Dans un entretien exclusif accordé à notre journal, le directeur général de l’Agence nationale des personnes handicapées a bien voulu revenir sur le parcours de la question de l’handicap depuis la création de l’ANPH, il y a quatre ans.

Monsieur le Directeur, le 25 juin dernier, l’ANPH a  soufflé  sa quatrième bougie pouvez-vous nous décrire d’abord  votre sentiment par rapport à ce moment marquant de votre agence ?

Le 25 juin dernier, l’ANPH a, comme  vous l’avez mentionné, soufflé sa quatrième bougie. Et c’est avec un sentiment de joie et d’enthousiasme que nous appréhendons ce quatrième anniversaire, surtout quand on mesure les efforts sans faille que le président a entrepris pour mettre sur pied cette agence exclusivement dédiée aux personnes handicapées. Nous nous réjouissons en outre que la création de l’ANPH coïncide à deux jours près, avec un autre événement beaucoup plus important qui est le jour où notre pays a accédé à son indépendance, il y a quarante-cinq ans. Il convient de mettre en exergue que quatre ans, c’est peu en termes d’année d’existence d’une agence qui a beaucoup à faire. Pour ce qui est des travaux et réalisations que nous nous avons effectués durant ces quatre années d’exercices, dans le cadre notre mission, pour améliorer le bien-être des personnes handicapées, ce n’est pas à moi d’évaluer mais à la population Djiboutienne de constater de visu ce qui a changé durant ces quatre années. Cependant, au vu de la précarité et des conditions de vie des personnes handicapées, l’essentiel de notre travail reste à faire

Pouvez-vous nous en dire plus sur les avancées ainsi que les difficultés que vous avez rencontrées durant ces quatre années d’exercice ?

Pour vous répondre franchement, quand on compare les avancées et difficultés que nous avons rencontrées durant ces quatre années. Je peux affirmer que les avancées sont plus grandes, plus tangibles et plus palpables au regard des difficultés que nous avons connues ces quatre années. J’énumère cette comparaison en connaissance de cause car déjà depuis l’arrivée du président de la République à la magistrature suprême du pays, la question de l’handicap et notamment le sort des personnes handicapées connaissait déjà une évolution par rapport aux années précédentes.. Toujours est-il que l’éparpillement et le manque de convergence des actions de ces ministères ont donné lieu à la nécessité de coordonner les actions et programmes. D’où la création de cette agence qui a pour vocation de chapeauter tous ces programmes avec la perspective de mettre en œuvre la stratégie nationale en matière de handicap. Toutefois, mettre sur pied une agence n’est pas une mince affaire, et demande dans le fait l’existence d’un cadre juridique spécifiant les contours et missions de son mandat. C’est pourquoi il a été convenu de sensibiliser le gouvernement quant à l’élaboration des textes de lois stipulant le renforcement de la question de l’handicap dans notre pays. Chose faite ! Et un texte de loi consacré à ce sujet était à l’ordre du jour de la session plénière du parlement qui s’est tenue récemment. C’est dire combien l’évolution en crescendo qu’a connu la thématique de l’handicap.En outre, pour la seconde année consécutive, les personnes handicapées vont concourir pour le grand prix du chef de l’Etat. L’association des personnes handicapées à cette grande distinction du chef de l’Etat témoigne de l’importance qu’accorde le président de la République aux personnes en situation de handicap. Ces progrès n’auraient jamais pu voir le jour si le président de la République ne s’est donc pas donné pour mission de suivre de plus près les réalisations et avancées relatives à l’amélioration des conditions de vie des personnes handicapées.

Les difficultés existent et sont donc plus incisives pour cette tranche de la population. A bien des égards, les problématiques et difficultés auxquels ils nous arrivent de faire face, émanent d’emblée de la société. En effet, la mentalité selon laquelle les personnes handicapées ne peuvent pas se prendre en main, est malheureusement très répandue chez nous et trouve son ancrage dans nos structures sociales. Néanmoins, en observant attentivement, on constate ces derniers temps, qu’un changement de mentalité s’opère chez ses parents en question.Chaque année, l’ANPH lance une campagne pour mettre au cœur de l’actualité nationale la question de l’handicap.

Quels étaient les grands chantiers que vous avez mis en place  durant l’année écoulée pour le bien-être des personnes handicapées ?

L’idée de faire campagne chaque fin d’année est d’abord de rappeler à la population que les personnes à besoins spéciaux sont des personnes qui peuvent se prendre en main. De rappeler aussi que ces personnes ne sont ni plus ni moins que nos frères, sœurs, parents et font donc partie intégrante de la communauté Djiboutienne. De sensibiliser sur le fait que nos aspirations de réussite, de bonheur et de développement ne peuvent se concrétiser que si on vient en aide à nos plus démunis. C’est donc pour toutes ces raisons que réside l’intérêt de mener une campagne.

Pour ce qui est des chantiers auxquels l’agence a réalisé, je ne peux donc pas étaler ici point par point en raison de leur décuplement. Sur ce, il convient de mettre en lumière que les prestations que nous avons fournies aux personnes handicapées touchent presque tous les domaines.

L’ANPH a concentré tous ses efforts dans la mobilisation des ressources nécessaires à la mise en œuvre du Plan d’action 2022-2024 de la Stratégie Nationale du Handicap, aussi bien au niveau des ministères sectoriels, que des partenaires au développement.

Où en est-on du décret N°2020-294 portant  des dispositions particulières à l’emploi des personnes handicapées ?

Le décret est là et à notre disposition pour le faire appliquer. Et nous avons procédé à une campagne de sensibilisation auprès des grandes, moyennes et petites entreprises quant à son application. Or il y a une réalité qui fait que les personnes handicapées sont dans leur ensemble dépourvues des aptitudes et connaissances requises pour prétendre à leur professionnalisation.

Nous avons à cœur de mettre en place avec l’appui des bailleurs de fonds, et partenaires internationaux des centres de formations avec la perspective de répondre à cette équation. Ces centres de formations auront pour but de faire face et ainsi fournir une prestation spécifique à toutes sortes d’handicap. Il faut comprendre que personne n’est à l’abri d’un handicap, c’est pourquoi il est primordial de réfléchir comment une personne atteint d’un handicap puisse être formée et ainsi continuer à vivre pleinement sans perdre pied. C’est tout l’intérêt de ces centres auxquels nous tenons à bâtir.

Pouvez-vous nous présenter succinctement les chantiers et travaux que vous souhaitez  mettre en œuvre  les années à venir ?

Nous avons de grandes ambitions et les travaux et chantiers que nous voulons réaliser sont colossaux. Notre objectif est de « ne laisser personne de côté », de contribuer à atteindre ce projet commun pour tous les Djiboutiens. Je veux dire  par là de s’assurer à l’émergence des structures des proximités. De manière que les jeunes handicapés résidant par exemple dans les quartiers ou dans les régions de l’intérieur puissent trouver une école près de chez lui au lieu de l’emmener vers le centre de formations pour les jeunes handicapés. Nous aspirons à faire en sorte qu’aucun individu ne soit laissé pour compte à cause de son handicap. Nous avons de grandes chances de créer l’année prochaine, avec l’aide du gouvernement un fonds de soutien pour l’handicap. Ce fonds est destiné à la création d’emploi et ce en vue de financer des projets de microcrédits dans l’optique de créer des opportunités d’emploi et d’activités génératrices des revenus pour les personnes handicapées. Une partie de ce fonds sera investi dans le secteur immobilier et ce afin de lui assurer sa solvabilité. Et par conséquent garantir un accroissement en matière d’emploi pour les personnes handicapées. Comme vous le savez déjà, lors du symposium sur la santé, une attention particulière et une place de choix nous a été accordée dans les réflexions de ce colloque ainsi que les voies et moyens d’une meilleure prise en charge des personnes handicapées. C’est pour vous dire qu’aujourd’hui nous avons une place de premier ordre dans la feuille de route du gouvernement. Le mérite revient certainement au chef de l’Etat pour son implication constante à l’amélioration du sort des personnes handicapées.

Un dernier mot pour conclure ?

Je voudrais profiter de ce moment pour adresser  mes meilleurs vœux pour le quarante cinquième anniversaire  de l’indépendance de notre pays, au président de la République EL hadj Ismaïl Omar Guelleh et la première Dame Mme. Kadra Mahamoud Haid et  à l’ensemble de nos compatriotes.  Je ne voudrais surtout  pas manquer de souhaiter  un joyeux anniversaire aux responsables et l’ensemble du personnel de l’ANPH qui célèbre  leur quatrième année de la création de leur agence. On ne peut que se réjouir d’avoir un chef d’Etat conscient des difficultés auxquelles sont assujetties les personnes handicapées. Et si nous avons accomplis d’énormes progrès en quatre ans, c’est justement parce que comme vous le savez, cette agence est rattachée à la présidence. Les personnes handicapées ne peuvent que lui remercier pour son engagement et le souci constant qu’il a pour nous. Encore un joyeux anniversaire aux Djiboutien(nes) !

Propos recueillis par Sadik Ahmed