction des ressources naturelles, qui entraine de plus en plus le déplacement des populations, apporte également son lot de tensions communautaires.

Nous nous félicitons du rôle prépondérant que l’IGAD joue dans la résolution et la médiation des différends. On ne soulignera jamais assez le rôle essentiel des mécanismes de gestion et de médiation des conflits. C’est pourquoi, nous devons encourager et assister davantage l’IGAD afin qu’elle puisse remplir pleinement son rôle de facilitateur et de médiateur.

Nous devons ainsi inlassablement travailler à renforcer, d’une part, les infrastructures de paix chargées de gérer les conflits et les crises locales, et continuer, d’autre part, la promotion de solutions inspirées par nos traditions locales et nos valeurs de respect mutuel et de partage. Ce point me permet de rebondir, enfin, sur la situation humanitaire.

Situation humanitaire. La région de l’IGAD est régulièrement touchée par des catastrophes naturelles telles que les sécheresses, les inondations qui ont des conséquences désastreuses sur la vie des populations locales, engendrant destruction des infrastructures, perte de vies humaines et surtout des tensions intercommunautaires.

Face à ces défis, il est essentiel de mettre en place des systèmes d’alerte précoce efficaces permettant aux communautés de se préparer face aux menaces imminentes. De plus, des investissements doivent être réalisés dans des infrastructures résilientes, telles que des systèmes d’irrigation, des digues et des abris d’urgence pour réduire l’impact des catastrophes.

Par ailleurs, il faut adopter une approche holistique qui prenne en compte, non seulement, la dimension humanitaire, mais également celle d’un développement durable en investissant dans des programmes de réduction des risques de catastrophe, de renforcement des capacités locales et de diversification des moyens de subsistance afin de préparer les communautés à faire face aux défis futurs.

L’exemple de Djibouti. Pour lutter contre ces phénomènes, Djibouti a mis en place plusieurs programmes et stratégies dans le domaine de la sécurité alimentaire, notamment la mobilisation des eaux de surface, d’octroi d’intrants agricoles avec les semences améliorées et la réalisation des ouvrages hydro-agricoles dans le domaine de la maitrise de l’eau (170 forages profonds dans l’ensemble du pays).

Enfin, nous avons mis en place un Fonds du Solidarité nationale à travers lequel les groupes vulnérables reçoivent régulièrement sur l’ensemble du territoire des vivres et des médicaments pour faire face à leurs besoins fondamentaux.))